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| L'Illiade | |
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Auteur | Message |
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coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:39 | |
| Il parla ainsi, et, frappant de sa lance Peisandros à la poitrine, il le renversa dans la poussière, et, comme Hippolokhos sautait, il le tua à terre ; et, lui coupant les bras et le cou, il le fit rouler comme un tronc mort à travers la foule. Et il les abandonna pour se ruer sur les phalanges en désordre, suivi des Akhaiens aux belles knèmides. Et les piétons tuaient les piétons qui fuyaient, et les cavaliers tuaient les cavaliers. Et, sous leurs pieds, et sous les pieds sonores des chevaux, une grande poussière montait de la plaine dans l'air. Et le roi Agamemnôn allait, tuant toujours et excitant les Argiens.
Ainsi, quand la flamme désastreuse dévore une épaisse forêt, et quand le vent qui tourbillonne l'active de tous côtés, les arbres tombent sous l'impétuosité du feu. De même, sous l'Atréide Agamemnôn, tombaient les têtes des Troiens en fuite. Les chevaux entraînaient, effarés, la tête haute, les chars vides à travers les rangs, et regrettaient leurs conducteurs irréprochables qui gisaient contre terre, plus agréables aux oiseaux carnassiers qu'à leurs femmes.
Et Zeus conduisit Hektôr loin des lances, loin de la poussière, loin du carnage et du sang. Et l'Atréide, excitant les Danaens, poursuivait ardemment l'ennemi. Et les Troiens, auprès du tombeau de l'antique Dardanide Ilos, se précipitaient dans la plaine, désirant rentrer dans la ville. Et ils approchaient du figuier, et l'Atréide les poursuivait, baignant de leur sang ses mains rudes, et poussant des cris.
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Et, lorsqu'ils furent parvenus au hêtre et aux portes Skaies, ils s'arrêtèrent, s'attendant les uns les autres. Et la multitude fuyait dispersée à travers la plaine, comme un troupeau de vaches qu'un lion, brusquement survenu, épouvante au milieu de la nuit ; mais une seule d'entre elles meurt chaque fois. Le lion, l'ayant saisie de ses fortes dents, lui brise le cou, boit son sang et dévore ses entrailles. Ainsi l'Atréide Agamemnôn les poursuivait, tuant toujours le dernier ; et ils fuyaient. Un grand nombre d'entre eux tombait, la tête la première, ou se renversait du haut des chars sous les mains de l'Atréide dont la lance était furieuse. Mais, quand on fut parvenu à la ville et à ses hautes murailles, le père des hommes et des dieux descendit de l'Ouranos sur les sommets de l'Ida aux sources abondantes, avec la foudre aux mains, et il appela la messagère Iris aux ailes d'or :
– Va ! rapide Iris, et dis à Hektôr qu'il se tienne en repos et qu'il ordonne au reste de l'armée de combattre l'ennemi aussi longtemps qu'il verra le prince des peuples, Agamemnôn, se jeter furieux aux premiers rangs et rompre les lignes des guerriers. Mais, dès que l'Atréide, frappé d'un coup de lance ou blessé d'une flèche, remontera sur son char, je rendrai au Priamide la force de tuer ; et il tuera, étant parvenu aux nefs bien construites, jusqu'à ce que Hélios tombe et que la nuit sacrée s'élève.
Il parla ainsi, et la rapide Iris aux pieds prompts comme le vent lui obéit.
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Et elle descendit des sommets de l'Ida vers la sainte Ilios, et elle trouva le fils du belliqueux Priamos, le divin Hektôr, debout sur son char solide. Et Iris aux pieds rapides s'approcha et lui dit :
– Fils de Priamos, Hektôr, égal à Zeus en sagesse, le père Zeus m'envoie te dire ceci : Tiens-toi en repos, et ordonne au reste de l'armée de combattre l'ennemi, aussi longtemps que tu verras le prince des peuples, Agamemnôn, se jeter furieux aux premiers rangs des combattants et rompre les lignes des guerriers ; mais dès que l'Atréide, frappé d'un coup de lance ou blessé d'une flèche, remontera sur son char, Zeus te rendra la force de tuer, et tu tueras, étant parvenu aux nefs bien construites, jusqu'à ce que Hélios tombe et que la nuit sacrée s'élève.
Ayant ainsi parlé, Iris aux pieds rapides disparut. Et Hektôr, sautant du haut de son char, avec ses armes, et agitant ses lances aiguës, courut de tous côtés à travers l'armée, l'excitant au combat. Et les Troiens, se retournant, firent face aux Akhaiens. Et les Argiens s'arrêtèrent, serrant leurs phalanges pour soutenir le combat ; mais Agamemnôn se rua en avant, voulant combattre le premier.
Dites-moi maintenant, Muses qui habitez les demeures ouraniennes, celui des Troiens ou des illustres alliés qui s'avança le premier contre Agamemnôn. Ce fut Iphidamas Anténoride, grand et robuste, élevé dans la fertile Thrèkiè, nourrice de brebis.
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Et son aïeul maternel Kisseus, qui engendra Théanô aux belles joues, l'éleva tout enfant dans ses demeures ; et quand il eut atteint la glorieuse puberté, il le retint en lui donnant sa fille pour femme. Et quand le jeune guerrier apprit l'arrivée des Akhaiens, il quitta sa demeure nuptiale et vint avec douze nefs aux poupes recourbées qu'il laissa à Perkopè. Et il vint à pied jusque dans Ilios. Et ce fut lui qui s'avança contre Agamemnôn. Tous deux s'étant rencontrés, l'Atréide le manqua de sa lance qui se détourna du but. Et Iphidamas frappa au-dessous de la cuirasse, sur le ceinturon ; et il poussa sa lance avec vigueur, sans la quitter ; mais il ne perça point le ceinturon habilement fait, et la pointe de l'arme, rencontrant une lame d'argent, se tordit comme du plomb. Et Agamemnôn qui commande au loin, rapide comme un lion, saisit la lance, et, l'arrachant, frappa de son épée l'Anténoride au cou, et le tua. Ainsi ce malheureux, en secourant ses concitoyens, s'endormit d'un sommeil d'airain, loin de sa jeune femme dont il n'avait point vu le bonheur. Et il lui avait fait de nombreux présents, lui ayant d'abord donné cent bœufs, et lui ayant promis mille chèvres et brebis. Et voici que l'Atréide Agamemnôn le dépouilla, et rentra dans la foule des Akhaiens, emportant ses belles armes.
Et l'illustre guerrier Koôn, l'aîné des Anténorides, l'aperçut, et une amère douleur obscurcit ses yeux quand il vit son frère mort. En se cachant, il frappa le divin Agamemnôn d'un coup de lance au milieu du bras, sous le coude, et la pointe de l'arme brillante traversa le bras.
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Et le roi des hommes, Agamemnôn, frissonna ; mais, loin d'abandonner le combat, il se rua sur Koôn, armé de sa lance solide. Et celui-ci traînait par les pieds son frère Iphidamas, né du même père, et il appelait les plus braves à son aide. Mais, comme il l'entraînait, l'Atréide le frappa de sa lance d'airain sous son bouclier rond, et il le tua ; et il lui coupa la tête sur le corps même d'Iphidamas. Ainsi les deux fils d'Antènôr, sous la main du roi Atréide, accomplissant leurs destinées, descendirent aux demeures d'Aidès.
Et l'Atréide continua d'enfoncer les lignes des guerriers à coups de lance, d'épée ou de lourdes roches, aussi longtemps que le sang coula, chaud, de sa blessure ; mais dès que la plaie fut desséchée, que le sang s'arrêta, les douleurs aiguës domptèrent sa force, semblables à ces douleurs amères que les filles de Hèrè, les Éileithyes, envoient comme des traits acerbes à la femme qui enfante. Ainsi les douleurs aiguës domptèrent la force de l'Atréide. Il monta sur son char, ordonnant au conducteur des chevaux de les pousser vers les nefs creuses, car il défaillait dans son cœur. Et il dit aux Danaens, criant à haute voix pour être entendu :
– Ô amis, chefs et princes des Argiens, c'est à vous maintenant d'éloigner le combat désastreux des nefs qui traversent la mer, puisque le sage Zeus ne me permet pas de combattre les Troiens pendant toute la durée du jour.
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Il parla ainsi, et le conducteur du char fouetta les chevaux aux beaux crins du côté des nefs creuses, et ils couraient avec ardeur, le poitrail écumant, soulevant la poussière et entraînant leur roi blessé, loin du combat. Et dès que Hektôr s'aperçut de la retraite d'Agamemnôn, il excita à haute voix les Troiens et les Lykiens.
– Troiens, Lykiens et Dardaniens, hardis combattants, soyez des hommes ! Amis, souvenez-vous de votre courage intrépide. Ce guerrier si brave se retire, et Zeus Kronide veut me donner une grande gloire. Poussez droit vos chevaux aux durs sabots sur les robustes Danaens, afin de remporter une gloire sans égale.
Ayant ainsi parlé, il excita la force et le courage de chacun. De même qu'un chasseur excite les chiens aux blanches dents contre un sauvage sanglier ou contre un lion, de même le Priamide Hektôr, semblable au cruel Arès, excita les magnanimes Troiens contre les Akhaiens. Et lui-même, sûr de son courage, se rua des premiers dans la mêlée, semblable au tourbillon orageux qui tombe sur la haute mer et la bouleverse.
Et, maintenant, quel fut le premier, quel fut le dernier que tua le Priamide Hektôr, quand Zeus voulut le glorifier ? Assaios, d'abord, et Autonoos, et Opitès, et Dolops Klytide, et Opheltiôn, et Agélaos, et Aisymnos, Oros et le magnanime Hipponoos. Et il tua chacun de ces princes Danaens.
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Puis, il tomba sur la multitude, tel que Zéphyros qui agite les nuées, lorsqu'il flagelle les vapeurs tempêtueuses amassées par le Notos furieux, qu'il déroule les flots énormes, et, de ses souffles épars, disperse l'écume dans les hauteurs de l'air. De même, Hektôr fit tomber une foule de têtes guerrières.
Alors, c'eût été le jour d'un désastre fatal et de maux incurables, et les Argiens, dans leur fuite, eussent succombé auprès des nefs, si Odysseus n'eût exhorté le Tydéide Diomèdès :
– Tydéide, avons-nous oublié notre courage intrépide ? Viens auprès de moi, très cher ; car ce nous serait un grand opprobre si Hektôr au casque mouvant s'emparait des nefs.
Et le robuste Diomèdès lui répondit :
– Me voici, certes, prêt à combattre. Mais notre joie sera brève, puisque Zeus qui amasse les nuées veut donner la victoire aux Troiens.
Il parla ainsi, et il renversa Tymbraios de son char, l'ayant frappé de sa lance à la mamelle gauche. Et Odysseus tua Moliôn, le divin compagnon de Thymbraios. Et ils abandonnèrent les deux guerriers ainsi éloignés du combat, et ils se jetèrent dans la mêlée. Et comme deux sangliers audacieux qui reviennent sur les chiens chasseurs, ils contraignirent les Troiens de reculer, et les Akhaiens, en proie au divin Hektôr, respirèrent un moment.
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Et les deux rois prirent un char et deux guerriers très braves, fils du Perkosien Mérops, habile divinateur, qui avait défendu à ses fils de partir pour la guerre fatale. Mais ils ne lui obéirent pas, et les kères de la mort les entraînèrent. Et l'illustre Tydéide Diomèdès leur enleva l'âme et la vie, et les dépouilla de leurs belles armes, tandis qu'Odysseus tuait Hippodamos et Hypeirokhos. Alors, le Kroniôn, les regardant du haut de l'Ida, rétablit le combat, afin qu'ils se tuassent également des deux côtés.
Et le fils de Tydeus blessa de sa lance à la cuisse le héros Agastrophos Paionide. Et les chevaux du Paionide étaient trop éloignés pour l'aider à fuir ; et il gémissait dans son âme de ce que le conducteur du char l'eût retenu en arrière, tandis qu'il s'élançait à pied parmi les combattants, jusqu'à ce qu'il eût perdu la douce vie. Mais Hektôr, l'ayant vu aux premières lignes, se rua en poussant de grands cris, suivi des phalanges Troiennes. Et le hardi Diomèdès, à cette vue, frissonna et dit à Odysseus debout près de lui :
– C'est sur nous que le furieux Hektôr roule ce tourbillon sinistre ; mais restons inébranlables, et nous repousserons son attaque.
Il parla ainsi, et il lança sa longue pique qui ne se détourna pas du but, car le coup atteignit la tête du Priamide, au sommet du casque.
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La pointe d'airain ne pénétra point et fut repoussée, et le triple airain du casque que Phoibos Apollôn avait donné au Priamide le garantit ; mais il recula aussitôt, rentra dans la foule, et, tombant sur ses genoux, appuya contre terre sa main robuste, et la noire nuit couvrit ses yeux.
Et, pendant que Diomèdès, suivant de près le vol impétueux de sa lance, la relevait à l'endroit où elle était tombée, Hektôr, ranimé, monta sur son char, se perdit dans la foule et évita la noire mort. Et le robuste Diomèdès, le menaçant de sa lance, lui cria :
– Ô chien ! tu as de nouveau évité la mort qui a passé près de toi. Phoibos Apollôn t'a sauvé encore une fois, lui que tu supplies toujours au milieu du choc des lances. Mais, certes, je te tuerai si je te retrouve et qu'un des dieux me vienne en aide. Maintenant, je vais attaquer tous ceux que je pourrai saisir.
Et, parlant ainsi, il tua l'illustre Paionide.
Mais Alexandros, l'époux de Hélénè à la belle chevelure, appuyé contre la colonne du tombeau de l'antique guerrier Dardanide Ilos, tendit son arc contre le Tydéide Diomèdès, prince des peuples. Et, comme celui-ci arrachait la cuirasse brillante, le bouclier et le casque épais du robuste Agastrophos, Alexandros tendit l'arc de corne et perça d'une flèche certaine le pied droit de Diomèdès ; et, à travers le pied, la flèche s'enfonça en terre.
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Et Alexandros, riant aux éclats, sortit de son abri, et dit en se vantant :
– Te voilà blessé ! ma flèche n'a pas été vaine. Plût aux dieux qu'elle se fût enfoncée dans ton ventre et que je t'eusse tué ! Les Troiens, qui te redoutent, comme des chèvres en face d'un lion, respireraient plus à l'aise.
Et l'intrépide et robuste Diomèdès lui répondit :
– Misérable archer, aussi vain de tes cheveux que de ton arc, séducteur de vierges ! si tu combattais face à face contre moi, tes flèches te seraient d'un vain secours. Voici que tu te glorifies pour m'avoir percé le pied ! Je m'en soucie autant que si une femme ou un enfant m'avait atteint par imprudence. Le trait d'un lâche est aussi vil que lui. Mais celui que je touche seulement de ma lance expire aussitôt. Sa femme se déchire les joues, ses enfants sont orphelins, et il rougit la terre de son sang, et il se corrompt, et il y a autour de lui plus d'oiseaux carnassiers que de femmes en pleurs.
Il parla ainsi, et l'illustre Odysseus se plaça devant lui ; et, se baissant, il arracha la flèche de son pied ; mais aussitôt il ressentit dans tout le corps une amère douleur. Et, le cœur défaillant, il monta sur son char, ordonnant au conducteur de le ramener aux nefs creuses.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:40 | |
| Et l'illustre Odysseus, resté seul, car tous les Argiens s'étaient enfuis, gémit et se dit dans son cœur magnanime :
– Hélas ! que vais-je devenir ? Ce serait une grande honte que de reculer devant cette multitude ; mais ne serait-il pas plus cruel de mourir seul ici, puisque le Kroniôn a mis tous les Danaens en fuite ? Mais pourquoi délibérer dans mon cœur ? Je sais que les lâches seuls reculent dans la mêlée. Le brave, au contraire, combat de pied ferme, soit qu'il frappe, soit qu'il soit frappé.
Pendant qu'il délibérait ainsi dans son esprit et dans son cœur, les phalanges des Troiens porteurs de boucliers survinrent et enfermèrent de tous côtés leur fléau. De même que les chiens vigoureux et les jeunes chasseurs entourent un sanglier, dans l'épaisseur d'un bois, et que celui-ci leur fait tête en aiguisant ses blanches défenses dans ses mâchoires torses, et que tous l'environnent malgré ses défenses furieuses et son aspect horrible ; de même, les Troiens se pressaient autour d'Odysseus cher à Zeus. Mais le Laertiade blessa d'abord l'irréprochable Deiopis à l'épaule, de sa lance aiguë ; et il tua Thoôn et Ennomos. Et comme Khersidamas sautait de son char, il le perça sous le bouclier, au nombril ; et le Troien roula dans la poussière, saisissant la terre à pleines mains. Et le Laertiade les abandonna, et il blessa de sa lance Kharops Hippaside, frère de l'illustre Sôkos. Et Sôkos, semblable à un dieu, accourant au secours de son frère, s'approcha et lui dit :
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– Ô Odysseus, insatiable de ruses et de travaux, aujourd'hui tu triompheras des deux Hippasides, et, les ayant tués, tu enlèveras leurs armes, ou, frappé de ma lance, tu perdras la vie.
Ayant ainsi parlé, il frappa le bouclier arrondi, et la lance solide perça le bouclier étincelant, et, à travers la cuirasse habilement travaillée, déchira la peau au-dessus des poumons ; mais Athènè ne permit pas qu'elle pénétrât jusqu'aux entrailles. Et Odysseus, sentant que le coup n'était pas mortel, recula et dit à Sôkos :
– Malheureux ! voici que la mort accablante va te saisir. Tu me contrains de ne plus combattre les Troiens, mais je t'apporte aujourd'hui la noire mort ; et, dompté par ma lance, tu vas me combler de gloire et rendre ton âme à Aidès aux beaux chevaux.
Il parla ainsi, et, comme Sôkos fuyait, il le frappa de sa lance dans le dos, entre les épaules, et lui traversa la poitrine. Il tomba avec bruit, et le divin Odysseus s'écria en se glorifiant :
– Ô Sôkos, fils de l'habile cavalier Hippasos, la mort t'a devancé et tu n'as pu lui échapper. Ah ! malheureux ! ton père et ta mère vénérable ne fermeront point tes yeux, et les seuls oiseaux carnassiers agiteront autour de toi leurs lourdes ailes. Mais quand je serai mort, les divins Akhaiens célébreront mes funérailles.
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Ayant ainsi parlé, il arracha de son bouclier et de son corps la lance solide du brave Sôkos, et aussitôt son sang jaillit de la plaie, et son cœur se troubla. Et les magnanimes Troiens, voyant le sang d'Odysseus, se ruèrent en foule sur lui ; et il reculait, en appelant ses compagnons. Et il cria trois fois aussi haut que le peut un homme, et le brave Ménélaos l'entendit trois fois et dit aussitôt au Télamônien Aias :
– Divin Aias Télamônien, prince des peuples, j'entends la voix du patient Odysseus, semblable à celle d'un homme que les Troiens auraient enveloppé dans la mêlée. Allons à travers la foule. Il faut le secourir. Je crains qu'il ait été abandonné au milieu des Troiens, et que, malgré son courage, il périsse, laissant d'amers regrets aux Danaens.
Ayant ainsi parlé, il s'élança, et le divin Aias le suivit, et ils trouvèrent Odysseus au milieu des Troiens qui l'enveloppaient.
Ainsi des loups affamés, sur les montagnes, hurlent autour d'un vieux cerf qu'un chasseur a blessé d'une flèche. Il a fui, tant que son sang a été tiède et que ses genoux ont pu se mouvoir ; mais dès qu'il est tombé sous le coup de la flèche rapide, les loups carnassiers le déchirent sur les montagnes, au fond des bois. Et voici qu'un lion survient qui enlève la proie, tandis que les loups s'enfuient épouvantés. Ainsi les robustes Troiens se pressaient autour du subtil et prudent Odysseus qui, se ruant à coups de lance, éloignait sa dernière heure.
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Et Aias, portant un bouclier semblable à une tour, parut à son côté, et les Troiens prirent la fuite çà et là. Et le brave Ménélaos, saisissant Odysseus par la main, le retira de la mêlée, tandis qu'un serviteur faisait approcher le char.
Et Aias, bondissant au milieu des Troiens, tua Doryklos, bâtard de Priamos, et Pandokos, et Lysandros, et Pyrasos, et Pylartès. De même qu'un fleuve, gonflé par les pluies de Zeus, descend, comme un torrent, des montagnes dans la plaine, emportant un grand nombre de chênes déracinés et de pins, et roule ses limons dans la mer ; de même l'illustre Aias, se ruant dans la mêlée, tuait les hommes et les chevaux.
Hektôr ignorait ceci, car il combattait vers la gauche, sur les rives du fleuve Skamandros, là où les têtes des hommes tombaient en plus grand nombre, et où de grandes clameurs s'élevaient autour du cavalier Nestôr et du brave Idoméneus. Hektôr les assiégeait de sa lance et de ses chevaux, et rompait les phalanges des guerriers ; mais les divins Akhaiens n'eussent point reculé, si Alexandros, l'époux de la belle Hélénè, n'eût blessé à l'épaule droite, d'une flèche à trois pointes, le brave Makhaôn, prince des peuples. Alors les vigoureux Akhaiens craignirent, s'ils reculaient, d'exposer la vie de ce guerrier.
Et, aussitôt, Idoméneus dit au divin Nestôr :
– Ô Nestôr Nèlèiade, gloire des Akhaiens, hâte-toi, monte sur ton char avec Makhaôn, et pousse vers les nefs tes chevaux aux sabots massifs.
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Un médecin vaut plusieurs hommes, car il sait extraire les flèches et répandre les doux baumes dans les blessures.
Il parla ainsi, et le cavalier Gérennien Nestôr lui obéit. Et il monta sur son char avec Makhaôn, fils de l'irréprochable médecin Asklèpios. Et il flagellait les chevaux, et ceux-ci volaient ardemment vers les nefs creuses.
Cependant Kébrionès, assis auprès de Hektôr sur le même char, vit au loin le trouble des Troiens et dit au Priamide :
– Hektôr, tandis que nous combattons ici les Danaens, à l'extrémité de la mêlée, les autres Troiens fuient pêle-mêle avec leurs chars. C'est le Télamônien Aias qui les a rompus. Je le reconnais bien, car il porte un vaste bouclier sur ses épaules. C'est pourquoi il nous faut pousser nos chevaux et notre char de ce côté, là où les cavaliers et les piétons s'entretuent et où s'élève une immense clameur.
Il parla ainsi et frappa du fouet éclatant les chevaux aux belles crinières ; et, sous le fouet, ceux-ci entraînèrent rapidement le char entre les Troiens et les Akhaiens, écrasant les cadavres et les armes. Et les jantes et les moyeux des roues étaient aspergés du sang qui jaillissait sous les sabots des chevaux. Et le Priamide, plein du désir de pénétrer dans la mêlée et de rompre les phalanges, apportait le trouble et la mort aux Danaens, et il assiégeait leurs lignes ébranlées, en les attaquant à coups de lance, d'épée et de lourdes roches.
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Mais il évitait d'attaquer le Télamônien Aias.
Alors le père Zeus saisit Aias d'une crainte soudaine. Et celui-ci, étonné, s'arrêta. Et, rejetant sur son dos son bouclier aux sept peaux de bœuf, il recula, regardant toujours la foule. Semblable à une bête fauve, il reculait pas à pas, faisant face à l'ennemi. Comme un lion fauve que les chiens et les pâtres chassent loin de l'étable des bœufs, car ils veillaient avec vigilance, sans qu'il ait pu savourer les chairs grasses dont il était avide, bien qu'il se soit précipité avec fureur, et qui, accablé sous les torches et les traits que lui lancent des mains audacieuses, s'éloigne, au matin, plein de tristesse et frémissant de rage ; de même Aias reculait, le cœur troublé, devant les Troiens, craignant pour les nefs des Akhaiens.
De même un âne têtu entre dans un champ, malgré les efforts des enfants qui brisent leurs bâtons sur son dos. Il continue à paître la moisson, sans se soucier des faibles coups qui l'atteignent, et se retire à grand'peine quand il est rassasié. Ainsi les magnanimes Troiens et leurs alliés frappaient de leurs lances Aias, le grand fils de Télamôn. Ils frappaient son bouclier, et le poursuivaient ; mais Aias, reprenant parfois ses forces impétueuses, se retournait et repoussait les phalanges des cavaliers Troiens ; puis, il reculait de nouveau, les empêchant ainsi de se précipiter tous à la fois vers les nefs rapides. Or, il combattait seul dans l'intervalle qui séparait les Troiens et les Akhaiens.
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Et les traits hérissaient son grand bouclier, ou s'enfonçaient en terre sans se rassasier de sa chair blanche dont ils étaient avides.
Et l'illustre fils d'Évaimôn, Eurypylos, l'aperçut ainsi assiégé d'un nuage de traits. Et il accourut à ses côtés, et il lança sa pique éclatante. Et il perça le Phausiade Apisaôn, prince des peuples, dans le foie, sous le diaphragme, et il le tua. Et Eurypylos, s'élançant, lui arracha ses armes. Mais lorsque le divin Alexandros le vit emportant les armes d'Apisaôn, il tendit son arc contre lui et il le perça d'une flèche à la cuisse droite. Le roseau se brisa, la cuisse s'engourdit, et l'Évaimônide, rentrant dans la foule de ses compagnons, afin d'éviter la mort, cria d'une voix haute afin d'être entendu des Danaens :
– Ô amis, chefs et princes des Argiens, arrêtez et retournez-vous. Éloignez la dernière heure d'Aias qui est accablé de traits, et qui, je pense, ne sortira pas vivant de la mêlée terrible. Serrez-vous donc autour d'Aias, le grand fils de Télamôn.
Eurypylos, blessé, parla ainsi ; mais ses compagnons se pressèrent autour de lui, le bouclier incliné et la lance en arrêt. Et Aias, les ayant rejoints, fit avec eux face à l'ennemi. Et ils combattirent de nouveau, tels que des flammes ardentes.
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Mais les cavales du Nèlèide emportaient loin du combat, et couvertes d'écume, Nestôr, et Makhaôn, prince des peuples.
Et le divin Akhilleus aux pieds rapides les reconnut. Et, debout sur la poupe de sa vaste nef, il regardait le rude combat et la défaite lamentable. Et il appela son compagnon Patroklos. Celui-ci l'entendit et sortit de ses tentes, semblable à Arès. Et ce fut l'origine de son malheur. Et le brave fils de Ménoitios dit le premier :
– Pourquoi m'appelles-tu, Akhilleus ? Que veux-tu de moi ?
Et Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :
– Divin Ménoitiade, très cher à mon âme, j'espère maintenant que les Akhaiens ne tarderont pas à tomber suppliants à mes genoux, car une intolérable nécessité les assiège. Va donc, Patroklos cher à Zeus, et demande à Nestôr quel est le guerrier blessé qu'il ramène du combat. Il ressemble à l'Asklèpiade Makhaôn, mais je n'ai point vu son visage, et les chevaux l'ont emporté rapidement.
Il parla ainsi, et Patroklos obéit à son cher compagnon, et il s'élança vers les tentes et les nefs des Akhaiens.
Et quand Nestôr et Makhaôn furent arrivés aux tentes du Nèlèide, ils sautèrent du char sur la terre nourricière. Et le serviteur du vieillard, Eurymèdôn, détela les chevaux.
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Et les deux rois, ayant séché leur sueur au vent de la mer, entrèrent sous la tente et prirent des sièges, et Hékamèdè aux beaux cheveux leur prépara à boire. Et Nestôr l'avait amenée de Ténédos qu'Akhilleus venait de détruire ; et c'était la fille du magnanime Arsinoos, et les Akhaiens l'avaient donnée au Nèlèide parce qu'il les surpassait tous par sa prudence.
Elle posa devant eux une belle table aux pieds de métal azuré, et, sur cette table, un bassin d'airain poli avec des oignons pour exciter à boire, et du miel vierge et de la farine sacrée ; puis, une très-belle coupe enrichie de clous d'or, que le vieillard avait apportée de ses demeures. Et cette coupe avait quatre anses et deux fonds, et, sur chaque anse, deux colombes d'or semblaient manger. Tout autre l'eût soulevée avec peine quand elle était remplie, mais le vieux Nestôr la soulevait facilement.
Et la jeune femme, semblable aux déesses, prépara une boisson de vin de Pramneios, et sur ce vin elle râpa, avec de l'airain, du fromage de chèvre, qu'elle aspergea de blanche farine. Et, après ces préparatifs, elle invita les deux rois à boire ; et ceux-ci, ayant bu et étanché la soif brûlante, charmèrent leur repos en parlant tour à tour.
Et le divin Patroklos parut alors à l'entrée de la tente. Et le vieillard, l'ayant aperçu, se leva de son siège éclatant, le prit par la main et voulut le faire asseoir ; mais Patroklos recula et lui dit :
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– Je ne puis me reposer, divin vieillard, et tu ne me persuaderas pas. Il est terrible et irritable celui qui m'envoie te demander quel est le guerrier blessé que tu as ramené. Mais je le vois et je reconnais Makhaôn, prince des peuples. Maintenant je retournerai vers Akhilleus pour lui donner cette nouvelle, car tu sais, divin vieillard, combien il est impatient et prompt à accuser, même un innocent.
Et le cavalier Gérennien Nestôr lui répondit :
– Pourquoi Akhilleus a-t-il ainsi pitié des fils des Akhaiens que les traits ont percés ? Ignore-t-il donc le deuil qui enveloppe l'armée ? Déjà les plus braves gisent sur leurs nefs, frappés ou blessés. Le robuste Tydéide Diomèdès est blessé, et Odysseus illustre par sa lance, et Agamemnôn. Une flèche a percé la cuisse d'Eurypylos, et c'est aussi une flèche qui a frappé Makhaôn que je viens de ramener du combat. Mais le brave Akhilleus n'a ni souci ni pitié des Danaens. Attend-il que les nefs rapides soient en proie aux flammes, malgré les Argiens, et que ceux-ci périssent jusqu'au dernier ? Je n'ai plus la force qui animait autrefois mes membres agiles. Plût aux dieux que je fusse florissant de jeunesse et de vigueur, comme au temps où une dissension s'éleva entre nous et les Élidiens, à cause d'un enlèvement de bœufs, quand je tuai le robuste Hypeirokhide Itymoneus qui habitait Élis, et dont j'enlevai les bœufs par représailles. Et il les défendait, mais je le frappai d'un coup de lance, aux premiers rangs, et il tomba.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:40 | |
| Et ses tribus sauvages s'enfuirent en tumulte, et nous enlevâmes un grand butin : cinquante troupeaux de bœufs, autant de brebis, autant de porcs et autant de chèvres, cent cinquante cavales baies et leurs nombreux poulains. Et nous les conduisîmes, pendant la nuit, dans Pylos, la ville de Nèleus. Et Nèleus se réjouit dans son cœur, parce que j'avais fait toutes ces choses, ayant combattu pour la première fois. Et, au lever du jour, les hérauts convoquèrent ceux dont les troupeaux avaient été emmenés dans la fertile Élis ; et les chefs Pyliens, s'étant réunis, partagèrent le butin. Mais alors les Épéiens nous opprimaient, car nous étions peu nombreux et nous avions beaucoup souffert dans Pylos, depuis que Hèraklès nous avait accablés, il y avait quelques années, en tuant les premiers de la ville. Et nous étions douze fils irréprochables de Nèleus, et j'étais resté le dernier, car tous les autres avaient péri ; et c'est pourquoi les orgueilleux Épéiens cuirassés nous accablaient d'injustes outrages. Le vieillard Nèleus reçut en partage un troupeau de bœufs et un troupeau de brebis, trois cents têtes de bétail et leurs bergers, car la divine Élis lui avait beaucoup enlevé de richesses. Le roi des hommes, Augéias, avait retenu quatre de ses chevaux, avec leurs chars, qui se rendaient aux jeux, et il n'avait renvoyé que le conducteur plein de tristesse de cette perte. Et le vieux Nèleus en fut très irrité ; et c'est pourquoi il reçut une grande part du butin ; mais il distribua le reste au peuple par portions égales. Et comme nous partagions le butin, en faisant des sacrifices, les Épéiens survinrent, le troisième jour, en grand nombre, avec leurs chevaux aux sabots massifs, et les deux Molionides, jeunes encore, et inhabiles malgré leur force et leur courage.
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Or, Thryôessa s'élevait sur une hauteur, non loin de l'Alphéos, aux confins de la sablonneuse Pylos. Et l'ennemi l'assiégeait, désirant la détruire. Mais, comme ils traversaient les plaines, Athènè, pendant la nuit, descendit vers nous du haut de l'Olympos pour nous appeler aux armes ; et elle rassembla aisément les peuples dans Pylos. Et tous étaient pleins d'ardeur. Nèleus me défendit de m'armer, et il cacha mes chevaux, car il pensait que je n'étais pas assez fort pour combattre. Mais je partis à pied, et je m'illustrai au milieu des cavaliers, parce que Athènè me guidait au combat. Et tous, cavaliers et piétons Pyliens, nous attendîmes la divine Éôs auprès d'Arènè, là où le fleuve Minyéios tombe dans la mer. Vers midi, arrivés sur les bords sacrés de l'Alphéos, nous fîmes de grands sacrifices au puissant Zeus, offrant aussi un taureau à l'Alphéos, un autre taureau à Poseidaôn, et une génisse indomptée à Athènè aux yeux clairs. Puis, chacun de nous, ayant pris son repas dans les rangs, se coucha avec ses armes sur les rives du fleuve. Cependant les magnanimes Épéiens assiégeaient la ville, désirant la détruire ; et voici que les durs travaux d'Arès leur apparurent. Quand Hélios resplendit sur la terre, nous courûmes au combat, en suppliant Zeus et Athènè. Et dès que les Pyliens et les Épéiens se furent attaqués, le premier je tuai un guerrier et je me saisis de ses chevaux aux sabots massifs. Et c'était le brave Moulios, gendre d'Augéias, car il avait épousé sa fille, la blonde Agamèdè, qui connaissait toutes les plantes médicinales qui poussent sur la vaste terre.
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Et je le perçai de ma lance d'airain, comme il s'élançait, et il tomba dans la poussière ; et je sautai sur son char, et je combattis aux premiers rangs ; et les magnanimes Épéiens s'enfuirent épouvantés, quand ils virent tomber ce guerrier, chef des cavaliers, le plus brave d'entre eux. Et je me jetai sur eux, semblable à une noire tempête. Je m'emparai de cinquante chars, et je tuai de ma lance deux guerriers sur chaque char. Sans doute j'eusse tué aussi les deux jeunes Aktorides, si leur aïeul Poseidaôn qui commande au loin ne les eût enlevés de la mêlée, en les enveloppant d'une nuée épaisse. Alors Zeus accorda aux Pyliens une grande victoire. Nous poursuivîmes au loin l'ennemi à travers la plaine, tuant les hommes et enlevant de belles armes, et poussant nos chevaux jusqu'à Bouprasios féconde en fruits, jusqu'à la pierreuse Olènè et Alèsios qu'on nomme maintenant Kolônè. Et Athènè rappela l'armée, et je tuai encore un guerrier ; et les Akhaiens, quittant Bouprasios, ramenèrent leurs chevaux rapides vers Pylos. Et tous rendaient grâces parmi les dieux à Zeus, et parmi les guerriers à Nestôr. Tel je fus au milieu des braves ; mais Akhilleus n'use de sa force que pour lui seul, et je pense qu'il ressentira un jour d'amers regrets, quand toute l'armée Akhaienne aura péri. Ô ami, Ménoitios t'adressa de sages paroles quand, loin de la Phthiè, il t'envoya vers Agamemnôn. Nous étions là, le divin Odysseus et moi, et nous entendîmes facilement ce qu'il te dit dans ses demeures. Et nous étions venus vers les riches demeures de Pèleus, parcourant l'Akhaiè fertile, afin de rassembler les guerriers. Nous y trouvâmes le héros Ménoitios, et toi, et Akhilleus.
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Et le vieux cavalier Pèleus brûlait, dans ses cours intérieures, les cuisses grasses d'un bœuf en l'honneur de Zeus qui se réjouit de la foudre. Et il tenait une coupe d'or, et il répandait des libations de vin noir sur les feux sacrés, et vous prépariez les chairs du bœuf. Nous restions debout sous le vestibule ; mais Akhilleus, surpris, se leva, nous conduisit par la main, nous fit asseoir et posa devant nous la nourriture hospitalière qu'il est d'usage d'offrir aux étrangers. Et, après nous être rassasiés de boire et de manger, je commençai à parler, vous exhortant à nous suivre. Et vous y consentîtes volontiers, et les deux vieillards vous adressèrent de sages paroles. D'abord, le vieux Pèleus recommanda à Akhilleus de surpasser tous les autres guerriers en courage ; puis le fils d'Aktôr, Ménoitios, te dit : – Mon fils, Akhilleus t'est supérieur par la naissance, mais tu es plus âgé que lui. Ses forces sont plus grandes que les tiennes, mais parle-lui avec sagesse, avertis-le, guide-le, et il obéira aux excellents conseils.'
Le vieillard te donna ces instructions, mais tu les as oubliées. Parle donc au brave Akhilleus ; peut-être écoutera-t-il tes paroles. Qui sait si, grâces à un dieu, tu ne toucheras point son cœur ? Le conseil d'un ami est bon à suivre. Mais si, dans son esprit, il redoute quelque oracle ou un avertissement que lui a donné sa mère vénérable de la part de Zeus, qu'il t'envoie combattre au moins, et que l'armée des Myrmidones te suive ; et peut-être sauveras-tu les Danaens.
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S'il te confiait ses belles armes, peut-être les Troiens te prendraient-ils pour lui, et, s'enfuyant, laisseraient-ils respirer les fils accablés des Akhaiens ; et le repos est de courte durée à la guerre. Or, des troupes riches repousseraient aisément vers la ville, loin des nefs et des tentes, des hommes fatigués par le combat.
Il parla ainsi, et il remua le cœur de Patroklos, et celui-ci se hâta de retourner vers les nefs de l'Aiakide Akhilleus. Mais, lorsque, dans sa course, il fut arrivé aux nefs du divin Odysseus, là où étaient l'agora et le lieu de justice, et où l'on dressait les autels des dieux, il rencontra le magnanime Évaimônide Eurypylos qui revenait du combat, boitant et la cuisse percée d'une flèche. Et la sueur tombait de sa tête et de ses épaules, et un sang noir sortait de sa profonde blessure ; mais son cœur était toujours ferme. Et, en le voyant, le robuste fils de Ménoitios fut saisi de compassion, et il lui dit ces paroles ailées :
– Ah ! malheureux chefs et princes des Danaens, serez-vous donc, loin de vos amis, loin de la terre natale, la pâture des chiens qui se rassasieront de votre graisse blanche dans Ilios ? Mais dis-moi, divin héros Eurypylos, les Akhaiens soutiendront-ils l'effort du cruel Hektôr, ou périront-ils sous sa lance ?
Et le sage Eurypylos lui répondit :
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– Divin Patroklos, il n'y a plus de salut pour les Akhaiens, et ils périront devant les nefs noires. Les plus robustes et les plus braves gisent dans leurs nefs, frappés ou blessés par les mains des Troiens dont les forces augmentent toujours. Mais sauve-moi en me ramenant dans ma nef noire. Arrache cette flèche de ma cuisse, baigne d'une eau tiède la plaie et le sang qui en coule, et verse dans ma blessure ces doux et excellents baumes que tu tiens d'Akhilleus qui les a reçus de Kheirôn, le plus juste des centaures. Des deux médecins, Podaleirios et Makhaôn, l'un, je pense, est dans sa tente, blessé lui-même et manquant de médecins, et l'autre soutient dans la plaine le dur combat contre les Troiens.
Et le robuste fils de Ménoitios lui répondit :
– Héros Eurypylos, comment finiront ces choses, et que ferons-nous ? Je vais répéter à Akhilleus les paroles du cavalier Gérennien Nestôr, rempart des Akhaiens ; mais, cependant, je ne t'abandonnerai pas dans ta détresse.
Il parla ainsi, et, le soutenant contre sa poitrine, il conduisit le prince des peuples jusque dans sa tente. Et le serviteur d'Eurypylos, en le voyant, prépara un lit de peaux de bœuf ; et le héros s'y coucha ; et le Ménoitiade, à l'aide d'un couteau, retira de la cuisse le trait acerbe et aigu, lava le sang noir avec de l'eau tiède, et, de ses mains, exprima dans la plaie le suc d'une racine amère qui adoucissait et calmait. Et toutes les douleurs du héros disparurent, et la blessure se ferma, et le sang cessa de couler.
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Ainsi le robuste fils de Ménoitios prenait soin d'Eurypylos dans ses tentes. Et les Argiens et les Troiens combattaient avec fureur, et le fossé et la vaste muraille ne devaient pas longtemps protéger les Danaens. Quand ils l'avaient élevée pour sauvegarder les nefs rapides et le nombreux butin, ils n'avaient point offert de riches hécatombes aux dieux, et cette muraille, ayant été construite malgré les dieux, ne devait pas être de longue durée.
Tant que Hektôr fut vivant, et que le Pèléide garda sa colère, et que la ville du roi Priamos fut épargnée, le grand mur des Akhaiens subsista ; mais, après que les plus illustres des Troiens furent morts, et que, parmi les Argiens, les uns eurent péri et les autres survécu, et que la ville de Priamos eut été renversée dans la dixième année, les Argiens s'en retournèrent dans leur chère patrie.
Alors, Poseidaôn et Apollôn se décidèrent à détruire cette muraille, en réunissant la violence des fleuves qui coulent à la mer des sommets de l'Ida : le Rhèsos, le Heptaporos, le Karèsos, le Rhodios, le Grènikos, l'Aisépos, le divin Skamandros et le Simoïs, où tant de casques et de boucliers roulèrent dans la poussière avec la foule des guerriers demi-dieux. Et Phoibos Apollôn les réunit tous, et, pendant neuf jours, dirigea leurs courants contre cette muraille. Et Zeus pleuvait continuellement, afin que les débris fussent submergés plus tôt par la mer. Et Poseidaôn lui-même, le trident en main, fit s'écrouler, sous l'effort des eaux, les poutres et les pierres et les fondements que les Akhaiens avaient péniblement construits.
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Et il mit la muraille au niveau du rapide Hellespontos ; et, sur ces débris, les sables s'étant amoncelés comme auparavant sur le vaste rivage, le dieu fit retourner les fleuves dans les lits où ils avaient coutume de rouler leurs belles eaux.
Ainsi, dans l'avenir, devaient faire Poseidaôn et Apollôn. Mais, aujourd'hui, autour du mur solide, éclataient les clameurs de la guerre et le combat ; et les poutres des tours criaient sous les coups, et les Argiens, sous le fouet de Zeus, étaient acculés contre les nefs creuses, redoutant le robuste Hektôr, maître de la fuite. Et celui-ci combattait toujours, semblable à un tourbillon.
De même, quand un sanglier ou un lion, fier de sa vigueur, se retourne contre les chiens et les chasseurs, ceux-ci, se serrant, s'arrêtent en face et lui dardent un grand nombre de traits ; mais son cœur orgueilleux ne tremble ni ne s'épouvante, et son audace cause sa perte. Il tente souvent d'enfoncer les lignes des chasseurs, et là où il se rue, elles cèdent toujours. Ainsi, se ruant dans la mêlée, Hektôr exhortait ses compagnons à franchir le fossé ; mais ses chevaux rapides n'osaient eux-mêmes avancer, et, en hennissant, ils s'arrêtaient sur le bord, car le fossé creux les effrayait, ne pouvant être franchi ou traversé facilement. Des deux côtés se dressaient de hauts talus hérissés de pals aigus plantés par les fils des Akhaiens, épais, solides et tournés contre les guerriers ennemis.
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Des chevaux traînant un char léger n'auraient pu y pénétrer aisément ; mais les hommes de pied désiraient tenter l'escalade. Et alors Polydamas s'approcha du brave Hektôr et lui dit :
– Hektôr, et vous, chefs des Troiens et des alliés, nous poussons imprudemment à travers ce fossé nos chevaux rapides, car le passage en est difficile. Des pals aigus s'y dressent en effet, et derrière eux monte le mur des Akhaiens. On ne peut ici ni combattre sur les chars, ni en descendre. La voie est étroite, et je pense que nous y périrons. Puisse Zeus qui tonne dans les hauteurs accabler les Argiens de mille maux et venir en aide aux Troiens aussi sûrement que je voudrais voir à l'instant ceux-là périr tous, sans gloire, loin d'Argos. Mais, s'ils reviennent sur nous et nous repoussent des nefs, nous serons précipités dans le fossé creux ; et je ne pense pas qu'un seul d'entre nous, dans sa fuite, puisse regagner la ville. Écoutez donc et obéissez à mes paroles. Que les conducteurs retiennent les chevaux au bord de ce fossé, et nous, à pied, couverts de nos armes, nous suivrons tous Hektôr, et les Akhaiens ne résisteront pas, si, en effet, leur ruine est proche.
Polydamas parla ainsi, et ce sage conseil plut à Hektôr, et, aussitôt, il sauta de son char avec ses armes ; et, comme le divin Hektôr, les autres Troiens sautèrent aussi de leurs chars, et ils ordonnèrent aux conducteurs de ranger les chevaux sur le bord du fossé ; et, se divisant en cinq corps, ils suivirent leurs chefs.
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Avec Hektôr et l'irréprochable Polydamas marchaient les plus nombreux et les plus braves, ceux qui désiraient avec le plus d'ardeur enfoncer la muraille ; et leur troisième chef était Kébrionès, car Hektôr avait laissé à la garde du char un moins brave guerrier. Et le deuxième corps était commandé par Alkathoos, Pâris et Agènôr. Et le troisième corps obéissait à Hélénos et au divin Dèiphobos, deux fils de Priamos, et au héros Asios Hyrtakide que ses chevaux au poil roux et de haute taille avaient amené d'Arisba et des bords du Sellèis. Et le chef du quatrième corps était le noble fils d'Ankhisès, Ainéias ; et avec lui commandaient les deux Anténorides, Arkélokhos et Akamas, habiles au combat. Et Sarpèdôn, avec Glaukos et le magnanime Astéropaios, commandait les illustres alliés. Et ces guerriers étaient les plus courageux après Hektôr, car il les surpassait tous.
Et s'étant couverts de leurs boucliers de cuir, ils allèrent droit aux Danaens, ne pensant pas que ceux-ci pussent résister, et certains d'envahir les nefs noires. Ainsi les Troiens et leurs alliés venus de loin obéissaient au sage conseil de l'irréprochable Polydamas ; mais le Hyrtakide Asios, prince des hommes, ne voulut point abandonner ses chevaux et leur conducteur, et il s'élança avec eux vers les nefs rapides. Insensé ! Il ne devait point, ayant évité la noire kèr, fier de ses chevaux et de son char, revenir des nefs vers la haute Ilios ; et déjà la triste moire l'enveloppait de la lance de l'illustre Deukalide Idoméneus.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:41 | |
| Et il se rua sur la gauche des nefs, à l'endroit où les Akhaiens ramenaient dans le camp leurs chevaux et leurs chars. Il trouva les portes ouvertes, car ni les battants, ni les barrières n'étaient fermés, afin que les guerriers, dans leur fuite, pussent regagner les nefs. Plein d'orgueil, il poussa ses chevaux de ce côté, et ses compagnons le suivaient avec de perçantes clameurs, ne pensant pas que les Akhaiens pussent résister, et certains d'envahir les nefs noires.
Les insensés ! Ils rencontrèrent devant les portes deux braves guerriers, fils magnanimes des belliqueux Lapithes. Et l'un était le robuste Polypoitès, fils de Peirithoos, et l'autre, Léonteus, semblable au tueur Arès. Et tous deux, devant les hautes portes, ils se tenaient comme deux chênes, sur les montagnes, bravant les tempêtes et la pluie, affermis par leurs larges racines. Ainsi, certains de leurs forces et de leur courage, ils attendaient le choc du grand Asios et ne reculaient point.
Et, droit au mur bien construit, avec de grandes clameurs, se ruaient, le bouclier sur la tête, le prince Asios, Iamènès, Orestès, Adamas Asiade, Thoôn et Oinomaos. Et, par leurs cris, les deux Lapithes exhortaient les Akhaiens à venir défendre les nefs. Mais, voyant les Troiens escalader la muraille, les Danaens pleins de terreur poussaient de grands cris. Alors, les deux Lapithes, se jetant devant les portes, combattirent tels que deux sangliers sauvages qui, sur les montagnes, forcés par les chasseurs et les chiens, se retournent impétueusement et brisent les arbustes dont ils arrachent les racines.
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Et ils grincent des dents jusqu'à ce qu'un trait leur ait arraché la vie.
Ainsi l'airain éclatant résonnait sur la poitrine des deux guerriers frappés par les traits ; et ils combattaient courageusement, confiants dans leurs forces et dans leurs compagnons.
Et ceux-ci lançaient des pierres du haut des tours bien construites, pour se défendre, eux, leurs tentes et leurs nefs rapides. Et de même que la lourde neige, que la violence du vent qui agite les nuées noires verse, épaisse, sur la terre nourricière, de même les traits pleuvaient des mains des Akhaiens et des Troiens. Et les casques et les boucliers bombés sonnaient, heurtés par les pierres. Alors, gémissant et se frappant les cuisses, Asios Hyrtakide parla ainsi, indigné :
– Père Zeus ! certes, tu n'aimes qu'à mentir, car je ne pensais pas que les héros Akhaiens pussent soutenir notre vigueur et nos mains inévitables. Voici que, pareils aux guêpes au corsage mobile, ou aux abeilles qui bâtissent leurs ruches dans un sentier ardu, et qui n'abandonnent point leurs demeures creuses, mais défendent leur jeune famille contre les chasseurs, voici que ces deux guerriers, seuls devant les portes, ne reculent point, attendant d'être morts ou vainqueurs.
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Il parla ainsi, mais il ne fléchit point l'âme de Zeus qui, dans son cœur, voulait glorifier Hektôr.
Et d'autres aussi combattaient autour des portes ; mais, à qui n'est point dieu, il est difficile de tout raconter. Et çà et là, autour du mur, roulait un feu dévorant de pierres. Et les Argiens, en gémissant de cette nécessité, combattaient pour leurs nefs. Et tous les dieux étaient tristes qui soutenaient les Danaens dans les batailles.
Et, alors, le robuste fils de Peirithoos, Polypoitès, frappa Damasos de sa lance, sur le casque d'airain ; mais le casque ne résista point, et la pointe d'airain, rompant l'os, écrasa la cervelle, et l'homme furieux fut dompté. Et Polypoitès tua ensuite Pylôn et Ormènios. Et le fils d'Antimakhos, Léonteus, nourrisson d'Arès, de sa lance perça Hippomakhos à la ceinture, à travers le baudrier. Puis, ayant tiré l'épée aiguë hors de la gaine, et se ruant dans la foule, il frappa Antiphatès, et celui-ci tomba à la renverse. Puis, Léonteus entassa Ménôn, Iamènos et Orestès sur la terre nourricière.
Et tandis que les deux Lapithes enlevaient leurs armes splendides, derrière Polydamas et Hektôr accouraient de jeunes guerriers, nombreux et très braves, pleins du désir de rompre la muraille et de brûler les nefs. Mais ils hésitèrent au bord du fossé. En effet, comme ils allaient le franchir, ils virent un signe augural.
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Un aigle, volant dans les hautes nuées, apparut à leur gauche, et il portait entre ses serres un grand dragon sanglant, mais qui vivait et palpitait encore, et combattait toujours, et mordait l'aigle à la poitrine et au cou. Et celui-ci, vaincu par la douleur, le laissa choir au milieu de la foule, et s'envola dans le vent en poussant des cris. Et les Troiens frémirent d'horreur en face du dragon aux couleurs variées qui gisait au milieu d'eux, signe de Zeus tempétueux. Et alors Polydamas parla ainsi au brave Hektôr :
– Hektôr, toujours, dans l'agora, tu repousses et tu blâmes mes conseils prudents, car tu veux qu'aucun guerrier ne dise autrement que toi, dans l'agora ou dans le combat ; et il faut que nous ne servions qu'à augmenter ton pouvoir. Mais je parlerai cependant, car mes paroles seront bonnes. N'allons point assiéger les nefs Akhaiennes, car ceci arrivera, si un vrai signe est apparu aux Troiens, prêts à franchir le fossé, cet aigle qui, volant dans les hautes nuées, portait entre ses serres ce grand dragon sanglant, mais vivant encore, et qui l'a laissé choir avant de le livrer en pâture à ses petits dans son aire. C'est pourquoi, même si nous rompions de force les portes et les murailles des Akhaiens, même s'ils fuyaient, nous ne reviendrions point par les mêmes chemins et en bon ordre ; mais nous abandonnerions de nombreux Troiens que les Akhaiens auraient tués avec l'airain, en défendant leurs nefs. Ainsi doit parler tout augure savant dans les prodiges divins, et les peuples doivent lui obéir.
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Et Hektôr au casque mouvant, le regardant d'un œil sombre, lui dit :
– Polydamas, certes, tes paroles ne me plaisent point, et, sans doute, tu le sais, tes conseils auraient pu être meilleurs. Si tu as parlé sincèrement, c'est que les dieux t'ont ravi l'intelligence, puisque tu nous ordonnes d'oublier la volonté de Zeus qui tonne dans les hauteurs, et les promesses qu'il m'a faites et confirmées par un signe de sa tête. Tu veux que nous obéissions à des oiseaux qui étendent leurs ailes ! Je ne m'en inquiète point, je n'en ai nul souci, soit qu'ils volent à ma droite, vers Éôs ou Hélios, soit qu'ils volent à ma gauche, vers le sombre couchant. Nous n'obéirons qu'à la volonté du grand Zeus qui commande aux hommes mortels et aux immortels. Le meilleur des augures est de combattre pour sa patrie. Pourquoi crains-tu la guerre et le combat ? Même quand nous tomberions tous autour des nefs des Argiens, tu ne dois point craindre la mort, car ton cœur ne te pousse point à combattre courageusement. Mais si tu te retires de la mêlée, si tu pousses les guerriers à fuir, aussitôt, frappé de ma lance, tu rendras l'esprit.
Il parla ainsi et s'élança, et tous le suivirent avec une clameur immense. Et Zeus qui se réjouit de la foudre souleva, des cimes de l'Ida, un tourbillon de vent qui couvrit les nefs de poussière, amollit le courage des Akhaiens et assura la gloire à Hektôr et aux Troiens qui, confiants dans les signes de Zeus et dans leur vigueur, tentaient de rompre la grande muraille des Akhaiens.
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Et ils arrachaient les créneaux, et ils démolissaient les parapets, et ils ébranlaient avec des leviers les piles que les Akhaiens avaient posées d'abord en terre pour soutenir les tours. Et ils les arrachaient, espérant détruire la muraille des Akhaiens. Mais les Danaens ne reculaient point, et, couvrant les parapets de leurs boucliers de peaux de bœuf, ils en repoussaient les ennemis qui assiégeaient la muraille.
Et les deux Aias couraient çà et là sur les tours, ranimant le courage des Akhaiens. Tantôt par des paroles flatteuses, tantôt par de rudes paroles, ils excitaient ceux qu'ils voyaient se retirer du combat :
– Amis ! vous, les plus vaillants des Argiens, ou les moins braves, car tous les guerriers ne sont pas égaux dans la mêlée, c'est maintenant, vous le voyez, qu'il faut combattre, tous tant que vous êtes. Que nul ne se retire vers les nefs devant les menaces de l'ennemi. En avant ! Exhortez-vous les uns les autres. Peut-être que l'Olympien foudroyant Zeus nous donnera de repousser les Troiens jusque dans la ville.
Et c'est ainsi que d'une voix belliqueuse ils excitaient les Akhaiens.
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De même que, par un jour d'hiver, tombent les flocons amoncelés de la neige, quand le sage Zeus, manifestant ses traits, les répand sur les hommes mortels, et que les vents se taisent, tandis que la neige couvre les cimes des grandes montagnes, et les hauts promontoires, et les campagnes herbues, et les vastes travaux des laboureurs, et qu'elle tombe aussi sur les rivages de la mer écumeuse où les flots la fondent, pendant que la pluie de Zeus enveloppe tout le reste ; de même une grêle de pierres volait des Akhaiens aux Troiens et des Troiens aux Akhaiens, et un retentissement s'élevait tout autour de la muraille.
Mais ni les Troiens ni l'illustre Hektôr n'auraient alors rompu les portes de la muraille ni la longue barrière, si le sage Zeus n'eût poussé son fils Sarpèdôn contre les Argiens, comme un lion contre des bœufs aux cornes recourbées.
Et il tenait devant lui un bouclier d'une rondeur égale, beau, revêtu de lames d'airain que l'ouvrier avait appliquées sur d'épaisses peaux de bœuf, et entouré de longs cercles d'or. Et, tenant ce bouclier et agitant deux lances, Sarpèdôn s'avançait, comme un lion nourri sur les montagnes, qui, depuis longtemps affamé, est excité par son cœur audacieux à enlever les brebis jusque dans l'enclos profond, et qui, bien qu'elles soient gardées par les chiens et par les pasteurs armés de lances, ne recule point sans tenter le péril, mais d'un bond saisit sa proie, s'il n'est d'abord percé par un trait rapide. Ainsi le cœur du divin Sarpèdôn le poussait à enfoncer le rempart et à rompre les parapets.
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Et il dit à Glaukos, fils de Hippolokhos :
– Glaukos, pourquoi, dans la Lykiè, sommes-nous grandement honorés par les meilleures places, les viandes et les coupes pleines, et sommes-nous regardés comme des dieux ? Pourquoi cultivons-nous un grand domaine florissant, sur les rives du Xanthos, une terre plantée de vignes et de blé ? C'est afin que nous soyons debout, en tête des Lykiens, dans l'ardente bataille. C'est afin que chacun des Lykiens bien armés dise : Nos rois, qui gouvernent la Lykiè, ne sont pas sans gloire. S'ils mangent les grasses brebis, s'ils boivent le vin excellent et doux, ils sont pleins de courage et de vigueur, et ils combattent en tête des Lykiens.' Ô ami, si en évitant la guerre nous pouvions rester jeunes et immortels, je ne combattrais pas au premier rang et je ne t'enverrais pas à la bataille glorieuse ; mais mille chances de mort nous enveloppent, et il n'est point permis à l'homme vivant de les éviter ni de les fuir. Allons ! donnons une grande gloire à l'ennemi ou à nous.
Il parla ainsi, et Glaukos ne recula point et lui obéit. Et ils allaient, conduisant la foule des Lykiens. Et le fils de Pétéos, Ménèstheus, frémit en les voyant, car ils se ruaient à l'assaut de sa tour. Et il jeta les yeux sur la muraille des Akhaiens, cherchant quelque chef qui vînt défendre ses compagnons. Et il aperçut les deux Aias, insatiables de combats, et, auprès d'eux, Teukros qui sortait de sa tente.
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Mais ses clameurs ne pouvaient être entendues, tant était immense le retentissement qui montait dans l'Ouranos, fracas des boucliers heurtés, des casques aux crinières de chevaux, des portes assiégées et que les Troiens s'efforçaient de rompre. Et, alors, Ménèstheus envoya vers Aias le héraut Thoôs :
– Va ! divin Thoôs, appelle Aias, ou même les deux à la fois, ce qui serait bien mieux, car c'est de ce côté que la ruine nous menace. Voici que les chefs Lykiens se ruent sur nous, impétueux comme ils le sont toujours dans les rudes batailles. Mais si le combat retient ailleurs les deux Aias, amène au moins le robuste Télamônien et l'excellent archer Teukros.
Il parla ainsi, et Thoôs, l'ayant entendu, obéit, et, courant sur la muraille des Argiens cuirassés, s'arrêta devant les Aias et leur dit aussitôt.
– Aias, chefs des Argiens cuirassés, le fils bien-aimé du divin Pétéos vous demande d'accourir à son aide, tous deux si vous le pouvez, ce qui serait bien mieux, car c'est de ce côté que la ruine nous menace. Voici que les chefs Lykiens se ruent sur nous, impétueux comme ils le sont toujours dans les rudes batailles. Mais si le combat vous retient tous deux, que le robuste Aias Télamônien vienne au moins, et, avec lui, l'excellent archer Teukros.
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Il parla ainsi, et, sans tarder, le grand Télamônien dit aussitôt à l'Oiliade :
– Aias, toi et le brave Lykomèdès, inébranlables, excitez les Danaens au combat. Moi, j'irai à l'aide de Ménèstheus, et je reviendrai après l'avoir secouru.
Ayant ainsi parlé, le Télamônien Aias s'éloigna avec son frère Teukros né du même père que lui, et, avec eux, Pandiôn, qui portait l'arc de Teukros.
Et quand ils eurent atteint la tour du magnanime Ménèstheus, ils se placèrent derrière le mur à l'instant même du danger, car les illustres princes et chefs des Lykiens montaient à l'assaut de la muraille, semblables à un noir tourbillon. Et ils se rencontrèrent, et une horrible clameur s'éleva de leur choc.
Et Aias Télamônien, le premier, tua un compagnon de Sarpèdôn, le magnanime Épikleus. Et il le frappa d'un rude bloc de marbre qui gisait, énorme, en dedans du mur, au sommet du rempart, près des créneaux, et tel que, de ses deux mains, un jeune guerrier, de ceux qui vivent de nos jours, ne soulèverait point le pareil. Aias, de son bras tendu, l'enleva en l'air, brisa le casque aux quatre cônes et écrasa entièrement la tête du guerrier. Et celui-ci tomba du faîte de la tour, comme un plongeur, et son esprit abandonna ses ossements.
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| | | coco_the_killer
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| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:41 | |
| Et Teukros perça d'une flèche le bras nu du brave Glaukos, fils de Hippolokhos, à l'instant où celui-ci escaladait la haute muraille, et il l'éloigna du combat. Et Glaukos sauta du mur pour que nul des Akhaiens ne vît sa blessure et ne l'insultât.
Et Sarpèdôn, le voyant fuir, fut saisi de douleur ; mais, sans oublier de combattre, il frappa le Thestoride Alkmaôn de sa lance, et, la ramenant à lui, il entraîna l'homme la face contre terre, et les armes d'airain du Thestoride retentirent dans sa chute. Et Sarpèdôn saisit de ses mains vigoureuses un créneau du mur, et il l'arracha tout entier, et la muraille resta béante, livrant un chemin à la multitude.
Et Aias et Teukros firent face tous deux. Et Teukros frappa Sarpèdôn sur le baudrier splendide qui entourait la poitrine, mais Zeus détourna la flèche du corps de son fils, afin qu'il ne fût point tué devant les nefs. Et Aias, d'un bond, frappa le bouclier de Sarpèdôn, et la lance y pénétra, réprimant l'impétuosité du guerrier qui s'éloigna du mur, mais sans se retirer, car son cœur espérait la victoire. Et, se retournant, il exhorta ainsi les nobles Lykiens :
– Ô Lykiens, pourquoi laissez-vous de côté votre ardent courage ? Il m'est difficile, tout robuste que je suis, de renverser seul cette muraille et de frayer un chemin vers les nefs. Accourez donc. Toutes nos forces réunies réussiront mieux.
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Il parla ainsi, et, touchés de ses reproches, ils se précipitèrent autour de leur roi. Et les Argiens, de leur côté, derrière la muraille, renforçaient leurs phalanges, car une lourde tâche leur était réservée. Et les illustres Lykiens, ayant rompu la muraille, ne pouvaient cependant se frayer un chemin jusqu'aux nefs. Et les belliqueux Danaens, les ayant arrêtés, ne pouvaient non plus les repousser loin de la muraille.
De même que deux hommes, la mesure à la main, se querellent sur le partage d'un champ commun et se disputent la plus petite portion du terrain, de même, séparés par les créneaux, les combattants heurtaient de toutes parts les boucliers au grand orbe et les défenses plus légères. Et beaucoup étaient blessés par l'airain cruel ; et ceux qui, en fuyant, découvraient leur dos, étaient percés, même à travers les boucliers. Et les tours et les créneaux étaient inondés du sang des guerriers. Et les Troiens ne pouvaient mettre en fuite les Akhaiens, mais ils se contenaient les uns les autres. Telles sont les balances d'une ouvrière équitable. Elle tient les poids d'un côté et la laine de l'autre, et elle les pèse et les égalise, afin d'apporter à ses enfants un chétif salaire. Ainsi le combat restait égal entre les deux partis, jusqu'au moment où Zeus accorda une gloire éclatante au Priamide Hektôr qui, le premier, franchit le mur des Akhaiens. Et il cria d'une voix retentissante, afin d'être entendu des Troiens :
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– En avant, cavaliers Troiens ! Rompez la muraille des Argiens, et allumez de vos mains une immense flamme ardente.
Il parla ainsi, et tous l'entendirent, et ils se jetèrent sur la muraille, escaladant les créneaux et dardant les lances aiguës. Et Hektôr portait une pierre énorme, lourde, pointue, qui gisait devant les portes, telle que deux très robustes hommes de nos jours n'en pourraient soulever la pareille de terre, sur leur chariot. Mais, seul, il l'agitait facilement, car le fils du subtil Kronos la lui rendait légère. De même qu'un berger porte aisément dans sa main la toison d'un bélier, et en trouve le poids léger, de même Hektôr portait la pierre soulevée droit aux ais doubles qui défendaient les portes, hautes, solides et à deux battants. Deux poutres les fermaient en dedans, traversées par une cheville.
Et, s'approchant, il se dressa sur ses pieds et frappa la porte par le milieu, et le choc ne fut pas inutile. Il rompit les deux gonds, et la pierre enfonça le tout et tomba lourdement de l'autre côté. Et ni les poutres brisées, ni les battants en éclats ne résistèrent au choc de la pierre. Et l'illustre Hektôr sauta dans le camp, semblable à une nuit rapide, tandis que l'airain dont il était revêtu resplendissait. Et il brandissait deux lances dans ses mains, et nul, excepté un dieu, n'eût pu l'arrêter dans son élan.
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Et le feu luisait dans ses yeux. Et il commanda à la multitude des Troiens de franchir la muraille, et tous lui obéirent. Les uns escaladèrent la muraille, les autres enfoncèrent les portes, et les Danaens s'enfuirent jusqu'aux nefs creuses, et un immense tumulte s'éleva.
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Et dès que Zeus eut poussé Hektôr et les Troiens jusqu'aux nefs, les y laissant soutenir seuls le rude combat, il tourna ses yeux splendides sur la terre des cavaliers Thrèkiens, des Mysiens, qui combattent de près, et des illustres Hippomolgues qui se nourrissent de lait, pauvres, mais les plus justes des hommes. Et Zeus ne jetait plus ses yeux splendides sur Troiè, ne pensant point dans son esprit qu'aucun des immortels osât secourir ou les Troiens, ou les Danaens.
Mais celui qui ébranle la terre ne veillait pas en vain, et il regardait la guerre et le combat, assis sur le plus haut sommet de la Samothrèkè feuillue, d'où apparaissaient tout l'Ida et la ville de Priamos et les nefs des Akhaiens. Et là, assis hors de la mer, il prenait pitié des Akhaiens domptés par les Troiens, et s'irritait profondément contre Zeus. Et, aussitôt, il descendit du sommet escarpé, et les hautes montagnes et les forêts tremblaient sous les pieds immortels de Poseidaôn qui marchait. Et il fit trois pas, et, au quatrième, il atteignit le terme de sa course, Aigas, où, dans les gouffres de la mer, étaient ses illustres demeures d'or, éclatantes et incorruptibles.
Et là, il attacha au char ses chevaux rapides, dont les pieds étaient d'airain et les crinières d'or. Et il se revêtit d'or lui-même, saisit le fouet d'or habilement travaillé, et monta sur son char. Et il allait sur les eaux, et, de toutes parts, les cétacés, émergeant de l'abîme, bondissaient, joyeux, et reconnaissaient leur roi.
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Et la mer s'ouvrait avec allégresse, et les chevaux volaient rapidement sans que l'écume mouillât l'essieu d'airain. Et les chevaux agiles le portèrent jusqu'aux nefs.
Et il y avait un antre large dans les gouffres de la mer profonde, entre Ténédos et l'âpre Imbros. Là, Poseidaôn qui ébranle la terre arrêta ses chevaux, les délia du char, leur offrit la nourriture divine et leur mit aux pieds des entraves d'or solides et indissolubles, afin qu'ils attendissent en paix le retour de leur roi. Et il s'avança vers l'armée des Akhaiens.
Et les Troiens amoncelés, semblables à la flamme, tels qu'une tempête, pleins de frémissements et de clameurs, se précipitaient, furieux, derrière le Priamide Hektôr. Et ils espéraient se saisir des nefs des Akhaiens et y tuer tous les Akhaiens. Mais Poseidaôn qui entoure la terre et qui la secoue, sorti de la mer profonde, excitait les Argiens, ayant revêtu le corps de Kalkhas et pris sa voix infatigable. Et il parla ainsi aux deux Aias, pleins d'ardeur eux-mêmes :
– Aias ! Vous sauverez les hommes d'Akhaiè, si vous vous souvenez de votre courage et non de la fuite désastreuse. Ailleurs, je ne crains pas les efforts des Troiens qui ont franchi notre grande muraille, car les braves Akhaiens soutiendront l'attaque ; mais c'est ici, je pense, que nous aurons à subir de plus grands maux, devant Hektôr, plein de rage, semblable à la flamme, et qui se vante d'être le fils du très puissant Zeus. Puisse un des dieux vous inspirer de lui résister courageusement !
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Et vous, exhortez vos compagnons, afin de rejeter le Priamide, malgré son audace, loin des nefs rapides, même quand l'Olympien l'exciterait.
Celui qui entoure la terre et qui l'ébranle parla ainsi, et, les frappant de son sceptre, il les remplit de force et de courage et rendit légers leurs pieds et leurs mains. Et lui-même s'éloigna aussitôt, comme le rapide épervier, qui, s'élançant à tire-d'aile du faîte d'un rocher escarpé, poursuit dans la plaine un oiseau d'une autre race. Ainsi, Poseidaôn qui ébranle la terre s'éloigna d'eux. Et aussitôt le premier des deux, le rapide Aias Oilèiade, dit au Télamôniade :
– Aias, sans doute un des dieux Olympiens, ayant pris la forme du divinateur, vient de nous ordonner de combattre auprès des nefs. Car ce n'est point là le divinateur Kalkhas. J'ai facilement reconnu les pieds de celui qui s'éloigne. Les dieux sont aisés à reconnaître. Je sens mon cœur, dans ma poitrine, plein d'ardeur pour la guerre et le combat, et mes mains et mes pieds sont plus légers.
Et le Télamônien Aias lui répondit :
– Et moi aussi, je sens mes mains rudes frémir autour de ma lance, et ma force me secouer et mes pieds m'emporter en avant. Et voici que je suis prêt à lutter seul contre le Priamide Hektôr qui ne se lasse jamais de combattre.
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Et tandis qu'ils se parlaient ainsi, joyeux de l'ardeur guerrière que le dieu avait mise dans leurs cœurs, celui-ci, loin d'eux, encourageait les Akhaiens qui reposaient leur âme auprès des nefs rapides, car leurs membres étaient rompus de fatigue, et une amère douleur les saisissait à la vue des Troiens qui avaient franchi la grande muraille. Et des larmes coulaient de leurs paupières, et ils n'espéraient plus fuir leur ruine. Mais celui qui ébranle la terre ranima facilement leurs braves phalanges. Et il exhorta Teukros, Lèitos, Pénéléos, Thoas, Dèipyros, Mèrionès et Antilokhos, habiles au combat. Et il leur dit en paroles ailées :
– Ô honte ! jeunes guerriers Argiens, je me fiais en votre courage pour sauver nos nefs, mais, si vous suspendez le combat, voici que le jour est venu d'être domptés par les Troiens. Ô douleur ! je vois de mes yeux ce grand prodige terrible que je ne pensais point voir jamais, les Troiens sur nos nefs ! Eux qui, auparavant, étaient semblables aux cerfs fuyards, pâture des lynx, des léopards et des loups, errants par les forêts, sans force et inhabiles au combat ! Car les Troiens n'osaient, auparavant, braver en face la vigueur des Akhaiens ; et, maintenant, loin de la ville, ils combattent auprès des nefs creuses, grâce à la lâcheté du chef et à la négligence des hommes qui refusent de défendre les nefs rapides, et s'y laissent tuer. Mais, s'il est vrai que l'Atréide Agamemnôn qui règne au loin soit coupable d'avoir outragé le Pèléiôn aux pieds rapides, nous est-il permis pour cela d'abandonner le combat ?
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Réparons ce mal. Les esprits justes se guérissent aisément de l'erreur. Vous ne pouvez sans honte oublier votre courage, étant parmi les plus braves. Je ne m'inquiéterais point d'un lâche qui fuirait le combat, mais, contre vous, je m'indigne dans mon cœur. Ô pleins de mollesse, bientôt vous aurez causé par votre inaction un mal irréparable. Que la honte et mes reproches entrent dans vos âmes, car voici qu'un grand combat s'engage et que le brave Hektôr, ayant rompu nos portes et nos barrières, combat auprès des nefs.
Et, parlant ainsi, celui qui ébranle la terre excitait les Akhaiens. Et autour des deux Aias se pressaient de solides phalanges qu'auraient louées Arès et Athènè qui excite les guerriers. Et les plus braves attendaient les Troiens et le divin Hektôr, lance contre lance, bouclier contre bouclier, casque contre casque, homme contre homme. Et les crinières, sur les cônes splendides, se mêlaient, tant les rangs étaient épais ; et les lances s'agitaient entre les mains audacieuses, et tous marchaient, pleins du désir de combattre.
Mais sur eux se ruent une foule de Troiens, derrière Hektôr qui s'élançait. De même qu'une roche désastreuse qu'un torrent, gonflé par une immense pluie, roule, déracinée, de la cime d'un mont, et qui se précipite à travers tous les obstacles jusqu'à ce qu'elle arrive à la plaine où, bien qu'arrêtée dans sa course, elle remue encore ; de même Hektôr menaçait d'arriver jusqu'à la mer, aux tentes et aux nefs des Akhaiens ; mais il se heurta contre les masses épaisses d'hommes, contraint de s'arrêter.
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Et les fils des Akhaiens le repoussèrent en le frappant de leurs épées et de leurs lances aiguës. Alors, reculant, il s'écria d'une voix haute aux Troiens :
– Troiens, Lykiens et Dardaniens belliqueux, restez fermes. Les Akhaiens ne me résisteront pas longtemps, bien qu'ils se dressent maintenant comme une tour ; mais ils vont fuir devant ma lance, si le plus grand des dieux, l'époux tonnant de Hèrè, m'encourage.
Il parla ainsi, excitant la force et la vaillance de chacun. Et le Priamide Dèiphobos, plein de fierté, marchait d'un pied léger au milieu d'eux, couvert de son bouclier d'une rondeur égale. Et Mèrionès lança contre lui sa pique étincelante, qui, ne s'égarant point, frappa le bouclier d'une rondeur égale et fait de peau de taureau ; mais la longue lance y pénétra à peine et se brisa à son extrémité. Et Dèiphobos éloigna de sa poitrine le bouclier de peau de taureau, craignant la lance du brave Mèrionès ; mais ce héros rentra dans la foule de ses compagnons, indigné d'avoir manqué la victoire et rompu sa lance. Et il courut vers les nefs des Akhaiens, afin d'y chercher une longue pique qu'il avait laissée dans sa tente. Mais d'autres combattaient, et une immense clameur s'élevait de tous côtés.
Et Teukros Télamônien tua, le premier, le brave guerrier Imbrios, fils de Mentôr et riche en chevaux.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:41 | |
| Et, avant l'arrivée des fils des Akhaiens, il habitait Pèdaios, avec Mèdésikastè, fille illégitime de Priamos ; mais, après l'arrivée des nefs aux doubles avirons des Danaens, il vint à Ilios et s'illustra parmi les Troiens.
Et le fils de Télamôn, de sa longue lance, le perça sous l'oreille, et il tomba, comme un frêne qui, tranché par l'airain sur le sommet d'un mont élevé, couvre la terre de son feuillage délicat. Il tomba ainsi, et ses belles armes d'airain sonnèrent autour de lui. Et Teukros accourut pour le dépouiller ; mais Hektôr, comme il s'élançait, lança contre lui sa pique éclatante. Et le Télamônien la vit et l'évita, et la lance du Priamide frappa dans la poitrine Amphimakhos, fils de Ktéatos Aktorionide, qui s'avançait. Et sa chute retentit et ses armes sonnèrent sur lui. Et Hektôr s'élança pour dépouiller du casque bien adapté aux tempes le magnanime Amphimakhos. Mais Aias se rua sur lui, armé d'une pique étincelante ; et, comme Hektôr était entièrement enveloppé de l'airain effrayant, Aias frappa seulement le bouclier bombé et le repoussa violemment loin des deux cadavres que les Akhaiens entraînèrent.
Et Stikhios et le divin Ménèstheus, princes des Athènaiens, portèrent Amphimakhos dans les tentes des Akhaiens, et les Aias, avides du combat impétueux, se saisirent d'Imbrios. De même que deux lions, arrachant une chèvre aux dents aiguës des chiens, l'emportent à travers les taillis épais en la tenant loin de terre dans leurs mâchoires, de même les deux Aias enlevèrent Imbrios et le dépouillèrent de ses armes.
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Et Aias Oilèiade, furieux de la mort d'Amphimakhos, coupa la tête du Troien, et, la jetant comme une boule au travers de la multitude, l'envoya rouler dans la poussière, sous les pieds de Hektôr. Et alors, Poseidaôn, irrité de la mort de son petit-fils tué dans le combat, courut aux tentes des Akhaiens, afin d'exciter les Danaens et de préparer des calamités aux Troiens.
Et Idoméneus, illustre par sa lance, le rencontra. Et celui-ci quittait un de ses compagnons qui, dans le combat, avait été frappé au jarret par l'airain aigu et emporté par les siens. Et Idoméneus, l'ayant confié aux médecins, sortait de sa tente, plein du désir de retourner au combat. Et le roi qui ébranle la terre lui parla ainsi, ayant pris la figure et la voix de l'Andraimonide Thoas, qui, dans tout Pleurôn et la haute Kalydôn, commandait aux Aitôliens, et que ceux-ci honoraient comme un dieu :
– Idoméneus, prince des Krètois, où sont tes menaces et celles des Akhaiens aux Troiens ?
Et le prince des Krètois, Idoméneus, lui répondit :
– Ô Thoas, aucun guerrier n'est en faute, autant que j'en puis juger, car nous combattons tous ; aucun n'est retenu par la pâle crainte, aucun, par indolence, ne refuse le combat dangereux ; mais cela plaît sans doute au très puissant Zeus que les Akhaiens périssent ici, sans gloire et loin d'Argos.
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Thoas, toi qui, toujours plein d'ardeur guerrière, as coutume d'encourager les faibles, ne cesse pas dans ce moment, et ranime la vaillance de chaque guerrier.
Et Poseidaôn qui ébranle la terre lui répondit :
– Idoméneus, ne puisse-t-il jamais revenir de la terre Troienne, puisse-t-il être la proie des chiens, le guerrier qui, en ce jour, cessera volontairement de combattre ! Va ! et reviens avec tes armes. Il faut nous concerter. Peut-être serons-nous tous deux de quelque utilité. L'union des guerriers est utile, même celle des plus timides ; et nous saurons combattre les héros.
Ayant ainsi parlé, le dieu rentra dans la mêlée des hommes, et Idoméneus regagna ses tentes et revêtit ses belles armes. Il saisit deux lances et accourut, semblable au feu fulgurant que le Kroniôn, de sa main, précipite des cimes de l'Olympos enflammé, comme un signe rayonnant aux hommes vivants. Ainsi resplendissait l'airain sur la poitrine du roi qui accourait.
Et Mèrionès, son brave compagnon, le rencontra non loin de la tente. Et il venait chercher une lance d'airain. Et Idoméneus lui parla ainsi :
– Mèrionès aux pieds rapides, fils de Molos, le plus cher de mes compagnons, pourquoi quittes-tu la guerre et le combat ?
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Es-tu blessé, et la pointe du trait te tourmente-t-elle ? Viens-tu m'annoncer quelque chose ? Certes, pour moi, je n'ai pas le dessein de rester dans mes tentes, mais je désire le combat.
Et le sage Mèrionès lui répondit :
– Idoméneus, prince des Krètois cuirassés, je viens afin de prendre une lance, si, dans tes tentes, il en reste une ; car j'ai rompu la mienne sur le bouclier de l'orgueilleux Dèiphobos.
Et Idoméneus, prince des Krètois, lui répondit :
– Si tu veux des lances, tu en trouveras une, tu en trouveras vingt, appuyées étincelantes contre les parois de ma tente. Ce sont des lances Troiennes enlevées à ceux que j'ai tués, car je combats de près les guerriers ennemis ; et c'est pourquoi j'ai des lances, des boucliers bombés, des casques et des cuirasses éclatantes.
Et le sage Mèrionès lui répondit :
– Dans ma tente et dans ma nef noire abondent aussi les dépouilles Troiennes ; mais elles sont trop éloignées. Je ne pense pas aussi avoir jamais oublié mon courage. Je combats au premier rang, parmi les guerriers illustres, à l'heure où la mêlée retentit. Quelques-uns des Akhaiens cuirassés peuvent ne m'avoir point vu, mais toi, tu me connais.
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Et Idoméneus, prince des Krètois, lui répondit :
– Je sais quel est ton courage. Pourquoi me parler ainsi ? Si nous étions choisis parmi les plus braves pour une embuscade, car c'est là que le courage des guerriers éclate, là on distingue le brave du lâche, car celui-ci change à tout instant de couleur, et son cœur n'est point assez ferme pour attendre tranquillement en place ; et il remue sans cesse, tantôt sur un pied, tantôt sur l'autre ; et son cœur tremble dans sa poitrine par crainte de la mort, et ses dents claquent, tandis que le brave ne change point de couleur, et il ne redoute rien au premier rang des guerriers, dans l'embuscade, et il souhaite l'ardent combat ; certes, donc, aucun de nous ne blâmerait en cet instant ni ton courage ni ton bras ; et si tu étais blessé alors, ce ne serait point à l'épaule ou dans le dos que tu serais frappé d'un trait, mais en pleine poitrine ou dans le ventre, tandis que tu te précipiterais dans la mêlée des combattants. Va ! ne parlons plus, inactifs, comme des enfants, de peur que ceci nous soit reproché injurieusement. Va dans ma tente, et prends une lance solide.
Il parla ainsi, et Mèrionès, semblable au rapide Arès, saisit promptement dans la tente une lance d'airain, et il marcha avec Idoméneus, plein du désir de combattre. Ainsi marche le désastreux Arès avec la Terreur, sa fille bien-aimée, forte et indomptable, qui épouvante le plus brave. Ils descendent de la Thrèkè vers les Épirotes ou les magnanimes Phlègyens, et ils n'exaucent point les deux peuples à la fois, mais ils accordent la gloire à l'un ou à l'autre.
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Ainsi Mèrionès et Idoméneus, princes des hommes, marchaient, armés de l'airain splendide.
Et Mèrionès, le premier, parla ainsi :
– Deukalide, de quel côté veux-tu entrer dans la mêlée ? À droite, au centre, ou à gauche ? C'est là que les Akhaiens chevelus faiblissent.
Et Idoméneus, prince des Krètois, lui répondit :
– D'autres sont au centre qui défendent les nefs, les deux Aias et Teukros, le plus habile archer d'entre les Akhaiens, et brave aussi de pied ferme. Ils suffiront à repousser le Priamide Hektôr. Quelque brave qu'il soit, et quelle que soit son ardeur à combattre, il ne réussira pas à dompter leur courage et leurs mains invincibles et à brûler les nefs, à moins que le Kroniôn lui-même ne jette l'ardente foudre sur les nefs rapides. Jamais le grand Télamônien Aias ne le cédera à aucun homme né mortel et nourri des dons de Dèmètèr, vulnérable par l'airain ou par de lourds rochers. Il ne reculerait même pas devant l'impétueux Akhilleus, s'il ne peut cependant lutter contre lui en agilité. Allons vers la gauche de l'armée, et voyons promptement si nous remporterons une grande gloire, ou si nous la donnerons à l'ennemi.
Il parla ainsi, et Mèrionès, semblable au rapide Arès, s'élança du côté où Idoméneus ordonnait d'aller.
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Et dès que les Troiens eurent vu Idoméneus, semblable à la flamme par son courage, avec son compagnon brillant sous ses armes, s'exhortant les uns les autres, ils se jetèrent sur lui. Et le combat fut égal entre eux tous devant les poupes des nefs.
De même que les vents tempétueux, en un jour de sécheresse, soulèvent par les chemins de grands tourbillons de poussière, de même tous se ruèrent dans une mêlée furieuse afin de s'entretuer de l'airain aigu. Et la multitude des guerriers se hérissa de longues lances qui perçaient la chair des combattants. Et la splendeur de l'airain, des casques étincelants, des cuirasses polies et des boucliers, éblouissait les yeux. Et il eût été impitoyable celui qui, loin de s'attrister de ce combat, s'en fût réjoui.
Et les deux fils puissants de Kronos, dans leur volonté contraire, accablaient ainsi les héros de lourdes calamités. Zeus voulait donner la victoire à Hektôr et aux Troiens, afin d'honorer Akhilleus aux pieds rapides ; et il ne voulait pas détruire les tribus Akhaiennes devant Ilios, mais honorer Thétis et son fils magnanime. Et Poseidaôn, sorti en secret de la blanche mer, encourageait les Akhaiens, et il gémissait de les voir domptés par les Troiens, et il s'irritait contre Zeus. Et tous deux avaient la même origine et le même père, mais Zeus était le plus âgé et savait plus de choses. Et c'est pourquoi Poseidaôn ne secourait point ouvertement les Argiens, mais, sous la forme d'un guerrier, parcourait l'armée en les encourageant.
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Et tous deux avaient étendu également sur l'un et l'autre parti les chaînes du combat violent et de la guerre désastreuse, chaînes infrangibles, indissolubles, et qui rompaient les genoux d'un grand nombre de héros.
Et Idoméneus, bien qu'à demi blanc de vieillesse, exhortant les Danaens, bondit sur les Troiens qu'il fit reculer. Et il tua Othryoneus de Kabèsos qui, venu récemment, attiré par le bruit de la guerre, demandait Kassandrè, la plus belle des filles de Priamos. Et il n'offrait point de présents, mais il avait promis de repousser les fils des Akhaiens loin de Troiè. Et le vieillard Priamos avait juré de lui donner sa fille, et, sur cette promesse, il combattait bravement. Et, comme il s'avançait avec fierté, Idoméneus le frappa de sa lance étincelante, et la cuirasse d'airain ne résista point au coup qui pénétra au milieu du ventre. Et il tomba avec bruit, et Idoméneus s'écria en l'insultant :
– Othryoneus ! je te proclame le premier des hommes si tu tiens la parole donnée au Dardanide Priamos. Il t'a promis sa fille, et c'est nous qui accomplirons sa promesse. Et nous te donnerons la plus belle des filles d'Agamemnôn, venue d'Argos pour t'épouser, si tu veux avec nous détruire la ville bien peuplée d'Ilios. Mais suis-nous dans les nefs qui traversent la mer, afin de convenir de tes noces, car nous aussi, nous sommes d'excellents beaux-pères !
Et le héros Idoméneus parla ainsi, et il le traînait par un pied à travers la mêlée.
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Et, pour venger Othryoneus, Asios accourut, à pied devant son char, et ses chevaux, retenus par leur conducteur, soufflaient sur ses épaules. Et il désirait percer Idoméneus, mais celui-ci l'atteignit le premier, de sa lance, dans la gorge, sous le menton. Et la lance passa au travers du cou, et Asios tomba comme un chêne ou comme un peuplier, ou comme un pin élevé que des constructeurs de nefs, sur les montagnes, coupent de leurs haches récemment aiguisées. Ainsi le guerrier gisait étendu devant ses chevaux et son char, grinçant des dents et saisissant la poussière sanglante. Et le conducteur, éperdu, ne songeait pas à éviter l'ennemi en faisant retourner les chevaux. Et le brave Antilokhos le frappa de sa lance, et la cuirasse d'airain ne résista pas au coup qui pénétra au milieu du ventre. Et l'homme tomba, expirant, du char habilement fait, et le fils du magnanime Nestôr, Antilokhos, entraîna les chevaux du côté des Akhaiens aux belles knèmides.
Et Dèiphobos, triste de la mort d'Asios, s'approchant d'Idoméneus, lui lança sa pique étincelante. Mais Idoméneus, l'ayant aperçue, évita la pique d'airain en se couvrant de son bouclier d'une rondeur égale fait de peaux de bœuf et d'airain brillant, et qu'il portait à l'aide de deux manches. Et il en était entièrement couvert, et l'airain vola par-dessus, effleurant le bouclier qui résonna. Mais la lance ne s'échappa point en vain d'une main vigoureuse, et, frappant Hypsènôr Hippaside, prince des peuples, elle s'enfonça dans son foie et rompit ses genoux.
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Et Dèiphobos cria en se glorifiant :
– Asios ne mourra pas non vengé, et, en allant aux portes solides d'Aidès, il se réjouira dans son brave cœur, car je lui ai donné un compagnon.
Il parla ainsi, et ses paroles orgueilleuses emplirent les Argiens de douleur, et surtout le brave Antilokhos. Mais, bien qu'attristé, il n'oublia point son compagnon, et, courant tout autour, il le couvrit de son bouclier. Et deux autres compagnons bien-aimés de Hypsènôr, Mékisteus et le divin Alastôr, l'emportèrent en gémissant dans les nefs creuses.
Et Idoméneus ne laissait point reposer son courage, et il désirait toujours envelopper quelque Troien de la nuit noire, ou tomber lui-même en sauvant les Akhaiens de leur ruine. Alors périt le fils bien-aimé d'Aisyétas nourri par Zeus, le héros Alkathoos, gendre d'Ankhisès. Et il avait épousé Hippodaméia, l'aînée des filles d'Ankhisès, très chère, dans leur demeure, à son père et à sa mère vénérable. Et elle l'emportait sur toutes ses compagnes par la beauté, l'habileté aux travaux et la prudence et c'est pourquoi un grand chef l'avait épousée dans la large Troiè. Et Poseidaôn dompta Alkathoos par les mains d'Idoméneus. Et il éteignit ses yeux étincelants, et il enchaîna ses beaux membres, de façon à ce qu'il ne pût ni fuir ni se détourner, mais que, tout droit comme une colonne ou un arbre élevé, il reçût au milieu de la poitrine la lance du héros Idoméneus.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:42 | |
| Et sa cuirasse d'airain, qui éloignait de lui la mort, résonna, rompue par la lance. Et sa chute retentit, et la pointe d'airain, dans son cœur qui palpitait, remua jusqu'à ce que le rude Arès eût épuisé la force de la lance. Et Idoméneus cria d'une voix terrible en se glorifiant :
– Dèiphobos ! je pense que les choses sont au moins égales. En voici trois de tués pour un, et tu te vantais en vain. Malheureux ! ose m'attendre, et tu verras ce que vaut la race de Zeus. Zeus engendra Minôs, gardien de la Krètè, et Minôs engendra un fils, l'irréprochable Deukaliôn, et Deukaliôn m'engendra pour être le chef de nombreux guerriers dans la grande Krètè, et mes nefs m'ont amené ici pour ton malheur, celui de ton père et celui des Troiens.
Il parla ainsi, et Dèiphobos délibéra s'il irait chercher pour soutien quelque autre des Troiens magnanimes, ou s'il combattrait seul. Et il vit qu'il valait mieux aller vers Ainéias. Et il le trouva debout aux derniers rangs, car il était irrité contre le divin Priamos qui ne l'honorait pas, bien qu'il fût brave entre tous les guerriers. Et Dèiphobos, s'approchant, lui dit en paroles ailées :
– Ainéias, prince des Troiens, si la gloire te touche, viens protéger ton beau-frère. Suis-moi, allons vers Alkathoos qui, époux de ta sœur, a autrefois nourri ton enfance dans ses demeures. Idoméneus, illustre par sa lance, l'a tué.
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Il parla ainsi, et le cœur d'Ainéias fut ébranlé dans sa poitrine, et il marcha pour combattre Idoméneus. Mais celui-ci ne fut point saisi par la peur comme un enfant, et il attendit, de même qu'un sanglier des montagnes, certain de sa force, attend, dans un lieu désert, le tumulte des chasseurs qui s'approchent. Son dos se hérisse, ses yeux lancent du feu, et il aiguise ses défenses pour repousser aussitôt les chiens et les chasseurs. De même Idoméneus, illustre par sa lance, ne recula point devant Ainéias qui accourait au combat. Et il appela ses compagnons Askalaphos, Apharèos, Dèipyros, Mèrionès et Antilokhos. Et il leur dit en paroles ailées :
– Accourez, amis, car je suis seul, et je crains Ainéias aux pieds rapides qui vient sur moi. Il est très brave, et c'est un tueur d'hommes, et il est dans la fleur de la jeunesse, à l'âge où la force est la plus grande. Si nous étions du même âge, avec mon courage, une grande gloire nous serait donnée, à lui ou à moi.
Il parla ainsi, et tous, avec une même ardeur, ils l'entourèrent, le bouclier sur l'épaule. Et Ainéias, de son côté, appela aussi ses compagnons, Dèiphobos, Pâris et le divin Agènôr, comme lui princes des Troiens. Et leurs troupes les suivaient, telles que des troupeaux de brebis qui suivent le bélier hors du pâturage, pour aller boire. Et le berger se réjouit dans son âme. De même le cœur d'Ainéias fut joyeux dans sa poitrine, en voyant la foule des guerriers qui le suivaient.
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Et, autour d'Alkathoos, tous dardèrent leurs longues lances, et, sur les poitrines, l'horrible airain retentissait, tandis qu'ils se frappaient à l'envi. Et deux braves guerriers, Ainéias et Idoméneus semblable à Arès, désiraient surtout se percer de l'airain cruel. Et Ainéias, le premier, lança sa pique contre Idoméneus ; mais celui-ci, l'ayant aperçue, évita la pique d'airain qui s'enfonça en vibrant dans la terre, inutile, bien que partie d'une main vigoureuse.
Et Idoméneus frappa Oinomaos au milieu du ventre, et la cuirasse fut rompue, et l'airain s'enfonça dans les intestins, et le guerrier tomba en saisissant la terre avec les mains. Et Idoméneus arracha la lance du cadavre, mais il ne put dépouiller les épaules de leurs belles armes, car il était accablé par les traits. Et il n'avait plus les pieds vigoureux avec lesquels il s'élançait autrefois pour reprendre sa pique ou pour éviter celle de l'ennemi. Il éloignait encore de pied ferme son jour fatal, mais il ne pouvait plus fuir aisément.
Et Dèiphobos, comme il se retirait lentement, toujours irrité contre lui, voulut le frapper de sa lance étincelante ; mais il le manqua, et la lance perça Askalaphos, fils de Arès. Et la forte lance s'enfonça dans l'épaule, et le guerrier tomba, saisissant la terre avec ses mains.
Et le terrible Arès plein de clameurs ignorait que son fils fût tombé mort dans la mêlée violente.
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Et il était assis au sommet de l'Olympos, sous les nuées d'or, retenu par la volonté de Zeus, ainsi que les autres dieux immortels, loin du combat.
Et tous se ruèrent autour d'Askalaphos. Et comme Dèiphobos enlevait son casque brillant, Mèrionès, semblable au rapide Arès, bondit, et, de sa lance, perça le bras du Troien qui laissa échapper le casque sonore. Et Mèrionès bondit de nouveau comme un vautour, et arracha du bras blessé sa forte lance, et rentra dans les rangs de ses compagnons. Et Politès, frère de Dèiphobos, entourant celui-ci de ses bras, l'entraîna hors de la mêlée, derrière les rangs, où se tenaient ses chevaux rapides, et le char éclatant, et leur conducteur. Et ils le portèrent dans la ville, poussant des gémissements. Et le sang coulait de sa blessure fraîche. Et les autres combattaient toujours, et une immense clameur s'élevait.
Et Ainéias, se ruant sur Apharèos Kalètoride, le frappa à la gorge de sa lance aiguë ; et la tête s'inclina, et le bouclier tomba, et le casque aussi, et la mort fatale l'enveloppa.
Et Antilokhos, apercevant le dos de Thoôn, le frappa impétueusement, et il trancha la veine qui, courant le long du dos, arrive au cou. Le Troien tomba à la renverse sur la poussière, étendant les deux mains vers ses compagnons bien-aimés. Et Antilokhos accourut, et, regardant autour de lui, enleva ses belles armes de ses épaules.
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Et les Troiens, l'entourant aussitôt, accablaient de traits son beau et large bouclier ; mais ils ne purent déchirer avec l'airain cruel le corps délicat d'Antilokhos, car Poseidaôn qui ébranle la terre protégeait le Nestôride contre la multitude des traits. Et celui-ci ne s'éloignait point de l'ennemi, mais il tournait sur lui-même, agitant sans cesse sa lance et cherchant qui il pourrait frapper de loin, ou de près.
Et Adamas Asiade, l'ayant aperçu dans la mêlée, le frappa de l'airain aigu au milieu du bouclier ; mais Poseidaôn aux cheveux bleus refusa au Troien la vie d'Antilokhos, et la moitié du trait resta dans le bouclier comme un pieu à demi brûlé, et l'autre tomba sur la terre. Et comme Adamas fuyait la mort dans les rangs de ses compagnons, Mèrionès, le poursuivant, le perça entre les parties mâles et le nombril, là où une plaie est mortelle pour les hommes lamentables. C'est là qu'il enfonça sa lance, et Adamas tomba palpitant sous le coup, comme un taureau, dompté par la force des liens, que des bouviers ont mené sur les montagnes. Ainsi Adamas blessé palpita, mais peu de temps, car le héros Mèrionès arracha la lance de la plaie, et les ténèbres se répandirent sur les yeux du Troien.
Et Hélénos, de sa grande épée de Thrèkè, frappa Dèipyros à la tempe, et le casque roula sur la terre, et un des Akhaiens le ramassa sous les pieds des combattants. Et la nuit couvrit les yeux de Dèipyros.
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Et la douleur saisit le brave Atréide Ménélaos qui s'avança contre le prince Hélénos, en lançant sa longue pique. Et le Troien bandait son arc, et tous deux dardèrent à la fois, l'un sa lance aiguë, l'autre la flèche jaillissant du nerf. Et le Priamide frappa de sa flèche la cuirasse bombée, et le trait acerbe y rebondit. De même que, dans l'aire spacieuse, les fèves noires ou les pois, au souffle du vent et sous l'effort du vanneur, rejaillissent du large van, de même la flèche acerbe rebondit loin de la cuirasse de l'illustre Ménélaos.
Et le brave Atréide frappa la main qui tenait l'arc poli, et la lance aiguë attacha la main à l'arc, et Hélénos rentra dans la foule de ses compagnons, évitant la mort et traînant le frêne de la lance suspendu à sa main. Et le magnanime Agènôr arracha le trait de la blessure qu'il entoura d'une fronde en laine qu'un serviteur tenait à son côté.
Et Peisandros marcha contre l'illustre Ménélaos, et la moire fatale le conduisait au seuil de la mort, pour qu'il fût dompté par toi, Ménélaos, dans le rude combat. Quand ils se furent rencontrés, l'Atréide le manqua, et Peisandros frappa le bouclier de l'illustre Ménélaos ; mais il ne put traverser l'airain, et le large bouclier repoussa la pique dont la pointe se rompit. Et Peisandros se réjouissait dans son esprit, espérant la victoire, et l'illustre Atréide, ayant tiré l'épée aux clous d'argent, sauta sur lui ; mais le Troien saisit, sous le bouclier, la belle hache à deux tranchants, au manche d'olivier, faite d'un airain excellent, et ils combattirent.
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Peisandros frappa le cône du casque au sommet, près de la crinière, et lui-même fut atteint au front, au-dessus du nez. Et ses os crièrent, et ses yeux ensanglantés jaillirent à ses pieds, dans la poussière ; et il se renversa et tomba. Et Ménélaos, lui mettant le pied sur la poitrine, lui arracha ses armes et dit en se glorifiant :
– Vous laisserez ainsi les nefs des cavaliers Danaens, ô parjures, insatiables de la rude bataille ! Vous ne m'avez épargné ni un outrage, ni un opprobre, mauvais chiens, qui n'avez pas redouté la colère terrible de Zeus hospitalier qui tonne fortement et qui détruira votre haute citadelle ; car vous êtes venus sans cause, après avoir été reçus en amis, m'enlever, avec toutes mes richesses, la femme que j'avais épousée vierge. Et, maintenant, voici que vous tentez de jeter la flamme désastreuse sur nos nefs qui traversent la mer, et de tuer les héros Akhaiens ! Mais vous serez réprimés, bien que remplis de fureur guerrière. Ô père Zeus, on dit que tu surpasses en sagesse tous les hommes et tous les dieux, et c'est de toi que viennent ces choses ! N'es-tu pas favorable aux Troiens parjures, dont l'esprit est impie, et qui ne peuvent être rassasiés par la guerre désastreuse ? Certes, la satiété nous vient de tout, du sommeil, de l'amour, du chant et de la danse charmante, qui, cependant, nous plaisent plus que la guerre ; mais les Troiens sont insatiables de combats.
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Ayant ainsi parlé, l'irréprochable Ménélaos arracha les armes sanglantes du cadavre, et les remit à ses compagnons ; et il se mêla de nouveau à ceux qui combattaient en avant. Et le fils du roi Pylaiméneus, Harpaliôn, se jeta sur lui. Et il avait suivi son père bien-aimé à la guerre de Troiè, et il ne devait point retourner dans la terre de la patrie. De sa pique il frappa le milieu du bouclier de l'Atréide, mais l'airain ne put le traverser, et Harpaliôn, évitant la mort, se réfugia dans la foule de ses compagnons, regardant de tous côtés pour ne pas être frappé de l'airain. Et, comme il fuyait, Mèrionès lui lança une flèche d'airain, et il le perça à la cuisse droite, et la flèche pénétra, sous l'os, jusque dans la vessie. Et il tomba entre les bras de ses chers compagnons, rendant l'âme. Il gisait comme un ver sur la terre, et son sang noir coulait, baignant la terre. Et les magnanimes Paphlagones, s'empressant et gémissant, le déposèrent sur son char pour être conduit à la sainte Ilios ; et son père, répandant des larmes, allait avec eux, nul n'ayant vengé son fils mort.
Et Pâris, irrité dans son âme de cette mort, car Harpaliôn était son hôte entre les nombreux Paphlagones, lança une flèche d'airain. Et il y avait un guerrier Akhaien, Eukhènor, fils du divinateur Polyidos, riche et brave, et habitant Korinthos. Et il était monté sur sa nef, subissant sa destinée, car le bon Polyidos lui avait dit souvent qu'il mourrait, dans ses demeures, d'un mal cruel, ou que les Troiens le tueraient parmi les nefs des Akhaiens. Et il avait voulu éviter à la fois la lourde amende des Akhaiens, et la maladie cruelle qui l'aurait accablé de douleurs, mais Pâris le perça au-dessous de l'oreille, et l'âme s'envola de ses membres, et une horrible nuée l'enveloppa.
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Tandis qu'ils combattaient, pareils au feu ardent, Hektôr cher à Zeus ignorait qu'à la gauche des nefs ses peuples étaient défaits par les Argiens, tant celui qui ébranle la terre animait les Danaens et les pénétrait de sa force. Et le Priamide se tenait là où il avait franchi les portes et où il enfonçait les épaisses lignes des Danaens porteurs de boucliers. Là, les nefs d'Aias et de Prôtésilaos avaient été tirées sur le rivage de la blanche mer, et le mur y était peu élevé. Là aussi étaient les plus furieux combattants, et les chevaux, les Boiôtiens, les Iaônes aux longs vêtements, les Lokriens, les Phthiotes et les illustres Épéiens, qui soutenaient l'assaut autour des nefs et ne pouvaient repousser le divin Hektôr semblable à la flamme.
Et là étaient aussi les braves Athènaiens que conduisait Ménèstheus, fils de Pétéos, suivi de Pheidas, de Stikhios et du grand Bias. Et les chefs des Épéiens étaient Mégès Phyléide, Amphiôn et Drakios. Et les chefs des Phthiotes étaient Médôn et l'agile Ménéptolèmos. Médôn était fils bâtard du divin Oileus, et frère d'Aias, et il habitait Phylakè, loin de la terre de la patrie, ayant tué le frère de sa belle-mère Ériopis ; et Ménéptolèmos était fils d'Iphiklos Phylakide. Et ils combattaient tous deux en tête des Phthiotes magnanimes, parmi les Boiôtiens, pour défendre les nefs.
Et Aias, le fils agile d'Oileus, se tenait toujours auprès d'Aias Télamônien.
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Comme deux bœufs noirs traînent ensemble, d'un souffle égal, une lourde charrue dans une terre nouvelle, tandis que la sueur coule de la racine de leurs cornes, et que, liés à distance au même joug, ils vont dans le sillon, ouvrant du soc la terre profonde, de même les deux Aias allaient ensemble. Mais de nombreux et braves guerriers suivaient le Télamôniade et portaient son bouclier, quand la fatigue et la sueur rompaient ses genoux. Et les Lokriens ne suivaient pas le magnanime Oilèiade, car il ne leur plaisait pas de combattre en ligne. Ils n'avaient ni casques d'airain hérissés de crins de cheval, ni boucliers bombés, ni lances de frêne ; et ils étaient venus devant Troiè avec des arcs et des frondes de laine, et ils en accablaient et en rompaient sans cesse les phalanges Troiennes. Et les premiers combattaient, couverts de leurs belles armes, contre les Troiens et Hektôr armé d'airain, et les autres, cachés derrière ceux-là, lançaient sans cesse des flèches innombrables.
Alors, les Troiens se fussent enfuis misérablement, loin des tentes et des nefs, vers la sainte Ilios, si Polydamas n'eût dit au brave Hektôr :
– Hektôr, il est impossible que tu écoutes un conseil. Parce qu'un dieu t'a donné d'exceller dans la guerre, tu veux aussi l'emporter par la sagesse. Mais tu ne peux tout posséder. Les dieux accordent aux uns le courage, aux autres l'art de la danse, à l'autre la kithare et le chant. Le prévoyant Zeus mit un esprit sage en celui-ci, et les hommes en profitent, et il sauvegarde les cités, et il recueille pour lui-même le fruit de sa prudence.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:43 | |
| La couronne de la guerre éclate de toutes parts autour de toi, et les Troiens magnanimes qui ont franchi la muraille fuient avec leurs armes, ou combattent en petit nombre contre beaucoup, dispersés autour des nefs. Retourne, et appelle ici tous les chefs, afin que nous délibérions en conseil si nous devons nous ruer sur les nefs, en espérant qu'un dieu nous accorde la victoire, ou s'il nous faut reculer avant d'être entamés. Je crains que les Akhaiens ne vengent leur défaite d'hier, car il y a dans les nefs un homme insatiable de guerre, qui, je pense, ne s'abstiendra pas longtemps de combat.
Polydamas parla ainsi, et son conseil prudent persuada Hektôr, et il sauta de son char à terre avec ses armes, et il dit en paroles ailées :
– Polydamas, retiens ici tous les chefs. Moi, j'irai au milieu du combat et je reviendrai bientôt, les ayant convoqués.
Il parla ainsi, et se précipita, pareil à une montagne neigeuse, parmi les Troiens et les alliés, avec de hautes clameurs. Et, ayant entendu la voix de Hektôr, ils accouraient tous auprès du Panthoide Polydamas. Et le Priamide Hektôr allait, cherchant parmi les combattants, Dèiphobos et le roi Hélénos, et l'Asiade Adamas et le Hyrtakide Asios. Et il les trouva tous, ou blessés, ou morts, autour des nefs et des poupes des Akhaiens, ayant rendu l'âme sous les mains des Argiens.
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Et il vit, à la gauche de cette bataille meurtrière, le divin Alexandros, l'époux de Hélénè à la belle chevelure, animant ses compagnons au combat. Et, s'arrêtant devant lui, il lui dit ces paroles outrageantes :
– Misérable Pâris, doué d'une grande beauté, séducteur de femmes, où sont Dèiphobos, le roi Hélénos, et l'Asiade Adamas et le Hyrtakide Asios ? Où est Othryoneus ? Aujourd'hui la sainte Ilios croule de son faîte, et tu as évité seul cette ruine terrible.
Et le divin Alexandros lui répondit :
– Hektôr, tu te plais à m'accuser quand je ne suis point coupable. Parfois je me suis retiré du combat, mais ma mère ne m'a point enfanté lâche. Depuis que tu as excité la lutte de nos compagnons auprès des nefs, nous avons combattu sans cesse les Danaens. Ceux que tu demandes sont morts. Seuls, Dèiphobos et le roi Hélénos ont été tous deux blessés à la main par de longues lances ; mais le Kroniôn leur a épargné la mort. Conduis-nous donc où ton cœur et ton esprit t'ordonnent d'aller, et nous serons prompts à te suivre, et je ne pense pas que nous cessions le combat tant que nos forces le permettront. Il n'est permis à personne de combattre au-delà de ses forces.
Ayant ainsi parlé, le héros fléchit l'âme de son frère, et ils coururent là où la mêlée était la plus furieuse, là où étaient Kébrionès et l'irréprochable Polydamas, Phakès, Orthaios, le divin Polyphoitès, et Palmys, et Askanios et Moros, fils de Hippotiôn.
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Et ceux-ci avaient succédé depuis la veille aux autres guerriers de la fertile Askaniè, et déjà Zeus les poussait au combat.
Et tous allaient, semblables aux tourbillons de vent que le père Zeus envoie avec le tonnerre par les campagnes, et dont le bruit se mêle au retentissement des grandes eaux bouillonnantes et soulevées de la mer aux rumeurs sans nombre, qui se gonflent, blanches d'écume, et roulent les unes sur les autres.
Ainsi les Troiens se succédaient derrière leurs chefs éclatants d'airain. Et le Priamide Hektôr les menait, semblable au terrible Arès, et il portait devant lui son bouclier égal fait de peaux épaisses recouvertes d'airain. Et autour de ses tempes resplendissait son casque mouvant, et, sous son bouclier, il marchait contre les phalanges, cherchant à les enfoncer de tous côtés. Mais il n'ébranla point l'âme des Akhaiens dans leurs poitrines, et Aias, le premier, s'avança en le provoquant :
– Viens, malheureux ! Pourquoi tentes-tu d'effrayer les Argiens ? Nous ne sommes pas inhabiles au combat. C'est le fouet fatal de Zeus qui nous éprouve. Tu espères sans doute, dans ton esprit, détruire nos nefs, mais nos mains te repousseront, et bientôt ta ville bien peuplée sera prise et renversée par nous.
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Et je te le dis, le temps viendra où, fuyant, tu supplieras le père Zeus et les autres immortels pour que tes chevaux soient plus rapides que l'épervier, tandis qu'ils t'emporteront vers la ville à travers la poussière de la plaine.
Et, comme il parlait ainsi, un aigle vola à sa droite dans les hauteurs, et les Akhaiens se réjouirent de cet augure. Et l'illustre Hektôr lui répondit :
– Aias, orgueilleux et insensé, qu'as-tu dit ? Plût aux dieux que je fusse le fils de Zeus tempétueux, et que la vénérable Hèrè m'eût enfanté, aussi vrai que ce jour sera fatal aux Argiens, et que tu tomberas toi-même, si tu oses attendre ma longue lance qui déchirera ton corps délicat, et que tu rassasieras les chiens d'Ilios et les oiseaux carnassiers de ta graisse et de ta chair, auprès des nefs des Akhaiens !
Ayant ainsi parlé, il se rua en avant, et ses compagnons le suivirent avec une immense clameur que l'armée répéta par derrière. Et les Argiens, se souvenant de leur vigueur, répondirent par d'autres cris, et la clameur des deux peuples monta jusque dans l'aithèr, parmi les splendeurs de Zeus.
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Tout en buvant, Nestôr entendit la clameur des hommes, et il dit à l'Asklèpiade ces paroles ailées :
– Divin Makhaôn, que deviendront ces choses ? Voici que la clameur des jeunes hommes grandit autour des nefs. Reste ici, et bois ce vin qui réchauffe, tandis que Hékamèdè aux beaux cheveux fait tiédir l'eau qui lavera le sang de ta plaie. Moi, j'irai sur la hauteur voir ce qui en est.
Ayant ainsi parlé, il saisit dans sa tente le bouclier de son fils, le brave Thrasymèdès qui, lui-même, avait pris le bouclier éclatant d'airain de son père, et il saisit aussi une forte lance à pointe d'airain, et, sortant de la tente, il vit une chose lamentable : les Akhaiens bouleversés et les Troiens magnanimes les poursuivant, et le mur des Akhaiens renversé. De même, quand l'onde silencieuse de la grande mer devient toute noire, dans le pressentiment des vents impétueux, et reste immobile, ne sachant encore de quel côté ils souffleront ; de même, le vieillard, hésitant, ne savait s'il se mêlerait à la foule des cavaliers Danaens, ou s'il irait rejoindre Agamemnôn, le prince des peuples. Mais il jugea qu'il était plus utile de rejoindre l'Atréide.
Et Troiens et Danaens s'entre-tuaient dans la mêlée, et l'airain solide sonnait autour de leurs corps, tandis qu'ils se frappaient de leurs épées et de leurs lances à deux pointes.
Et Nestôr rencontra, venant des nefs, les rois divins que l'airain avait blessés, le Tydéide, et Odysseus, et l'Atréide Agamemnôn.
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Leurs nefs étaient éloignées du champ de bataille, ayant été tirées les premières sur le sable de la blanche mer ; car celles qui vinrent les premières s'avançaient jusque dans la plaine, et le mur protégeait leurs poupes. Tout large qu'il était, le rivage ne pouvait contenir toutes les nefs sans resserrer le camp ; et les Akhaiens les avaient rangées par files, dans la gorge du rivage, entre les deux promontoires.
Et les rois, l'âme attristée dans leur poitrine, venaient ensemble, appuyés sur leurs lances. Et leur esprit s'effraya quand ils virent le vieux Nestôr, et le roi Agamemnôn lui dit aussitôt :
– Ô Nestôr Nèlèiade, gloire des Akhaiens, pourquoi reviens-tu de ce combat fatal ? Je crains que le brave Hektôr n'accomplisse la menace qu'il a faite, dans l'agora des Troiens, de ne rentrer dans Ilios qu'après avoir brûlé les nefs et tué tous les Akhaiens. Il l'a dit et il le fait. Ah ! certes, les Akhaiens aux belles knèmides ont contre moi la même colère qu'Akhilleus, et ils ne veulent plus combattre autour des nefs.
Et le cavalier Gérennien Nestôr lui répondit :
– Certes, tu dis vrai, et Zeus qui tonne dans les hauteurs n'y peut rien lui-même. Le mur est renversé que nous nous flattions d'avoir élevé devant les nefs comme un rempart inaccessible.
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Et voici que les Troiens combattent maintenant au milieu des nefs, et nous ne saurions reconnaître, en regardant avec le plus d'attention, de quel côté les Akhaiens roulent bouleversés. Mais ils tombent partout, et leurs clameurs montent dans l'Ouranos. Pour nous, délibérons sur ces calamités, si toutefois une résolution peut être utile. Je ne vous engage point à retourner dans la mêlée, car un blessé ne peut combattre.
Et le roi des hommes, Agamemnôn, lui répondit :
– Nestôr, puisque le combat est au milieu des nefs, et que le mur et le fossé ont été inutiles qui ont coûté tant de travaux aux Danaens, et qui devaient, pensions-nous, être un rempart inaccessible, c'est qu'il plaît, sans doute, au très-puissant Zeus que les Akhaiens périssent tous, sans gloire, loin d'Argos. Je reconnaissais autrefois qu'il secourait les Danaens, mais je sais maintenant qu'il honore les Troiens comme des bienheureux, et qu'il enchaîne notre vigueur et nos mains. Allons, obéissez à mes paroles. Traînons à la mer les nefs qui en sont le plus rapprochées. Restons sur nos ancres jusqu'à la nuit ; et, si les Troiens cessent le combat, nous pourrons mettre à la mer divine le reste de nos nefs. Il n'y a nulle honte à fuir notre ruine entière à l'aide de la nuit, et mieux vaut fuir les maux que d'en être accablé.
Et le sage Odysseus, le regardant d'un œil sombre, lui dit :
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– Atréide, quelle parole mauvaise a passé à travers tes dents ? Tu devrais conduire une armée de lâches au lieu de nous commander, nous à qui Zeus a donné de poursuivre les guerres rudes, de la jeunesse à la vieillesse, et jusqu'à la mort. Ainsi, tu veux renoncer à la grande ville des Troiens pour laquelle nous avons souffert tant de maux ? Tais-toi. Que nul d'entre les Akhaiens n'entende cette parole que n'aurait dû prononcer aucun homme d'un esprit juste, un roi à qui obéissent des peuples aussi nombreux que ceux auxquels tu commandes parmi les Akhaiens. Moi, je condamne cette parole que tu as dite, cet ordre de traîner à la mer les nefs bien construites, loin des clameurs du combat. Ne serait-ce pas combler les désirs des Troiens déjà victorieux ? Comment les Akhaiens soutiendraient-ils le combat, pendant qu'ils traîneraient les nefs à la mer ? Ils ne songeraient qu'aux nefs et négligeraient le combat. Ton conseil nous serait fatal, prince des peuples !
Et le roi des hommes, Agamemnôn, lui répondit :
– Ô Odysseus, tes rudes paroles ont pénétré dans mon cœur. Je ne veux point que les fils des Akhaiens traînent à la mer, contre leur gré, les nefs bien construites. Maintenant, si quelqu'un a un meilleur conseil à donner, jeune ou vieux, qu'il parle, et sa parole me remplira de joie.
Et le brave Diomèdès parla ainsi au milieu d'eux :
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– Celui-là est près de vous, et nous ne chercherons pas longtemps, si vous voulez obéir. Et vous ne me blâmerez point de parler parce que je suis le plus jeune, car je suis né d'un père illustre et je descends d'une race glorieuse. Et mon père est Tydeus qui occupe un large sépulcre dans Thèbè. Portheus engendra trois fils irréprochables qui habitaient Pleurôn et la haute Kalydôn : Agrios, Mélas, et le troisième était le cavalier Oineus, le père de mon père, et le plus brave des trois. Et celui-ci demeura chez lui, mais mon père habita Argos. Ainsi le voulurent Zeus et les autres dieux. Et mon père épousa une des filles d'Adrestès, et il habitait une maison pleine d'abondance, car il possédait beaucoup de champs fertiles entourés de grands vergers. Et ses brebis étaient nombreuses, et il était illustre par sa lance entre tous les Akhaiens. Vous savez que je dis la vérité, que ma race n'est point vile, et vous ne mépriserez point mes paroles. Allons vers le champ de bataille, bien que blessés, loin des traits, afin que nous ne recevions pas blessure sur blessure ; mais animons et excitons les Akhaiens qui déjà se lassent et cessent de combattre courageusement.
Il parla ainsi, et ils l'écoutèrent volontiers et lui obéirent. Et le roi des hommes, Agamemnôn, les précédait. Et l'illustre qui ébranle la terre les vit et vint à eux sous la forme d'un vieillard. Il prit la main droite de l'Atréide Agamemnôn, et il lui dit :
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– Atréide, maintenant le cœur féroce d'Akhilleus se réjouit dans sa poitrine, en voyant la fuite et le carnage des Akhaiens. Il a perdu l'esprit. Qu'un dieu lui rende autant de honte ! Tous les dieux heureux ne sont point irrités contre toi. Les princes et les chefs des Troiens empliront encore la plaine de poussière, et tu les verras fuir vers leur ville, loin des nefs et des tentes.
Ayant ainsi parlé, il se précipita vers la plaine en poussant un grand cri, tel que celui que neuf ou dix mille hommes qui se ruent au combat pourraient pousser de leurs poitrines. Tel fut le cri du roi qui ébranle la terre. Et il versa la force dans le cœur des Akhaiens, avec le désir de guerroyer et de combattre.
Hèrè regardait, assise sur un trône d'or, au sommet de l'Olympos, et elle reconnut aussitôt son frère qui s'agitait dans la glorieuse bataille, et elle se réjouit dans son cœur. Et elle vit Zeus assis au faîte de l'Ida où naissent les sources, et il lui était odieux. Aussitôt, la vénérable Hèrè aux yeux de bœuf songea au moyen de tromper Zeus tempétueux, et ceci lui sembla meilleur d'aller le trouver sur l'Ida, pour exciter en lui le désir amoureux de sa beauté, afin qu'un doux et profond sommeil fermât ses paupières et obscurcît ses pensées.
Et elle entra dans la chambre nuptiale que son fils bien-aimé Hèphaistos avait faite. Et il avait adapté aux portes solides un verrou secret, et aucun des dieux n'aurait pu les ouvrir.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:43 | |
| Elle entra et ferma les portes resplendissantes. Et, d'abord, elle lava son beau corps avec de l'ambroisie ; puis elle se parfuma d'une huile divine dont l'arôme se répandit dans la demeure de Zeus, sur la terre et dans l'Ouranos. Et son beau corps étant parfumé, elle peigna sa chevelure et tressa de ses mains ses cheveux éclatants, beaux et divins, qui flottaient de sa tête immortelle. Et elle revêtit une khlamyde divine qu'Athènè avait faite elle-même et ornée de mille merveilles, et elle la fixa sur sa poitrine avec des agrafes d'or. Et elle mit une ceinture à cent franges, et à ses oreilles bien percées des pendants travaillés avec soin et ornés de trois pierres précieuses. Et la grâce l'enveloppait tout entière. Ensuite, la déesse mit un beau voile blanc comme Hélios, et, à ses beaux pieds, de belles sandales. S'étant ainsi parée, elle sortit de sa chambre nuptiale, et, appelant Aphroditè loin des autres dieux, elle lui dit :
– M'accorderas-tu, chère fille, ce que je vais te demander, ou me refuseras-tu, irritée de ce que je protège les Danaens, et toi les Troiens ?
Et la fille de Zeus, Aphroditè, lui répondit :
– Vénérable Hèrè, fille du grand Kronos, dis ce que tu désires. Mon cœur m'ordonne de te satisfaire, si je le puis, et si c'est possible.
Et la vénérable Hèrè qui médite des ruses lui répondit :
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– Donne-moi l'amour et le désir à l'aide desquels tu domptes les dieux immortels et les hommes mortels. Je vais voir, aux limites de la terre, Okéanos, origine des dieux, et la maternelle Téthys, qui m'ont élevée et nourrie dans leurs demeures, m'ayant reçue de Rhéiè, quand Zeus au large regard jeta Kronos sous la terre et sous la mer stérile. Je vais les voir, afin d'apaiser leurs dissensions amères. Déjà, depuis longtemps, ils ne partagent plus le même lit, parce que la colère est entrée dans leur cœur. Si je puis les persuader par mes paroles, et si je les rends au même lit, pour qu'ils puissent s'unir d'amour, ils m'appelleront leur bien-aimée et vénérable.
Et Aphroditè qui aime les sourires lui répondit :
– Il n'est point permis de te rien refuser, à toi qui couches dans les bras du grand Zeus.
Elle parla ainsi, et elle détacha de son sein la ceinture aux couleurs variées où résident toutes les voluptés, et l'amour, et le désir, et l'entretien amoureux, et l'éloquence persuasive qui trouble l'esprit des sages. Et elle mit cette ceinture entre les mains de Hèrè, et elle lui dit :
– Reçois cette ceinture aux couleurs variées, où résident toutes les voluptés, et mets-la sur ton sein, et tu ne reviendras pas sans avoir fait ce que tu désires.
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Elle parla ainsi, et la vénérable Hèrè aux yeux de bœuf rit, et, en riant, elle mit la ceinture sur son sein. Et Aphroditè, la fille de Zeus, rentra dans sa demeure, et Hèrè, joyeuse, quitta le faîte de l'Olympos. Puis, traversant la Pièriè et la riante Émathiè, elle gagna les montagnes neigeuses des Thrèkiens, et ses pieds ne touchaient point la terre. Et, de l'Athos, elle descendit vers la mer agitée et parvint à Lemnos, la ville du divin Thoas, où elle rencontra Hypnos, frère de Thanatos. Elle lui prit la main et lui dit ces paroles :
– Hypnos, roi de tous les dieux et de tous les hommes, si jamais tu m'as écoutée, obéis-moi aujourd'hui, et je ne cesserai de te rendre grâces. Endors, sous leurs paupières, les yeux splendides de Zeus, dès que je serai couchée dans ses bras, et je te donnerai un beau trône incorruptible, tout en or, qu'a fait mon fils Hèphaistos qui boite des deux pieds ; et il y joindra un escabeau sur lequel tu appuieras tes beaux pieds pendant le repas.
Et le doux Hypnos, lui répondant, parla ainsi :
– Hèrè, vénérable déesse, fille du grand Kronos, j'assoupirai aisément tout autre des dieux éternels, et même le fleuve Okéanos, cette source de toutes choses ; mais je n'approcherai point du Kroniôn Zeus et je ne l'endormirai point, à moins qu'il me l'ordonne. Déjà il m'a averti, grâce à toi, le jour où son fils magnanime naviguait loin d'Ilios, de la cité dévastée des Troiens.
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Et j'enveloppai doucement les membres de Zeus tempêtueux, tandis que tu méditais des calamités, et que, répandant sur la mer le souffle des vents furieux, tu poussais Hèraklès vers Koôs bien peuplée, loin de tous ses amis. Et Zeus, s'éveillant indigné, dispersa tous les dieux par l'Ouranos ; et il me cherchait pour me précipiter du haut de l'aithèr dans la mer, si Nyx qui dompte les dieux et les hommes, et que je suppliais en fuyant, ne m'eût sauvé. Et Zeus, bien que très irrité, s'apaisa, craignant de déplaire à la rapide Nyx. Et maintenant tu m'ordonnes de courir le même danger !
Il parla ainsi, et la vénérable Hèrè aux yeux de bœuf lui répondit :
– Hypnos, pourquoi t'inquiéter ainsi ? Penses-tu que Zeus au large regard s'irrite pour les Troiens autant que pour son fils Hèraklès ? Viens, et je te donnerai pour épouse une des plus jeunes Kharites, Pasithéiè, que tu désires sans cesse.
Elle parla ainsi, et Hypnos, plein de joie, lui répondit :
– Jure, par l'eau de Styx, un inviolable serment ; touche d'une main la terre et de l'autre la mer marbrée, et qu'ils soient témoins, les dieux souterrains qui vivent autour de Kronos, que tu me donneras Pasithéiè que je désire sans cesse.
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Il parla ainsi, et la déesse Hèrè aux bras blancs jura aussitôt comme il le désirait, et elle nomma tous les dieux sous-tartaréens qu'on nomme Titans. Et, après ce serment, ils quittèrent tous deux Lemnos et Imbros, couverts d'une nuée et faisant rapidement leur chemin. Et, laissant la mer à Lektos, ils parvinrent à l'Ida qui abonde en bêtes fauves et en sources, et sous leurs pieds se mouvait la cime des bois. Là, Hypnos resta en arrière, de peur que Zeus le vît, et il monta dans un grand pin né sur l'Ida, et qui s'élevait jusque dans l'aithèr. Et il se blottit dans les épais rameaux du pin, semblable à l'oiseau bruyant que les hommes appellent Khalkis et les dieux Kymindis.
Hèrè gravit rapidement le haut Gargaros, au faîte de l'Ida. Et Zeus qui amasse les nuées la vit, et aussitôt le désir s'empara de lui, comme autrefois, quand ils partagèrent le même lit, loin de leurs parents bien-aimés. Il s'approcha et lui dit :
– Hèrè, pourquoi as-tu quitté l'Olympos ? Tu n'as ni tes chevaux, ni ton char.
Et la vénérable Hèrè qui médite des ruses lui répondit :
– Je vais voir, aux limites de la terre, Okéanos, origine des dieux, et la maternelle Téthys, qui m'ont élevée et nourrie dans leurs demeures. Je vais les voir, afin d'apaiser leurs dissensions amères. Déjà, depuis longtemps, ils ne partagent plus le même lit, parce que la colère est entrée dans leur cœur.
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Mes chevaux, qui me portent sur la terre et sur la mer, sont aux pieds de l'Ida aux nombreuses sources, et c'est à cause de toi que j'ai quitté l'Olympos, craignant ta colère, si j'allais, en te le cachant, dans la demeure du profond Okéanos.
Et Zeus qui amasse les nuées lui dit :
– Hèrè, attends et tu partiras ensuite, mais couchons-nous pleins d'amour. Jamais le désir d'une déesse ou d'une femme n'a dompté ainsi tout mon cœur. Jamais je n'ai tant aimé, ni l'épouse d'Ixiôn, qui enfanta Peirithoos semblable à un dieu par la sagesse, ni la fille d'Akrisiôn, la belle Danaè, qui enfanta Perseus, le plus illustre de tous les hommes, ni la fille du magnanime Phoinix, qui enfanta Minôs et Rhadamanthès, ni Sémélè qui enfanta Diônysos, la joie des hommes, ni Alkmènè qui enfanta aussi dans Thèbè mon robuste fils Hèraklès, ni la reine Dèmètèr aux beaux cheveux, ni l'illustre Lètô, ni toi-même ; car je n'ai jamais ressenti pour toi tant de désir et tant d'amour.
Et la vénérable Hèrè pleine de ruses lui répondit :
– Très-redoutable Kronide, qu'as-tu dit ? Tu désires que nous nous unissions d'amour, maintenant, sur le faîte de l'Ida ouvert à tous les regards ! Si quelqu'un des dieux qui vivent toujours nous voyait couchés et en avertissait tous les autres ! Je n'oserais plus rentrer dans tes demeures, en sortant de ton lit, car ce serait honteux.
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Mais, si tels sont ton désir et ta volonté, la chambre nuptiale que ton fils Hèphaistos a faite a des portes solides. C'est là que nous irons dormir, puisqu'il te plaît que nous partagions le même lit.
Et Zeus qui amasse les nuées lui répondit :
– Ne crains pas qu'aucun dieu te voie, ni aucun homme. Je t'envelopperai d'une nuée d'or, telle que Hélios lui-même ne la pénétrerait pas, bien que rien n'échappe à sa lumière.
Et le fils de Kronos prit l'Épouse dans ses bras. Et sous eux la terre divine enfanta une herbe nouvelle, le lotos brillant de rosée, et le safran, et l'hyacinthe épaisse et molle, qui les soulevaient de terre. Et ils s'endormirent, et une belle nuée d'or les enveloppait, et d'étincelantes rosées en tombaient.
Ainsi dormait, tranquille, le père Zeus sur le haut Gargaros, dompté par le sommeil et par l'amour, en tenant l'Épouse dans ses bras. Et le doux Hypnos courut aux nefs des Akhaiens en porter la nouvelle à celui qui ébranle la terre, et il lui dit en paroles ailées :
– Hâte-toi, Poseidaôn, de venir en aide aux Akhaiens, et donne-leur la victoire au moins quelques instants, pendant que Zeus dort, car je l'ai assoupi mollement, et Hèrè l'a séduit par l'amour, afin qu'il s'endormît.
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Il parla ainsi et retourna vers les illustres tribus des hommes ; mais il excita plus encore Poseidaôn à secourir les Danaens, et Poseidaôn, s'élançant aux premiers rangs, s'écria :
– Argiens ! laisserons-nous de nouveau la victoire au Priamide Hektôr, afin qu'il prenne les nefs et se glorifie ? Il triomphe, parce que Akhilleus reste, le cœur irrité, dans ses nefs creuses ; mais nous n'aurons plus un si grand regret d'Akhilleus, si nous savons nous défendre les uns les autres. Allons ! obéissez-moi tous. Couverts de nos meilleurs et de nos plus grands boucliers, les casques éclatants en tête et les longues piques en main, allons ! Et je vous conduirai, et je ne pense pas que le Priamide Hektôr nous attende, bien qu'il soit plein d'audace. Que les plus braves cèdent leurs boucliers légers, s'ils en ont de tels, aux guerriers plus faibles, et qu'ils s'abritent sous de plus grands !
Il parla ainsi, et chacun obéit. Et les rois eux-mêmes, quoique blessés, rangèrent les lignes. Le Tydéide, Odysseus et l'Atréide Agamemnôn, parcourant les rangs, échangeaient les armes, donnant les plus fortes aux plus robustes, et les plus faibles aux moins vigoureux. Et tous s'avancèrent, revêtus de l'airain éclatant, et celui qui ébranle la terre les précédait, tenant dans sa forte main une longue et terrible épée, semblable à l'éclair, telle qu'on ne peut l'affronter dans la mêlée lamentable, et qui pénètre les hommes de terreur.
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Et l'illustre Hektôr, de son côté, rangeait les Troiens en bataille. Et tous deux préparaient une lutte horrible, Poseidaôn à la chevelure bleue et l'illustre Hektôr, celui-ci secourant les Troiens et celui-là les Akhaiens. Et la mer inondait la plage jusqu'aux tentes et aux nefs, et les deux peuples se heurtaient avec une grande clameur ; mais ni l'eau de la mer qui roule sur le rivage, poussée par le souffle furieux de Boréas, ni le crépitement d'un vaste incendie qui brûle une forêt, dans les gorges des montagnes, ni le vent qui rugit dans les grands chênes, ne sont aussi terribles que n'était immense la clameur des Akhaiens et des Troiens, se ruant les uns sur les autres.
Et, le premier, l'illustre Hektôr lança sa pique contre Aias qui s'était retourné sur lui, et il ne le manqua pas, car la pique frappa la poitrine là où les deux baudriers se croisent, celui du bouclier et celui de l'épée aux clous d'argent ; et ils préservèrent la chair délicate. Hektôr fut affligé qu'un trait rapide se fût vainement échappé de sa main ; et, fuyant la mort, il se retira dans la foule de ses compagnons. Mais, comme il se retirait, le grand Télamônien Aias saisit une des roches qui retenaient les câbles des nefs, et qui se rencontraient sous les pieds des combattants, et il en frappa Hektôr dans la poitrine, au-dessus du bouclier, près du cou, après l'avoir soulevée et l'avoir fait tourbillonner. De même qu'un chêne tombe, déraciné par l'éclair du grand Zeus, et que l'odeur du soufre s'en exhale, et que chacun s'en épouvante, tant est terrible la foudre du grand Zeus ; de même la force de Hektôr tomba dans la poussière.
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Et sa pique échappa de sa main, et son casque tomba, et son bouclier aussi, et toutes ses armes d'airain résonnèrent.
Et les fils des Akhaiens accoururent avec de grands cris, espérant l'entraîner, et ils lancèrent d'innombrables traits ; mais aucun ne put blesser le prince des peuples, car les plus braves le protégèrent aussitôt : Polydamas, Ainéias, et le divin Agènôr, et Sarpèdôn, le chef des Lykiens, et l'irréprochable Glaukos. Aucun ne négligea de le secourir, et tous tenaient devant lui leurs boucliers bombés. Et ses compagnons l'emportèrent dans leurs bras, loin de la mêlée, jusqu'à l'endroit où se tenaient ses chevaux rapides, et son char, et leur conducteur. Et ils l'emportèrent vers la ville, poussant des gémissements. Et quand ils furent parvenus au gué du Xanthos tourbillonnant qu'engendra l'immortel Zeus, ils le déposèrent du char sur la terre, et ils le baignèrent, et, revenant à lui, il ouvrit les yeux. Mais, tombant à genoux, il vomit un sang noir, et, de nouveau, il se renversa contre terre, et une nuit noire l'enveloppa, tant le coup d'Aias l'avait dompté.
Les Argiens, voyant qu'on enlevait Hektôr, se ruèrent avec plus d'ardeur sur les Troiens et ne songèrent qu'à combattre. Le premier, le fils d'Oileus, le rapide Aias, de sa lance aiguë, en bondissant, blessa ios Énopide, que l'irréprochable nymphe Nèis enfanta d'Énops qui paissait ses troupeaux sur les rives du Satnioïs. Et l'illustre Oilèiade le blessa de sa lance dans le ventre, et il tomba à la renverse, et, autour de lui, les Troiens et les Danaens engagèrent une lutte terrible.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:44 | |
| Et le Panthoide Polydamas vint le venger, et il frappa Prothoènôr Arèilykide à l'épaule droite, et la forte lance entra dans l'épaule. Prothoènôr renversé saisit la poussière avec ses mains, et Polydamas s'écria insolemment :
- Je ne pense pas qu'un trait inutile soit parti de la main du magnanime Panthoide. Un Argien l'a reçu dans le corps, et il s'appuiera dessus pour descendre dans les demeures d'Aidès.
Il parla ainsi, et les Argiens furent remplis de douleur en l'entendant se glorifier ainsi. Et le belliqueux Télamônien Aias fut troublé, ayant vu Prothoènôr tomber auprès de lui. Et aussitôt il lança sa pique contre Polydamas qui se retirait ; mais celui-ci évita la mort en sautant de côté, et l'Anténoride Arkhélokhos reçut le coup, car les dieux lui destinaient la mort. Et il fut frappé à la dernière vertèbre du cou, et les deux muscles furent tranchés, et sa tête, sa bouche et ses narines touchèrent la terre avant ses genoux.
Et Aias cria à l'irréprochable Polydamas :
- Vois, Polydamas, et dis la vérité. Ce guerrier mort ne suffit-il pas pour venger Prothoènôr ? Il ne me semble ni lâche, ni d'une race vile. C'est le frère du dompteur de chevaux Antènôr, ou son fils, car il a le visage de cette famille.
Et il parla ainsi, le connaissant bien. Et la douleur saisit les Troiens.
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Alors, Akamas, debout devant son frère mort, blessa d'un coup de lance le Boiôtien Promakhos, comme celui-ci traînait le cadavre par les pieds. Et Akamas, triomphant, cria :
- Argiens destinés à la mort, et toujours prodigues de menaces, la lutte et le deuil ne seront pas pour nous seuls, et vous aussi vous mourrez ! Voyez ! votre Promakhos dort dompté par ma lance, et mon frère n'est pas resté longtemps sans vengeance ; aussi, tout homme souhaite de laisser dans ses demeures un frère qui le venge.
Il parla ainsi, et ses paroles insultantes remplirent les Argiens de douleur, et elles irritèrent surtout l'âme de Pénéléôs qui se rua sur Akamas. Mais celui-ci n'osa pas soutenir le choc du roi Pénéléôs qui blessa Ilioneus, fils de ce Phorbas, riche en troupeaux, que Hermès aimait entre tous les Troiens, et à qui il avait donné de grands biens. Et il le frappa sous le sourcil, au fond de l'œil, d'où la pupille fut arrachée. Et la lance, traversant l'œil, sortit derrière la tête, et Ilioneus, les mains étendues, tomba. Puis, Pénéléôs, tirant de la gaîne son épée aiguë, coupa la tête qui roula sur la terre avec le casque, et la forte lance encore fixée dans l'œil. Et Pénéléôs la saisit, et, la montrant aux Troiens, il leur cria :
- Allez de ma part, Troiens, dire au père et à la mère de l'illustre Ilioneus qu'ils gémissent dans leurs demeures.
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Ah ! l'épouse de l'Alégénoride Promakhos ne se réjouira pas non plus au retour de son époux bien-aimé, quand les fils des Akhaiens, loin de Troiè, s'en retourneront sur leurs nefs !
Il parla ainsi, et la pâle terreur saisit les Troiens, et chacun d'eux regardait autour de lui, cherchant comment il éviterait la mort.
Dites-moi maintenant, Muses qui habitez les demeures Olympiennes, celui des Akhaiens qui enleva le premier des dépouilles sanglantes, quand l'illustre qui ébranle la terre eut fait pencher la victoire ?
Le premier, Aias Télamônien frappa Hyrthios Gyrtiade, chef des braves Mysiens. Et Antilokhos tua Phalkès et Merméros, et Mèrionès tua Morys et Hippotiôn, et Teukros tua Prothoôn et Périphètès, et l'Atréide Ménélaos blessa au côté le prince des peuples Hypérénôr. Il lui déchira les intestins, et l'âme s'échappa par l'horrible blessure, et un brouillard couvrit ses yeux. Mais Aias, l'agile fils d'Oileus, en tua bien plus encore, car nul n'était son égal pour atteindre ceux que Zeus met en fuite.
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Les Troiens franchissaient, dans leur fuite, les pieux et le fossé, et beaucoup tombaient sous les mains des Danaens. Et ils s'arrêtèrent auprès de leurs chars, pâles de terreur.
Mais Zeus s'éveilla, sur les sommets de l'Ida, auprès de Hèrè au trône d'or. Et, se levant, il regarda et vit les Troiens et les Akhaiens, et les premiers en pleine déroute, et les Argiens, ayant au milieu d'eux le roi Poseidaôn, les poussant avec fureur. Et il vit Hektôr gisant dans la plaine, entouré de ses compagnons, respirant à peine et vomissant le sang, car ce n'était pas le plus faible des Akhaiens qui l'avait blessé.
Et le père des hommes et des dieux fut rempli de pitié en le voyant, et, avec un regard sombre, il dit à Hèrè :
- Ô astucieuse ! ta ruse a éloigné le divin Hektôr du combat et mis ses troupes en fuite. Je ne sais si tu ne recueilleras pas la première le fruit de tes ruses, et si je ne t'accablerai point de coups. Ne te souvient-il plus du jour où tu étais suspendue dans l'air, avec une enclume à chaque pied, les mains liées d'une solide chaîne d'or, et où tu pendais ainsi de l'aithèr et des nuées ? Tous les dieux, par le grand Olympos, te regardaient avec douleur et ne pouvaient te secourir, car celui que j'aurais saisi, je l'aurais précipité de l'Ouranos, et il serait arrivé sur la terre, respirant à peine. Et cependant ma colère, à cause des souffrances du divin Hèraklès, n'était point assouvie. C'était toi qui, l'accablant de maux, avais appelé Boréas et les tempêtes sur la mer stérile, et qui l'avais rejeté vers Koôs bien peuplée.
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Mais je le délivrai et le ramenai dans Argos féconde en chevaux. Souviens-toi de ces choses et renonce à tes ruses, et sache qu'il ne te suffit pas, pour me tromper, de te donner à moi sur ce lit, loin des dieux.
Il parla ainsi, et la vénérable Hèrè frissonna et lui répondit en paroles ailées :
- Que Gaia le sache, et le large Ouranos, et l'eau souterraine de Styx, ce qui est le plus grand serment des dieux heureux, et ta tête sacrée, et notre lit nuptial que je n'attesterai jamais en vain ! Ce n'est point par mon conseil que Poseidaôn qui ébranle la terre a dompté les Troiens et Hektôr. Son cœur seul l'a poussé, ayant compassion des Akhaiens désespérés autour de leurs nefs. Mais j'irai et je lui conseillerai, ô Zeus qui amasses les noires nuées, de se retirer où tu le voudras.
Elle parla ainsi, et le père des dieux et des hommes sourit, et lui répondit ces paroles ailées :
- Si tu penses comme moi, étant assise au milieu des immortels, ô vénérable Hèrè aux yeux de bœuf, Poseidaôn lui-même, quoi qu'il veuille, se conformera aussitôt à notre volonté. Si tu as dit la vérité dans ton cœur, va dans l'assemblée des dieux, appelle Iris et l'illustre archer Apollôn, afin que l'une aille, vers l'armée des Akhaiens cuirassés, dire au roi Poseidaôn qu'il se retire de la mêlée, et qu'il rentre dans ses demeures ; et que Phoibos Apollôn ranime les forces de Hektôr et apaise les douleurs qui l'accablent, afin que le Priamide attaque de nouveau les Akhaiens et les mette en fuite.
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Et ils fuiront jusqu'aux nefs du Pèléide Akhilleus qui suscitera son compagnon Patroklos. Et l'illustre Hektôr tuera Patroklos devant Ilios, là où celui-ci aura dompté une multitude de guerriers, et, entre autres, mon fils, le divin Sarpèdôn. Et le divin Akhilleus, furieux, tuera Hektôr. Et, désormais, je repousserai toujours les Troiens loin des nefs, jusqu'au jour où les Akhaiens prendront la haute Ilios par les conseils d'Athènè. Mais je ne déposerai point ma colère, et je ne permettrai à aucun des immortels de secourir les Danaens, tant que ne seront point accomplis et le désir du Pèléide et la promesse que j'ai faite par un signe de ma tête, le jour où la déesse Thétis, embrassant mes genoux, m'a supplié d'honorer Akhilleus, le dévastateur de citadelles.
Il parla ainsi, et la déesse Hèrè aux bras blancs se hâta de monter des cimes de l'Ida dans le haut Olympos. Ainsi vole la pensée d'un homme qui, ayant parcouru de nombreuses contrées et se souvenant de ce qu'il a vu, se dit : J'étais là ! La vénérable Hèrè vola aussi promptement, et elle arriva dans l'assemblée des dieux, sur le haut Olympos où sont les demeures de Zeus. Et tous se levèrent en la voyant, et lui offrirent la coupe qu'elle reçut de Thémis aux belles joues, car celle-ci était venue la première au-devant d'elle et lui avait dit en paroles ailées :
- Hèrè, pourquoi viens-tu, toute troublée ? Est-ce le fils de Kronos, ton époux, qui t'a effrayée ?
- page 336 -
Et la déesse Hèrè aux bras blancs lui répondit :
- Divine Thémis, ne m'interroge point. Tu sais combien son âme est orgueilleuse et dure. Préside le festin des dieux dans ces demeures. Tu sauras avec tous les immortels les desseins fatals de Zeus. Je ne pense pas que ni les hommes, ni les dieux puissent se réjouir désormais dans leurs festins.
La vénérable Hèrè parla et s'assit. Et les dieux s'attristèrent dans les demeures de Zeus ; mais la fille de Kronos sourit amèrement, tandis que son front était sombre au-dessus de ses sourcils bleus ; et elle dit indignée :
- Insensés que nous sommes nous nous irritons contre Zeus et nous voulons le dompter, soit par la flatterie, soit par la violence ; et, assis à l'écart, il ne s'en soucie ni ne s'en émeut, sachant qu'il l'emporte sur tous les dieux immortels par la force et la puissance. Subissez donc les maux qu'il lui plaît d'envoyer à chacun de vous. Déjà le malheur atteint Arès ; son fils a péri dans la mêlée, Askalaphos, celui de tous les hommes qu'il aimait le mieux, et que le puissant Arès disait être son fils.
Elle parla ainsi, et Arès, frappant de ses deux mains ses cuisses vigoureuses, dit en gémissant :
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- Ne vous irritez point, habitants des demeures Olympiennes, si je descends aux nefs des Akhaiens pour venger le meurtre de mon fils, quand même ma destinée serait de tomber parmi les morts, le sang et la poussière, frappé de l'éclair de Zeus !
Il parla ainsi, et il ordonna à la Crainte et à la Fuite d'atteler ses chevaux, et il se couvrit de ses armes splendides. Et, alors, une colère bien plus grande et bien plus terrible se fût soulevée dans l'âme de Zeus contre les immortels, si Athènè, craignant pour tous les dieux, n'eût sauté dans le parvis, hors du trône où elle était assise. Et elle arracha le casque de la tête d'Arès, et le bouclier de ses épaules et la lance d'airain de sa main robuste, et elle réprimanda l'impétueux Arès :
- Insensé ! tu perds l'esprit et tu vas périr. As-tu des oreilles pour ne point entendre ? N'as-tu plus ni intelligence, ni pudeur ? N'as-tu point écouté les paroles de la déesse Hèrè aux bras blancs que Zeus a envoyée dans l'Olympos ? Veux-tu, toi-même, frappé de mille maux, revenir, accablé et gémissant, après avoir attiré des calamités sur les autres dieux ? Zeus laissera aussitôt les Troiens et les Akhaiens magnanimes, et il viendra nous précipiter de l'Olympos, innocents ou coupables. Je t'ordonne d'apaiser la colère du meurtre de ton fils. Déjà de plus braves et de plus vigoureux que lui sont morts, ou seront tués. Il est difficile de sauver de la mort les générations des hommes.
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Ayant ainsi parlé, elle fit asseoir l'impétueux Arès sur son trône. Puis, Hèrè appela, hors de l'Olympos, Apollôn et Iris, qui est la messagère de tous les dieux immortels, et elle leur dit en paroles ailées :
- Zeus vous ordonne de venir promptement sur l'Ida, et, quand vous l'aurez vu, faites ce qu'il vous ordonnera.
Ayant ainsi parlé, la vénérable Hèrè rentra et s'assit sur son trône. Et les deux immortels s'envolèrent à la hâte, et ils arrivèrent sur l'Ida où naissent les sources et les bêtes fauves. Et ils virent Zeus au large regard assis sur le faîte du Gargaros, et il s'était enveloppé d'une nuée parfumée. Et ils s'arrêtèrent devant Zeus qui amasse les nuées. Et, satisfait, dans son esprit, qu'ils eussent obéi promptement aux ordres de l'épouse bien-aimée, il dit d'abord en paroles ailées à Iris :
- Va ! rapide Iris, parle au roi Poseidaôn, et sois une messagère fidèle. Dis-lui qu'il se retire de la mêlée, et qu'il reste, soit dans l'assemblée des dieux, soit dans la mer divine. Mais s'il n'obéissait pas à mes ordres et s'il les méprisait, qu'il délibère et réfléchisse dans son esprit. Malgré sa vigueur, il ne pourra soutenir mon attaque, car mes forces surpassent de beaucoup les siennes, et je suis l'aîné. Qu'il craigne donc de se croire l'égal de celui que tous les autres dieux redoutent.
Il parla ainsi, et la rapide Iris aux pieds aériens descendit du faîte des cimes Idaiennes, vers la sainte Ilios.
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Comme la neige vole du milieu des nuées, ou la grêle chassée par le souffle impétueux de Boréas, ainsi volait la rapide Iris ; et, s'arrêtant devant lui, elle dit à l'illustre qui ébranle la terre :
- Poseidaôn aux cheveux bleus, je suis envoyée par Zeus tempétueux. Il te commande de te retirer de la mêlée et de rester, soit dans l'assemblée des dieux, soit dans la mer divine. Si tu n'obéissais pas à ses ordres, et si tu les méprisais, il te menace de venir te combattre, et il te conseille d'éviter son bras, car ses forces sont de beaucoup supérieures aux tiennes, et il est l'aîné. Il t'avertit de ne point te croire l'égal de celui que tous les dieux redoutent.
Et l'illustre qui ébranle la terre, indigné, lui répondit :
- Ah ! certes, bien qu'il soit grand, il parle avec orgueil, s'il veut me réduire par la force, moi, son égal. Nous sommes trois frères nés de Kronos, et qu'enfanta Rhéiè : Zeus, moi et Aidès qui commande aux ombres. On fit trois parts du monde, et chacun de nous reçut la sienne. Et le sort décida que j'habiterais toujours la blanche mer, et Aidès eut les noires ténèbres, et Zeus eut le large Ouranos, dans les nuées et dans l'aithèr. Mais le haut Olympos et la terre furent communs à tous. C'est pourquoi je ne ferai point la volonté de Zeus, bien qu'il soit puissant. Qu'il garde tranquillement sa part ; il ne m'épouvantera pas comme un lâche.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:44 | |
| Qu'il menace à son gré les fils et les filles qu'il a engendrés, puisque la nécessité les contraint de lui obéir.
Et la rapide Iris aux pieds aériens lui répondit :
– Poseidaôn aux cheveux bleus, me faut-il rapporter à Zeus cette parole dure et hautaine ? Ne changeras-tu point ? L'esprit des sages n'est point inflexible, et tu sais que les Érinnyes suivent les aînés.
Et Poseidaôn qui ébranle la terre lui répondit :
– Déesse Iris, tu as bien parlé. Il est bon qu'un messager possède la prudence ; mais une amère douleur emplit mon esprit et mon cœur quand Zeus veut, par des paroles violentes, réduire son égal en honneurs et en droits. Je céderai, quoique indigné ; mais je te le dis, et je le menacerai de ceci : Si, malgré nous, – moi, la dévastatrice Athènè, Hèrè, Hermès et le roi Hèphaistos, – il épargne la haute Ilios et refuse de la détruire et de donner la victoire aux Argiens, qu'il sache que notre haine sera inexorable.
Ayant ainsi parlé, il laissa le peuple des Akhaiens et rentra dans la mer. Et les héros Akhaiens le regrettaient. Et alors Zeus qui amasse les nuées dit à Apollôn :
– Va maintenant, cher Phoibos, vers Hektôr armé d'airain, car voici que celui qui ébranle la terre est rentré dans la mer, fuyant ma fureur.
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Certes, ils auraient entendu un combat terrible les dieux souterrains qui vivent autour de Kronos ; mais il vaut mieux pour tous deux que, malgré sa colère, il ait évité mes mains, car cette lutte aurait fait couler de grandes sueurs. Mais toi, prends l'aigide aux franges d'or, afin d'épouvanter, en la secouant, les héros Akhaiens. Archer, prends soin de l'illustre Hektôr et remplis-le d'une grande force, pour qu'il chasse les Akhaiens jusqu'aux nefs et jusqu'au Hellespontos ; et je songerai alors comment je permettrai aux Akhaiens de respirer.
Il parla ainsi, et Apollôn se hâta d'obéir à son père. Et il descendit du faîte de l'Ida, semblable à un épervier tueur de colombes, et le plus impétueux des oiseaux. Et il trouva le divin Hektôr, le fils du sage Priamos, non plus couché, mais assis, et se ranimant, et reconnaissant ses compagnons autour de lui. Et le râle et la sueur avaient disparu par la seule pensée de Zeus tempétueux. Et Apollôn s'approcha et lui dit :
– Hektôr, fils de Priamos, pourquoi rester assis, sans forces, loin des tiens ? Es-tu la proie de quelque douleur ?
Et Hektôr au casque mouvant lui répondit d'une voix faible :
– Qui es-tu, ô le meilleur des dieux, qui m'interroges ainsi ? Ne sais-tu pas qu'auprès des nefs Akhaiennes, tandis que je tuais ses compagnons, le brave Aias m'a frappé d'un rocher dans la poitrine et a rompu mes forces et mon courage ?
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Certes, j'ai cru voir aujourd'hui les morts et la demeure d'Aidès, en rendant ma chère âme.
Et le royal archer Apollôn lui répondit :
– Prends courage ! Du haut de l'Ida, le Kroniôn a envoyé pour te secourir Phoibos Apollôn à l'épée d'or. Toi et ta haute citadelle, je vous ai protégés et je vous protège toujours. Viens ! excite les cavaliers à pousser leurs chevaux rapides vers les nefs creuses, et j'irai devant toi, et j'aplanirai la voie aux chevaux, et je mettrai en fuite les héros Akhaiens.
Ayant ainsi parlé, il remplit le prince des peuples d'une grande force. Comme un étalon, longtemps retenu à la crèche et nourri d'orge abondante, qui rompt son lien, et qui court, frappant la terre de ses quatre pieds, se plonger dans le fleuve clair, et qui, la tête haute, secouant ses crins sur ses épaules, fier de sa beauté, bondit aisément jusqu'aux lieux accoutumés où paissent les cavales ; de même Hektôr, à la voix du dieu, courait de ses pieds rapides, excitant les cavaliers. Comme des chiens et des campagnards qui poursuivent un cerf rameux, ou une chèvre sauvage qui se dérobe sous une roche creuse ou dans la forêt sombre, et qu'ils ne peuvent atteindre, quand un lion à longue barbe, survenant tout à coup à leurs cris, les disperse aussitôt malgré leur impétuosité, de même les Danaens, poursuivant l'ennemi de leurs lances à deux pointes, s'épouvantèrent en voyant Hektôr parcourir les lignes Troiennes, et leur âme tomba à leurs pieds.
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Et Thoas Andraimonide les excitait. Et c'était le meilleur guerrier Aitôlien, habile au combat de la lance et ferme dans la mêlée. Et peu d'Akhaiens l'emportaient sur lui dans l'agora. Et il s'écria :
– Ah ! certes, je vois de mes yeux un grand prodige. Voici le Priamide échappé à la mort. Chacun de nous espérait qu'il avait péri par les mains d'Aias Télamônien ; mais sans doute un dieu l'a sauvé de nouveau, lui qui a rompu les genoux de tant de Danaens, et qui va en rompre encore, car ce n'est point sans l'aide de Zeus tonnant qu'il revient furieux au combat. Mais, allons ! et obéissez tous. Que la multitude retourne aux nefs, et tenons ferme, nous qui sommes les plus braves de l'armée. Tendons vers lui nos grandes lances, et je ne pense pas qu'il puisse, malgré ses forces, enfoncer les lignes des Danaens.
Il parla ainsi, et tous l'entendirent et obéirent. Et autour de lui étaient les Aias et le roi Idoméneus, et Teukros et Mèrionès, et Mégès semblable à Arès ; et ils se préparaient au combat, réunissant les plus braves, contre Hektôr et les Troiens. Et, derrière eux, la multitude retournait vers les nefs des Akhaiens.
Et les Troiens frappèrent les premiers. Hektôr les précédait, accompagné de Phoibos Apollôn, les épaules couvertes d'une nuée et tenant l'aigide terrible, aux longues franges, que le forgeron Hèphaistos donna à Zeus pour épouvanter les hommes.
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Et, tenant l'aigide en main, il menait les Troiens. Et les Argiens les attendaient de pied ferme, et une clameur s'éleva des deux côtés. Les flèches jaillissaient des nerfs et les lances des mains robustes ; et les unes pénétraient dans la chair des jeunes hommes, et les autres entraient en terre, avides de sang, mais sans avoir percé le beau corps des combattants.
Aussi longtemps que Phoibos Apollôn tint l'aigide immobile en ses mains, les traits percèrent des deux côtés, et les guerriers tombèrent ; mais quand il la secoua devant la face des cavaliers Danaens, en poussant des cris terribles, leur cœur se troubla dans leurs poitrines, et ils oublièrent leur force et leur courage.
Comme un troupeau de bœufs, ou un grand troupeau de brebis, que deux bêtes féroces, au milieu de la nuit, bouleversent soudainement, en l'absence de leur gardien, de même les Akhaiens furent saisis de terreur, et Apollôn les mit en fuite et donna la victoire à Hektôr et aux Troiens. Alors, dans cette fuite, chaque homme tua un autre homme. Hektôr tua Stikhios et Arkésilaos, l'un, chef des Boiôtiens aux tuniques d'airain, l'autre, fidèle compagnon du magnanime Ménèstheus. Et Ainéias tua Médôn et Iasos. Et Médôn était bâtard du divin Oileus et frère d'Aias ; mais il habitait Phylakè, loin de sa patrie, ayant tué le frère de sa belle-mère Ériopis, femme d'Oileus. Et Iasos était un chef Athènaien et fils de Sphèlos Boukolide.
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Et Polydamas tua Mèkistheus, et Politès tua Ekhios qui combattait aux premiers rangs. Et le divin Agènôr tua Klônios, et Pâris frappa au sommet de l'épaule, par derrière, Dèiokhos qui fuyait, et l'airain le traversa.
Tandis que les vainqueurs dépouillaient les cadavres de leurs armes, les Akhaiens franchissaient les pieux, dans le fossé, et fuyaient çà et là, derrière la muraille, contraints par la nécessité. Mais Hektôr commanda à haute voix aux Troiens de se ruer sur les nefs et de laisser là les dépouilles sanglantes :
– Celui que je verrai loin des nefs, je lui donnerai la mort. Ni ses frères, ni ses sœurs ne mettront son corps sur le bûcher, et les chiens le déchireront devant notre ville.
Ayant ainsi parlé, il poussa les chevaux du fouet, en entraînant les Troiens, et tous, avec des cris menaçants et une clameur immense, ils poussaient leurs chars en avant. Et Phoibos Apollôn jeta facilement du pied les bords du fossé dans le milieu, et, le comblant, le fit aussi large que l'espace parcouru par le trait que lance un guerrier vigoureux. Et tous s'y jetèrent en foule, et Apollôn, les précédant avec l'aigide éclatante, renversa le mur des Akhaiens aussi aisément qu'un enfant renverse, auprès de la mer, les petits monceaux de sable qu'il a amassés et qu'il disperse en se jouant. Ainsi, archer Apollôn, tu dispersas l'œuvre qui avait coûté tant de peines et de misères aux Argiens, et tu les mis en fuite.
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Et ils s'arrêtèrent auprès des nefs, s'exhortant les uns les autres ; et, les mains étendues vers les dieux, ils les imploraient. Et le Gérennien Nestôr, rempart des Akhaiens, priait, les bras levés vers l'Ouranos étoilé :
– Père Zeus ! si jamais, dans la fertile Argos, brûlant pour toi les cuisses grasses des bœufs et des brebis, nous t'avons supplié de nous accorder le retour, et si tu l'as promis d'un signe de ta tête, souviens-toi, ô Olympien ! Éloigne notre jour suprême, et ne permets pas que les Akhaiens soient domptés par les Troiens.
Il parla ainsi en priant, et le sage Zeus entendit la prière du vieux Nèlèiade et tonna. Et, au bruit du tonnerre, les Troiens, croyant comprendre la pensée de Zeus tempêtueux, se ruèrent plus furieux sur les Argiens. Comme les grandes lames de la haute mer assiègent les flancs d'une nef, poussées par la violence du vent, car c'est elle qui gonfle les eaux ; de même les Troiens escaladaient le mur avec de grandes clameurs ; et ils poussaient leurs chevaux et combattaient devant les nefs à coups de lances aiguës ; et les Akhaiens, du haut de leurs nefs noires, les repoussaient avec ces longs pieux, couchés dans les nefs, et qui, cerclés d'airain, servent dans le combat naval.
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Tant que les Akhaiens et les Troiens combattirent au-delà du mur, loin des nefs rapides, Patroklos, assis sous la tente de l'irréprochable Eurypylos, le charma par ses paroles et baigna sa blessure de baumes qui guérissent les douleurs amères ; mais quand il vit que les Troiens avaient franchi le mur, et que les Akhaiens fuyaient avec des cris, il gémit, et frappa ses cuisses de ses mains, et il dit en pleurant :
– Eurypylos, je ne puis rester plus longtemps, bien que tu souffres, car voici une mêlée suprême. Qu'un de tes compagnons te soigne ; il faut que je retourne vers Akhilleus et que je l'exhorte à combattre. Qui sait si, un dieu m'aidant, je ne toucherai point son âme ? Le conseil d'un ami est excellent.
Ayant ainsi parlé, il s'éloigna.
Cependant les Akhaiens soutenaient l'assaut des Troiens. Et ceux-ci ne pouvaient rompre les phalanges des Danaens et envahir les tentes et les nefs, et ceux-là ne pouvaient repousser l'ennemi loin des nefs. Comme le bois dont on construit une nef est mis de niveau par un habile ouvrier à qui Athènè a enseigné toute sa science, de même le combat était partout égal autour des nefs.
Et le Priamide attaqua l'illustre Aias. Et tous deux soutenaient le travail du combat autour des nefs, et l'un ne pouvait éloigner l'autre pour incendier les nefs, et l'autre ne pouvait repousser le premier que soutenait un dieu.
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Et l'illustre Aias frappa de sa lance Kalètôr, fils de Klytios, comme celui-ci portait le feu sur les nefs ; et Kalètôr tomba renversé, laissant échapper la torche de ses mains. Et quand Hektôr vit son parent tomber dans la poussière devant la nef noire, il cria aux Troiens et aux Lykiens :
– Troiens, Lykiens et Dardaniens belliqueux, n'abandonnez point le combat étroitement engagé, mais enlevez le fils de Klytios, et que les Akhaiens ne le dépouillent point de ses armes.
Il parla ainsi, et lança sa pique éclatante contre Aias, mais il le manqua, et il atteignit Lykophôn, fils de Mastôr, compagnon d'Aias, et qui habitait avec celui-ci, depuis qu'il avait tué un homme dans la divine Kythèrè. Et le Priamide le frappa de sa lance aiguë au-dessus de l'oreille, auprès d'Aias, et Lykophôn tomba du haut de la poupe sur la poussière, et ses forces furent dissoutes. Et Aias, frémissant, appela son frère :
– Ami Teukros, notre fidèle compagnon est mort, lui qui, loin de Kythèrè, vivait auprès de nous et que nous honorions autant que nos parents bien-aimés. Le magnanime Hektôr l'a tué. Où sont tes flèches mortelles et l'arc que t'a donné Phoibos Apollôn ?
Il parla ainsi, et Teukros l'entendit, et il accourut, tenant en main son arc recourbé et le carquois plein de flèches. Et il lança ses flèches aux Troiens.
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Et il frappa Kléitos, fils de Peisènôr, compagnon de l'illustre Panthoide Polydamas, dont il conduisait le char et les chevaux à travers les phalanges bouleversées, afin de plaire à Hektôr et aux Troiens. Mais le malheur l'accabla sans que nul pût le secourir ; et la flèche fatale entra derrière le cou, et il tomba du char, et les chevaux reculèrent, secouant le char vide.
Et le prince Polydamas, l'ayant vu, accourut promptement aux chevaux et les confia à Astynoos, fils de Protiaôn, lui recommandant de les tenir près de lui. Et il se mêla de nouveau aux combattants.
Et Teukros lança une flèche contre Hektôr, et il l'eût retranché du combat, auprès des nefs des Akhaiens, s'il l'avait atteint, et lui eût arraché l'âme ; mais il ne put échapper au regard du sage Zeus qui veillait sur Hektôr. Et Zeus priva de cette gloire le Télamônien Teukros, car il rompit le nerf bien tendu, comme Teukros tendait l'arc excellent. Et la flèche à pointe d'airain s'égara, et l'arc tomba des mains de l'archer. Et Teukros frémit et dit à son frère :
– Ah ! certes, quelque dieu nous traverse dans le combat. Il m'a arraché l'arc des mains et rompu le nerf tout neuf que j'y avais attaché moi-même ce matin, afin qu'il pût lancer beaucoup de flèches.
Et le grand Télamônien Aias lui répondit :
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:45 | |
| – Ô ami, laisse ton arc et tes flèches, puisqu'un dieu jaloux des Danaens disperse tes traits. Prends une longue lance, mets un bouclier sur tes épaules et combats les Troiens en excitant les troupes. Que ce ne soit pas du moins sans peine qu'ils se rendent maîtres de nos nefs bien construites. Mais souvenons-nous de combattre.
Il parla ainsi, et Teukros, déposant son arc dans sa tente, saisit une solide lance à pointe d'airain, mit un bouclier à quatre lames sur ses épaules, un excellent casque à crinière sur sa tête, et se hâta de revenir auprès d'Aias. Mais quand Hektôr eut vu que les flèches de Teukros lui étaient devenues inutiles, il cria à haute voix aux Troiens et aux Lykiens :
– Troiens, Lykiens et belliqueux Dardaniens, soyez des hommes, et souvenez-vous de votre force et de votre courage auprès des nefs creuses ! Je vois de mes yeux les flèches d'un brave archer brisées par Zeus. Il est facile de comprendre à qui le puissant Kroniôn accorde ou refuse son aide, qui il menace et qui il veut couvrir de gloire. Maintenant, il brise les forces des Akhaiens et il nous protège. Combattez fermement autour des nefs. Si l'un de vous est blessé et meurt, qu'il meure sans regrets, car il est glorieux de mourir pour la patrie, car il sauvera sa femme, ses enfants et tout son patrimoine, si les Akhaiens retournent, sur leurs nefs, dans la chère terre de leurs aïeux.
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Ayant ainsi parlé, il excita la force et le courage de chacun. Et Aias, de son côté, exhortait ses compagnons :
– Ô honte ! c'est maintenant, Argiens, qu'il faut périr ou sauver les nefs. Espérez-vous, si Hektôr au casque mouvant se saisit de vos nefs, retourner à pied dans la patrie ? Ne l'entendez-vous point exciter ses guerriers, ce Hektôr qui veut brûler nos nefs ? Ce n'est point aux danses qu'il les pousse, mais au combat. Le mieux est de leur opposer nos bras et notre vigueur. Il faut mourir promptement ou vivre, au lieu de nous consumer dans un combat sans fin contre des hommes qui ne nous valent pas.
Ayant ainsi parlé, il ranima le courage de chacun. Alors Hektôr tua Skhédios, fils de Périmèdès, chef des Phôkèens ; et Aias tua Laodamas, chef des hommes de pied, fils illustre d'Antènôr. Et Polydamas tua Otos le Kyllénien, compagnon du Phyléide, chef des magnanimes Épéiens. Et Mégès, l'ayant vu, s'élança sur Polydamas ; mais celui-ci, s'étant courbé, échappa au coup de la pique, car Apollôn ne permit pas que le Panthoide tombât parmi les combattants ; et la pique de Mégès perça la poitrine de Kreismos qui tomba avec bruit. Et comme le Phyléide lui arrachait ses armes, le brave Dolops Lampétide se jeta sur lui, Dolops qu'engendra le Laomédontiade Lampos, le meilleur des hommes mortels. Et il perça de sa lance le milieu du bouclier de Mégès, mais son épaisse cuirasse préserva celui-ci. C'était la cuirasse que Phyleus apporta autrefois d'Éphyrè, des bords du fleuve Sellèis.
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Et son hôte, le roi des hommes, Euphètès, la lui avait donnée, pour la porter dans les mêlées comme un rempart contre l'ennemi. Et, maintenant, elle préserva son fils de la mort. Et Mégès frappa de son épée le cône du casque d'airain à crinière de cheval, et l'aigrette rompue tomba dans la poussière, ayant été teinte récemment d'une couleur de pourpre. Et tandis que Mégès combattait encore et espérait la victoire, le brave Ménélaos accourut à son aide, et, venant à la dérobée, frappa l'épaule du Troien. Et la pointe d'airain traversa la poitrine, et le guerrier tomba sur la face.
Et les deux Akhaiens s'élançaient pour le dépouiller de ses armes d'airain ; mais Hektôr excita les parents de Dolops, et surtout il réprimanda le Hikétaonide, le brave Ménalippos, qui paissait, avant la guerre, ses bœufs aux pieds flexibles dans Perkôtè, mais qui vint à Ilios quand les nefs Danaennes aux doubles avirons arrivèrent. Et il brillait parmi les Troiens, et il habitait auprès de Priamos qui l'honorait à l'égal de ses fils. Et Hektôr lui adressa ces paroles dures et sévères :
– Ainsi, Ménalippos, nous restons inertes. Ton parent mort ne touche-t-il point ton cœur ? Ne vois-tu pas qu'ils arrachent les armes de Dolops ? Suis-moi. Ce n'est plus de loin qu'il faut combattre les Argiens. Nous les tuerons, ou la haute Ilios sera prise et ils égorgeront ses citoyens.
En parlant ainsi, il s'élança, et Ménalippos le suivit, semblable à un dieu.
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Et le grand Télamônien Aias exhortait les Akhaiens :
– Ô amis ! soyez des hommes. Ayez honte de fuir et faites face au combat. Les braves sont plutôt sauvés que tués, et les lâches seuls n'ont ni gloire, ni salut.
Il parla ainsi, et les Akhaiens retinrent ses paroles dans leur esprit, prêts à s'entre-aider ; et ils faisaient comme un mur d'airain autour des nefs ; et Zeus excitait les Troiens contre eux. Et le brave Ménélaos anima ainsi Antilokhos :
– Antilokhos, nul d'entre les Akhaiens n'est plus jeune que toi, ni plus rapide, ni plus brave au combat. Plût aux dieux que tu pusses tuer quelque Troien !
Il parla ainsi, et il le laissa excité par ces paroles. Et Antilokhos se jeta parmi les combattants et lança sa pique éclatante, et les Troiens reculèrent ; mais la pique ne fut point lancée en vain, car elle perça à la poitrine, près de la mamelle, Ménalippos, l'orgueilleux fils de Hikétaôn. Et il tomba et ses armes sonnèrent. Et le brave Antilokhos se jeta sur lui, comme un chien sur un faon qu'un chasseur a percé tandis qu'il bondissait hors du gîte. Ainsi, Ménalippos, le belliqueux Antilokhos sauta sur toi pour t'arracher tes armes ; mais le divin Hektôr, l'ayant vu, courut sur lui à travers la mêlée. Et Antilokhos ne l'attendit pas, quoique brave, et il prit la fuite, comme une bête fauve qui, ayant tué un chien, ou le bouvier au milieu des bœufs, fuit avant que la foule des hommes la poursuive.
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Ainsi fuyait le Nestôride. Et les Troiens et Hektôr, avec de grands cris, l'accablaient de traits violents ; mais il leur fit face, arrivé auprès de ses compagnons.
Et les Troiens, semblables à des lions mangeurs de chair crue, se ruaient sur les nefs, accomplissant ainsi les ordres de Zeus, car il leur inspirait la force et il troublait l'âme des Argiens, voulant donner une grande gloire au Priamide Hektôr, et le laisser jeter la flamme ardente sur les nefs aux poupes recourbées, afin d'exaucer la fatale prière de Thétis. Et le sage Zeus attendait qu'il eût vu le feu embraser une nef, et alors il repousserait les Troiens loin des nefs et rendrait la victoire aux Danaens. C'est pourquoi il entraînait vers les nefs creuses le Priamide Hektôr déjà plein d'ardeur, furieux, agitant sa lance comme Arès, ou pareil à un incendie terrible qui gronde sur les montagnes, dans l'épaisseur d'une forêt profonde. Et la bouche de Hektôr écumait, et ses yeux flambaient sous ses sourcils, et son casque s'agitait sur sa tête guerrière.
Et Zeus lui venait en aide, l'honorant et le glorifiant parmi les hommes, car sa vie devait être brève, et voici que Pallas Athènè préparait le jour fatal où il tomberait sous la violence du Pèléide.
Et il tentait de rompre les lignes des guerriers, se ruant là où il voyait la mêlée la plus pressée et les armes les plus belles.
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Mais, malgré son désir, il ne pouvait rompre l'armée ennemie, car celle-ci résistait comme une tour, ou comme une roche énorme et haute qui, se dressant près de la blanche mer, soutient le souffle rugissant des vents et le choc des grandes lames qui se brisent contre elle. Ainsi les Danaens soutenaient fermement l'assaut des Troiens et ne fuyaient point, tandis que Hektôr, éclatant comme le feu, bondissait de tous côtés dans la mêlée.
Comme l'eau de la mer, enflée par les vents qui soufflent avec véhémence du milieu des nuées, assiège une nef rapide et la couvre tout entière d'écume, tandis que le vent frémit dans la voile et que les matelots sont épouvantés, parce que la mort est proche ; de même le cœur des Akhaiens se rompait dans leurs poitrines.
Ou, quand il arrive qu'un lion désastreux tombe au milieu des bœufs innombrables qui paissent dans un vaste marécage, de même que le bouvier, ne sachant point combattre les bêtes fauves pour le salut de ses bœufs noirs, va tantôt à un bout, tantôt à l'autre bout du troupeau, tandis que le lion bondit au milieu des génisses qui s'épouvantent et en dévore une ; de même les Akhaiens étaient bouleversés par Hektôr et par le père Zeus.
Cependant, le Priamide n'avait tué que le seul Périphètès de Mykènè, fils bien-aimé de Kypreus, qui portait à la force Hèrakléenne les ordres du roi Eurystheus.
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Il était né fils excellent d'un père indigne, et, par toutes les vertus, par son courage et par sa sagesse, il était le premier des Mykènaiens. Et il donna une grande gloire à Hektôr, car, en se retournant, il heurta le bord du grand bouclier qui le couvrait tout entier et le préservait des traits ; et, les pieds embarrassés, il tomba en arrière, et, dans sa chute, son casque résonna autour de ses tempes. Alors, Hektôr, l'ayant vu, accourut et lui perça la poitrine d'un coup de lance, au milieu de ses compagnons qui n'osèrent le secourir, tant ils redoutaient le divin Hektôr.
Et les Argiens qui, d'abord, étaient devant les nefs, se réfugiaient maintenant au milieu de celles qui, les premières, avaient été tirées sur le sable. Puis, cédant à la force, ils abandonnèrent aussi les intervalles de celles-ci, mais, s'arrêtant devant les tentes, ils ne se dispersèrent point dans le camp, car la honte et la terreur les retenaient, et ils s'exhortaient les uns les autres.
Alors, le Gérennien Nestôr, rempart des Akhaiens, attestant leurs parents, adjura chaque guerrier :
– Ô amis, soyez des hommes ! Craignez la honte en face des autres hommes. Souvenez-vous de vos fils, de vos femmes, de vos domaines, de vos parents qui vivent encore ou qui sont morts. Je vous adjure en leur nom de tenir ferme et de ne pas fuir.
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Il parla ainsi, et il ranima leur force et leur courage. Alors, Athènè dissipa la nuée épaisse qui couvrait leurs yeux, et la lumière se fit de toutes parts, autant sur les nefs que sur le champ de bataille. Et ceux qui fuyaient, comme ceux qui luttaient, et ceux qui combattaient auprès des nefs rapides, virent le brave Hektôr et ses compagnons.
Et il ne plut point à l'âme du magnanime Aias de rester où étaient les autres fils des Akhaiens. Et il s'avança, traversant les poupes des nefs et agitant un grand pieu cerclé d'airain et long de vingt-deux coudées. Comme un habile cavalier qui, ayant mis ensemble quatre chevaux très agiles, les pousse vers une grande ville, sur le chemin public, et que les hommes et les femmes admirent, tandis qu'il saute de l'un à l'autre, et qu'ils courent toujours ; de même Aias marchait rapidement sur les poupes des nefs, et sa voix montait dans l'Ouranos, tandis qu'il excitait par de grandes clameurs les Danaens à sauver les tentes et les nefs.
Hektôr, de son côté, ne restait point dans la foule des Troiens bien armés. Comme un aigle fauve qui tombe sur une multitude d'oiseaux, paissant le long d'un fleuve, oies, grues et cygnes aux longs cous ; de même Hektôr se précipita sur une nef à proue bleue. Et, de sa grande main, Zeus le poussait par derrière, et tout son peuple avec lui. Et, de nouveau, une violente mêlée s'engagea autour des nefs. On eût dit des hommes infatigables et indomptés se ruant à un premier combat, tant ils luttaient tous avec ardeur.
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Et les Akhaiens, n'espérant pas échapper au carnage, se croyaient destinés à la mort, et les Troiens espéraient, dans leur cœur, brûler les nefs et tuer les héros Akhaiens. Et ils se ruaient, avec ces pensées, les uns contre les autres.
Hektôr saisit la poupe de la nef belle et rapide qui avait amené Prôtésilaos à Troiè et qui n'avait point dû le ramener dans la terre de la patrie. Et les Akhaiens et les Troiens s'entre-tuaient pour cette nef. Et l'impétuosité des flèches et des piques ne leur suffisant plus, ils se frappaient, dans une même pensée, avec les doubles haches tranchantes, les grandes épées et les lances aiguës. Et beaucoup de beaux glaives à poignée noire tombaient sur le sable des mains et des épaules des hommes qui combattaient, et la terre était trempée d'un sang noir. Mais Hektôr saisissant de ses mains les ornements de la poupe, et s'y attachant, cria aux Troiens :
– Apportez le feu, et poussez des clameurs en vous ruant ! Zeus nous offre le jour de la vengeance en nous livrant ces nefs qui, venues vers Ilios contre la volonté des dieux, nous ont apporté tant de calamités, par la lâcheté des vieillards qui me retenaient et retenaient l'armée quand je voulais marcher et combattre ici. Mais si le prévoyant Zeus aveuglait alors notre esprit, maintenant c'est lui-même qui nous excite et nous pousse !
Il parla ainsi, et tous se jetèrent avec plus de fureur sur les Akhaiens.
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Et Aias ne put soutenir plus longtemps l'assaut, car il était accablé de traits ; et il recula, de peur de mourir, jusqu'au banc des rameurs, long de sept pieds, et il abandonna la poupe de la nef. Mais, du banc où il était, il éloignait à coups de lance chaque Troien qui apportait le feu infatigable. Et, avec d'horribles cris, il exhortait les Danaens :
– Ô amis, héros Danaens, serviteurs d'Arès, soyez des hommes ! Souvenez-vous de votre force et de votre courage. Pensez-vous trouver derrière vous d'autres défenseurs, ou une muraille plus inaccessible qui vous préserve de la mort ? Nous n'avons point ici de ville ceinte de tours d'où nous puissions repousser l'ennemi et assurer notre salut. Mais nous sommes ici dans les plaines des Troiens bien armés, acculés contre la mer, loin de la terre de la patrie, et notre salut est dans nos mains et non dans la lassitude du combat.
Il parla ainsi, et, furieux, il traversait de sa lance aiguë chaque Troien qui apportait le feu sur les nefs creuses afin de plaire à Hektôr et de lui obéir. Et, ceux-là, Aias les traversait de sa lance aiguë, et il en tua douze devant les nefs.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:45 | |
| Eils combattaient ainsi pour les nefs bien construites. Et Patroklos se tenait devant le prince des peuples, Akhilleus, versant de chaudes larmes, comme une source d'eau noire qui flue du haut d'un rocher. Et le divin Akhilleus en eut compassion, et il lui dit ces paroles ailées :
– Pourquoi pleures-tu, Patroklos, comme une petite fille qui court après sa mère, saisit sa robe et la regarde en pleurant jusqu'à ce que celle-ci la prenne dans ses bras ? Semblable à cette enfant, ô Patroklos, tu verses des larmes abondantes. Quel message as-tu pour les Myrmidones ou pour moi ? As-tu seul reçu quelque nouvelle de la Phthiè ? On dit cependant que le fils d'Aktôr, Ménoitios, et l'Aiakide Pèleus vivent encore parmi les Myrmidones. Certes, nous serions accablés, s'ils étaient morts. Mais peut-être pleures-tu pour les Argiens qui périssent auprès des nefs creuses, par leur propre iniquité ? Parle, ne me cache rien afin que nous sachions tous deux.
Et le cavalier Patroklos, avec un profond soupir, lui répondit :
– Ô Akhilleus, fils de Pèleus, le plus brave des Akhaiens, ne t'irrite point, car de grandes calamités accablent les Akhaiens. Déjà les plus braves d'entre eux gisent dans les nefs, frappés et blessés. Le robuste Tydéide Diomèdès est blessé, et Odysseus illustre par sa lance, et Agamemnôn.
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Eurypylos a la cuisse percée d'une flèche ; et les médecins les soignent et baignent leurs blessures avec des baumes. Mais toi, Akhilleus, tu es implacable ! Ô Pèlèiade, doué d'un courage inutile, qu'une colère telle que la tienne ne me saisisse jamais ! À qui viendras-tu désormais en aide, si tu ne sauves pas les Argiens de cette ruine terrible ? Ô inexorable ! Le cavalier Pèleus n'est point ton père, Thétis ne t'a point conçu. La mer bleue t'a enfanté et ton âme est dure comme les hauts rochers. Si tu fuis l'accomplissement d'un oracle, et si ta mère vénérable t'a averti de la part de Zeus, au moins envoie-moi promptement à la tête des Myrmidones, et que j'apporte une lueur de salut aux Danaens ! Laisse-moi couvrir mes épaules de tes armes. Les Troiens reculeront, me prenant pour toi, et les fils belliqueux des Akhaiens respireront, et nous chasserons facilement, nouveaux combattants, ces hommes écrasés de fatigue, loin des tentes et des nefs, vers leur ville.
Il parla ainsi, suppliant, l'insensé ! cherchant la mort et la kèr fatale. Et Akhilleus aux pieds rapides lui répondit en gémissant :
– Divin Patroklos, qu'as-tu dit ? Je ne m'inquiète d'aucun oracle, et ma mère vénérable ne m'a rien annoncé de la part de Zeus. Mais un noir chagrin est dans mon cœur et trouble mon esprit, depuis que cet homme, dont la puissance est la plus haute, m'a arraché ma récompense, à moi qui suis son égal ! Tel est le noir chagrin qui me ronge.
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Cette jeune femme que j'avais conquise par ma lance, après avoir renversé une ville aux fortes murailles, et que les fils des Akhaiens m'avaient donnée en récompense, le roi Atréide Agamemnôn me l'a arrachée des mains, comme à un vil vagabond ! Mais oublions le passé. Sans doute je ne puis nourrir dans mon cœur une colère éternelle. J'avais résolu de ne la déposer que le jour où les clameurs de la guerre parviendraient jusqu'à mes nefs. Couvre donc tes épaules de mes armes illustres, et mène les braves Myrmidones au combat, puisqu'une noire nuée de Troiens enveloppe les nefs. Voici que les Argiens sont acculés contre le rivage de la mer, dans un espace très-étroit, et toute la ville des Troiens s'est ruée sur eux avec audace, car ils ne voient point le front de mon casque resplendir. Certes, dans leur fuite, ils empliraient les fossés des champs de leurs cadavres, si le roi Agamemnôn ne m'avait point outragé ; et maintenant ils assiègent le camp. La lance furieuse du Tydéide Diomèdès ne s'agite plus dans ses mains pour sauver les Danaens de la mort, et je n'entends plus la voix de l'Atréide sortir de sa tête détestée, mais celle du tueur d'hommes Hektôr, qui excite les Troiens de toutes parts. Et la clameur de ceux-ci remplit toute la plaine, et ils bouleversent les Akhaiens. Va, Patroklos, rue-toi sur eux, et repousse cette ruine loin des nefs. Ne les laisse pas détruire les nefs par le feu ardent, et que le doux retour ne nous soit pas ravi. Mais garde mes paroles dans ton esprit, si tu veux que je sois honoré et glorifié par tous les Danaens, et qu'ils me rendent cette belle jeune femme et un grand nombre de présents splendides, par surcroît.
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Repousse les Troiens loin des nefs et reviens. Si l'Époux de Hèrè, qui tonne au loin, te donne la victoire, ne dompte pas sans moi les Troiens belliqueux ; car tu me couvrirais de honte, si, les ayant vaincus, et plein de l'orgueil et de l'ivresse du combat, tu menais l'armée à Ilios. Crains qu'un des dieux éternels ne se rue sur toi du haut de l'Olympos, surtout l'archer Apollôn qui protège les Troiens. Reviens après avoir sauvé les nefs, et laisse-les combattre dans la plaine. Qu'il vous plaise, ô père Zeus, ô Athènè, ô Apollôn, que nul d'entre les Troiens et les Akhaiens n'évite la mort, et que, seuls, nous survivions tous deux et renversions les murailles sacrées d'Ilios !
Et ils se parlaient ainsi. Mais Aias ne suffisait plus au combat, tant il était accablé de traits. Et l'esprit de Zeus et les Troiens illustres l'emportaient sur lui ; et son casque splendide, dont les aigrettes étaient rompues par les coups, sonnait autour de ses tempes, et son épaule fatiguée ne pouvait plus soutenir le poids du bouclier. Et cependant, malgré la nuée des traits, ils ne pouvaient l'ébranler, bien que respirant à peine, inondé de la sueur de tous ses membres, et haletant sous des maux multipliés.
Et Hektôr frappa de sa grande épée la lance de frêne d'Aias, et il la coupa là où la pointe se joignait au bois ; et le Télamônien Aias n'agita plus dans sa main qu'une lance mutilée, car la pointe d'airain, en tombant, sonna contre terre.
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Et Aias, dans son cœur irréprochable, reconnut avec horreur l'œuvre des dieux, et vit que Zeus qui tonne dans les hauteurs, domptant son courage, donnait la victoire aux Troiens. Et il se retira loin des traits, et les Troiens jetèrent le feu infatigable sur la nef rapide, et la flamme inextinguible enveloppa aussitôt la poupe, et Akhilleus, frappant ses cuisses, dit à Patroklos :
– Hâte-toi, divin Patroklos ! Je vois le feu ardent sur les nefs. Si elles brûlent, nous ne pourrons plus songer au retour. Revêts promptement mes armes, et j'assemblerai mon peuple.
Il parla ainsi, et Patroklos se couvrit de l'airain splendide. Il attacha de belles knèmides à ses jambes avec des agrafes d'argent ; il mit sur sa poitrine la cuirasse étincelante, aux mille reflets, du rapide Akhilleus, et il suspendit à ses épaules l'épée d'airain aux clous d'argent. Puis, il prit le grand et solide bouclier, et il posa sur sa noble tête le casque magnifique à la terrible aigrette de crins, et de ses mains il saisit de fortes piques ; mais il laissa la lance lourde, immense et solide, de l'irréprochable Aiakide, la lance Pèliade que Kheirôn avait apportée à son père bien-aimé des cimes du Pèlios, afin d'être la mort des héros. Et Patroklos ordonna à Automédôn, qu'il honorait le plus après Akhilleus, et qui lui était le plus fidèle dans le combat, d'atteler les chevaux au char.
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Et c'est pourquoi Automédôn soumit au joug les chevaux rapides, Xanthos et Balios, qui, tous deux, volaient comme le vent, et que la Harpye Podargè avait conçus de Zéphyros, lorsqu'elle paissait dans une prairie aux bords du fleuve Okéanos. Et Automédôn lia au-delà du timon l'irréprochable Pèdasos qu'Akhilleus avait amené de la ville saccagée de Êétiôn. Et Pèdasos, bien que mortel, suivait les chevaux immortels.
Et Akhilleus armait les Myrmidones sous leurs tentes. De même que des loups mangeurs de chair crue et pleins d'une grande force qui, dévorant un grand cerf rameux qu'ils ont tué sur les montagnes, vont en troupe, la gueule rouge de sang et vomissant le sang, laper de leurs langues légères les eaux de la source noire, tandis que leur ventre s'enfle et que leur cœur est toujours intrépide ; de même les chefs des Myrmidones se pressaient autour du brave compagnon du rapide Aiakide. Et, au milieu d'eux, le belliqueux Akhilleus excitait les porteurs de boucliers et les chevaux.
Et Akhilleus cher à Zeus avait conduit à Troiè cinquante nefs rapides, et cinquante guerriers étaient assis sur les bancs de rameurs de chacune, et cinq chefs les commandaient sous ses ordres.
Et le premier chef était Ménèsthios à la cuirasse étincelante, aux mille reflets, fils du fleuve Sperkhios qui tombait de Zeus.
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Et la belle Polydorè, fille de Pèleus, femme mortelle épouse d'un dieu, l'avait conçu de l'infatigable Sperkhios ; mais Bôros, fils de Périèreus, l'ayant épousée en la dotant richement, passait pour être le père de Ménèsthios.
Et le deuxième chef était le brave Eudôros, conçu en secret, et qu'avait enfanté la belle Polymèlè, habile dans les danses, fille de Phylas. Et le tueur d'Argos l'aima, l'ayant vue dans un chœur de la tumultueuse Artémis à l'arc d'or. Et l'illustre Herméias, montant aussitôt dans les combles de la demeure, coucha secrètement avec elle, et elle lui donna un fils illustre, l'agile et brave Eudôros. Et après qu'Eiléithya qui préside aux douloureux enfantements l'eut conduit à la lumière, et qu'il eut vu la splendeur de Hélios, le robuste Aktoride Ekhékhleus conduisit Polymèlè dans ses demeures et lui fit mille dons nuptiaux. Et le vieux Phylas éleva et nourrit avec soin Eudôros, comme s'il était son fils.
Et le troisième chef était le brave Peisandros Maimalide qui excellait au combat de la lance, parmi les Myrmidones, après Patroklos.
Et le quatrième chef était le vieux cavalier Phoinix, et le cinquième était l'irréprochable Akhimédôn, fils de Laerkeus.
Et Akhilleus, les ayant tous rangés sous leurs chefs, leur dit en paroles sévères :
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– Myrmidones, qu'aucun de vous n'oublie les menaces que, dans les nefs rapides, vous adressiez aux Troiens, durant les jours de ma colère, quand vous m'accusiez moi-même, disant : – Ô dur fils de Pèleus, sans doute une mère farouche t'a nourri de fiel, toi qui retiens de force tes compagnons sur leurs nefs ! Que nous retournions au moins dans nos demeures sur les nefs qui fendent la mer, puisqu'une colère inexorable est entrée dans ton cœur. – Souvent vous me parliez ainsi. Aujourd'hui, voici le grand combat dont vous étiez avides. Que chacun de vous, avec un cœur solide, lutte donc contre les Troiens.
Il parla ainsi, et il excita la force et le courage de chacun, et ils serrèrent leurs rangs. De même qu'un homme fortifie de pierres épaisses le mur d'une haute maison qui soutiendra l'effort des vents, de même les casques et les boucliers bombés se pressèrent, tous se soutenant les uns les autres, boucliers contre boucliers, casques à crinières étincelantes contre casques, homme contre homme. Et Patroklos et Automédôn, qui n'avaient qu'une âme, se mirent en tête des Myrmidones.
Mais Akhilleus entra sous sa tente, et souleva le couvercle d'un coffre riche et bien fait, et plein de tuniques, de manteaux impénétrables au vent et de tapis velus. Et là se trouvait une coupe d'un beau travail dans laquelle le vin ardent n'avait été versé que pour Akhilleus seul entre tous les hommes, et qui n'avait fait de libations qu'au père Zeus seul entre tous les dieux.
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Et, l'ayant retirée du coffre, il la purifia avec du soufre, puis il la lava avec de l'eau pure et claire, et il lava ses mains aussi ; et, puisant le vin ardent, faisant des libations et regardant l'Ouranos, il pria debout au milieu de tous, et Zeus qui se réjouit de la foudre l'entendit et le vit :
– Zeus ! roi Dôdônaien, Pélasgique, qui, habitant au loin, commandes sur Dôdônè enveloppée par l'hiver, au milieu de tes divinateurs, les Selles, qui ne se lavent point les pieds et dorment sur la terre, si tu as déjà exaucé ma prière, et si, pour m'honorer, tu as rudement châtié le peuple des Akhaiens, accomplis encore mon vœu ! Je reste dans l'enceinte de mes nefs, mais j'envoie mon compagnon combattre en tête de nombreux Myrmidones. Ô Prévoyant Zeus ! donne-lui la victoire, affermis son cœur dans sa poitrine, et que Hektôr apprenne que mon compagnon sait combattre seul et que ses mains robustes n'attendent point pour agir que je me rue dans le carnage d'Arès. Mais, ayant repoussé la guerre et ses clameurs loin des nefs, qu'il revienne, sain et sauf, vers mes nefs rapides, avec mes armes et mes braves compagnons !
Il parla ainsi en priant, et le sage Zeus l'entendit, et il exauça une partie de sa prière, et il rejeta l'autre. Il voulut bien que Patroklos repoussât la guerre et le combat loin des nefs, mais il ne voulut pas qu'il revînt sain et sauf du combat.
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Après avoir fait des libations et supplié le père Zeus, le Pèléide rentra sous sa tente et déposa la coupe dans le coffre ; et il sortit de nouveau pour regarder la rude mêlée des Troiens et des Akhaiens.
Et les Myrmidones, rangés sous le magnanime Patroklos, se ruèrent, pleins d'ardeur, contre les Troiens. Et ils se répandaient semblables à des guêpes, nichées sur le bord du chemin, et que des enfants se plaisent à irriter dans leurs nids. Et ces insensés préparent un grand mal pour beaucoup ; car, si un voyageur les excite involontairement au passage, les guêpes au cœur intrépide tourbillonnent et défendent leurs petits. Ainsi les braves Myrmidones se répandaient hors des nefs ; et une immense clameur s'éleva ; et Patroklos exhorta ainsi ses compagnons à voix haute :
– Myrmidones, compagnons du Pèléide Akhilleus, amis, soyez des hommes, et souvenez-vous de votre force et de votre courage, afin d'honorer le Pèléide, le plus brave des hommes, auprès des nefs des Argiens, et nous, ses belliqueux compagnons. Et que l'Atréide Agamemnôn qui commande au loin reconnaisse sa faute, lui qui a outragé le plus brave des Akhaiens.
Il parla ainsi, et il excita leur force et leur courage, et ils se ruèrent avec fureur sur les Troiens, et les nefs résonnèrent des hautes clameurs des Akhaiens. Et, alors, les Troiens virent le brave fils de Ménoitios et son compagnon, tous deux resplendissants sous leurs armes.
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:46 | |
| Leurs cœurs en furent émus, et leurs phalanges se troublèrent ; et ils crurent que le Pèléide aux pieds rapides avait déposé sa colère auprès des nefs. Et chacun regardait de tous côtés comment il éviterait la mort.
Et Patroklos, le premier, lança sa pique éclatante au plus épais de la mêlée tumultueuse, autour de la poupe de la nef du magnanime Prôtésilaos. Et il frappa Pyraikhmès, qui avait amené les cavaliers Paiones d'Amydônè et des bords de l'Axios au large cours ; et il le frappa à l'épaule droite, et Pyraikhmès tomba dans la poussière en gémissant, et les Paiones prirent la fuite. Patroklos les dispersa tous ainsi, ayant tué leur chef qui excellait dans le combat. Et il arracha le feu de la nef, et il l'éteignit. Et les Troiens, dans un immense tumulte, s'enfuirent loin de la nef à demi brûlée, et les Danaens, sortant en foule des nefs creuses, se jetèrent sur eux, et une haute clameur s'éleva. De même que, le foudroyant Zeus ayant dissipé les nuées noires au faîte d'une grande montagne, tout apparaît soudainement, les cavernes, les cimes aiguës et les bois, et qu'une immense sérénité se répand dans l'aithèr ; de même les Danaens respirèrent après avoir éloigné des nefs la flamme ennemie. Mais ce ne fut point la fin du combat. Les Troiens, repoussés des nefs noires par les Akhaiens belliqueux, ne fuyaient point bouleversés, mais ils résistaient encore, bien que cédant à la nécessité. Alors, dans la mêlée élargie, chaque chef Akhaien tua un guerrier.
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Et, le premier de tous, le brave fils de Ménoitios perça de sa pique aiguë la cuisse d'Arèilykos qui fuyait. L'airain traversa la cuisse et brisa l'os, et l'homme tomba la face contre terre. Et le brave Ménélaos frappa Thoas à l'endroit de la poitrine que le bouclier ne couvrait pas, et il rompit ses forces. Et le Phyléide, voyant Amphiklos qui s'élançait, le prévint en le frappant au bas de la cuisse, là où les muscles sont très-épais ; et la pointe d'airain déchira les nerfs, et l'obscurité couvrit les yeux d'Amphiklos. Et la lance aiguë du Nestôride blessa Atymnios, et l'airain traversa les entrailles, et le Troien tomba devant Antilokhos. Et Maris, irrité de la mort de son frère, et debout devant le cadavre, lança sa pique contre Antilokhos ; mais le divin Thrasymèdès le prévint, comme il allait frapper, et le perça près de l'épaule, et la pointe d'airain, tranchant tous les muscles, dépouilla l'os de toute sa chair. Et Maris tomba avec bruit, et un noir brouillard couvrit ses yeux. Ainsi descendirent dans l'Érébos deux frères, braves compagnons de Sarpèdôn, et tous deux fils d'Amisôdaros qui avait nourri l'indomptable Khimaira pour la destruction des hommes.
Aias Oiliade saisit vivant Kléoboulos embarrassé dans la mêlée, et il le tua en le frappant de son épée à la gorge, et toute l'épée y entra chaude de sang, et la mort pourprée et la Moire violente obscurcirent ses yeux. Pènéléôs et Lykôn, s'attaquant, se manquèrent de leurs lances et combattirent avec leurs épées.
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Lykôn frappa le cône du casque à aigrette de crins, et l'épée se rompit ; mais Pènéléôs le perça au cou, sous l'oreille, et l'épée y entra tout entière, et la tête fut suspendue à la peau, et Lykôn fut tué. Et Mèrionès, poursuivant avec rapidité Akamas qui montait sur son char, le frappa à l'épaule droite, et le Troien tomba du char, et une nuée obscurcit ses yeux.
Idoméneus frappa de sa pique Érymas dans la bouche, et la pique d'airain pénétra jusque dans la cervelle en brisant les os blancs ; et toutes les dents furent ébranlées, et les deux yeux s'emplirent de sang, et le sang jaillit de la bouche et des narines, et la nuée noire de la mort l'enveloppa.
Ainsi les chefs Danaens tuèrent chacun un guerrier. De même que des loups féroces se jettent, dans les montagnes, sur des agneaux ou des chevreaux que les bergers imprudents ont laissés, dispersés çà et là, et qui les emportent tout tremblants ; de même les Danaens bouleversaient les Troiens qui fuyaient tumultueusement, oubliant leur force et leur courage.
Et le grand Aias désirait surtout atteindre Hektôr arme d'airain ; mais celui-ci, habile au combat, couvrant ses larges épaules de son bouclier de peau de taureau, observait le bruit strident des flèches et le son des piques. Et il comprenait les chances du combat ; et toujours ferme, il protégeait ses chers compagnons.
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De même qu'une nuée monte de l'Olympos jusque dans l'Ouranos, quand Zeus excite la tempête dans la sérénité de l'aithèr, de même la clameur et la fuite s'élançaient des nefs. Et les Troiens ne repassèrent point le fossé aisément. Les chevaux rapides de Hektôr l'emportèrent loin de son peuple que le fossé profond arrêtait. Et une multitude de chevaux s'y précipitaient, brisant les timons et abandonnant les chars des princes. Et Patroklos les poursuivait avec fureur, exhortant les Danaens et méditant la ruine des Troiens. Et ceux-ci, pleins de clameurs, emplissaient les chemins de leur fuite ; et une vaste poussière montait vers les nuées, et les chevaux aux sabots massifs couraient vers la ville, loin des nefs et des tentes. Et Patroklos poussait, avec des cris menaçants, cette armée bouleversée. Et les hommes tombaient hors des chars sous les essieux, et les chars bondissants retentissaient. Et les chevaux immortels et rapides, illustres présents des dieux à Pèleus, franchirent le fossé profond, pleins du désir de la course. Et le cœur de Patroklos le poussait vers Hektôr, afin de le frapper de sa pique ; mais les chevaux rapides du Priamide l'avaient emporté.
Dans les jours de l'automne, quand la terre est accablée sous de noirs tourbillons, et quand Zeus répand une pluie abondante, irrité contre les hommes qui jugeaient avec iniquité dans l'agora et chassaient la justice, sans respect des dieux, de même qu'ils voient maintenant les torrents creuser leurs campagnes et se précipiter dans la mer pourprée du haut des rochers escarpés, détruisant de tous côtés les travaux des hommes ; de même on voyait les cavales troiennes courir épouvantées.
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Et Patroklos, ayant rompu les premières phalanges, les repoussa vers les nefs et ne leur permit pas de regagner la ville qu'elles désiraient atteindre. Et il les massacrait, en les poursuivant, entre les nefs, le fleuve et les hautes murailles, et il tirait vengeance d'un grand nombre d'hommes. Et il frappa d'abord Pronoos, de sa pique éclatante, dans la poitrine découverte par le bouclier. Et les forces du Troien furent rompues, et il retentit en tombant. Et il attaqua Thestôr, fils d'Énops. Et Thestôr était affaissé sur le siège du char, l'esprit troublé ; et les rênes lui étaient tombées des mains. Patroklos le frappa de sa lance à la joue droite, et l'airain passa à travers les dents, et, comme il le ramenait, il arracha l'homme du char. Ainsi un homme, assis au faîte d'un haut rocher qui avance, à l'aide de l'hameçon brillant et de la ligne, attire un grand poisson hors de la mer. Ainsi Patroklos enleva du char, à l'aide de sa lance éclatante, Thestôr, la bouche béante ; et celui-ci, en tombant, rendit l'âme. Puis il frappa d'une pierre dans la tête Éryalos, qui s'élançait, et dont la tête s'ouvrit en deux, sous le casque solide, et qui tomba et rendit l'âme, enveloppé par la mort. Puis, Patroklos coucha, domptés, sur la terre nourricière, Érymas, Amphotéros, Épaltès, Tlépolémos Damastoride, Ékhios, Pyrès, Ipheus, Évippos et l'Argéade Polymèlos. Mais Sarpèdôn, voyant ses compagnons tués et dépouillés de leurs armes par les mains du Ménoitiade Patroklos, exhorta les irréprochables Lykiens :
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– Ô honte ! Pourquoi fuyez-vous, Lykiens ? Vous êtes maintenant bien rapides ! J'irai contre ce guerrier, et je saurai s'il me domptera, lui qui a accablé les Troiens de tant de maux et qui a rompu les genoux de tant de braves.
Il parla ainsi, et il sauta avec ses armes, de son char, sur la terre. Et Patroklos le vit et sauta de son char. De même que deux vautours aux becs recourbés et aux serres aiguës, sur une roche escarpée luttent avec de grands cris ; de même ils se ruèrent l'un sur l'autre avec des clameurs. Et le fils du subtil Kronos les ayant vus, fut rempli de compassion, et il dit à Hèrè, sa sœur et son épouse :
– Hélas ! voici que la destinée de Sarpèdôn qui m'est très-cher parmi les hommes, est d'être tué par le Ménoitiade Patroklos, et mon cœur hésitant délibère dans ma poitrine si je le transporterai vivant du combat lamentable au milieu du riche peuple de Lykiè, ou si je le dompterai par les mains du Ménoitiade.
Et la vénérable Hèrè aux yeux de bœuf lui répondit :
– Redoutable Kronide, quelle parole as-tu dite ? Tu veux affranchir de la triste mort un homme mortel depuis longtemps voué au destin ? Fais-le, mais nous tous, les dieux, nous ne t'approuverons pas. Je te dirai ceci, et retiens-le dans ton esprit : Si tu envoies Sarpèdôn vivant dans ses demeures, songe que, désormais, chacun des dieux voudra aussi sauver un fils bien-aimé de la rude mêlée.
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Il y a, en effet, beaucoup de fils des dieux qui combattent autour de la grande ville de Priamos, de ces dieux que tu auras irrités. Si Sarpèdôn t'est cher et que ton cœur le plaigne, laisse-le tomber dans la rude mêlée sous les mains du Ménoitiade Patroklos ; mais dès qu'il aura rendu l'âme et la vie, envoie Thanatos et le doux Hypnos afin qu'ils le transportent chez le peuple de la grande Lykiè. Ses parents et ses concitoyens l'enseveliront, et ils lui élèveront un tombeau et une colonne ; car c'est là l'honneur des morts.
Elle parla ainsi, et le père des hommes et des dieux consentit. Et il versa sur la terre une pluie de sang, afin d'honorer son fils bien-aimé que Patroklos devait tuer dans la fertile Troiè, loin de sa patrie.
Et les deux héros s'étant rencontrés, Patroklos frappa dans le ventre l'illustre Thrasymèdès qui conduisait le char du roi Sarpèdôn, et il le tua. Et Sarpèdôn s'élança ; mais sa pique éclatante, s'étant égarée, blessa à l'épaule le cheval Pèdasos qui hennit, tomba dans la poussière et rendit l'âme. Et ses compagnons se cabrèrent, et le joug cria, et les rênes furent entremêlées. Mais le brave Automédôn mit fin à ce trouble. Il se leva, et, tirant la longue épée qui pendait sur sa cuisse robuste, il trancha les traits qui étaient au-delà du timon. Et les deux autres chevaux, se remettant au joug, obéirent aux rênes, et les deux guerriers continuèrent le combat lamentable.
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Alors la pique éclatante de Sarpèdôn s'égara encore, car la pointe d'airain effleura l'épaule gauche de Patroklos sans le blesser. Et celui-ci se rua avec l'airain, et le trait ne s'échappa point vainement de sa main, car il frappa Sarpèdôn à cette cloison qui enferme le cœur vivant. Et il tomba comme tombe un chêne, ou un peuplier, ou un grand pin que les bûcherons, sur les montagnes, coupent de leurs haches tranchantes, pour construire des nefs. Et il était étendu devant ses chevaux et son char, grinçant des dents et saisissant la poussière sanglante. De même qu'un taureau magnanime qu'un lion fauve a saisi parmi les bœufs aux pieds flexibles, et qui meurt en mugissant sous les dents du lion, de même le roi des Lykiens porteurs de boucliers gémissait, dompté par Patroklos. Et il appela son cher compagnon
– Ami Glaukos, brave entre les hommes, c'est maintenant qu'il te faut combattre intrépidement. Si la mêlée lamentable ne trouble point ton cœur, sois prompt. Les appelant de tous côtés, exhorte les chefs Lykiens à combattre pour Sarpèdôn, et combats toi-même pour moi. Je serais à jamais ton opprobre et ta honte si les Akhaiens me dépouillaient de mes armes dans le combat des nefs. Sois ferme, et exhorte tout mon peuple.
Il parla ainsi, et l'ombre de la mort couvrit ses yeux et ses narines. Et Patroklos, lui mettant le pied sur la poitrine, arracha sa lance, et les entrailles la suivirent, et le Ménoitiade arracha en même temps sa lance et l'âme de Sarpèdôn.
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Les Myrmidones saisirent les chevaux haletants et qui voulaient fuir depuis que le char de leurs maîtres était vide. Mais, en entendant la voix de Sarpèdôn, Glaukos ressentit une amère douleur, et son cœur fut déchiré de ne pouvoir le secourir. Pressant de sa main son bras cruellement blessé par la flèche que lui avait lancée Teukros, du haut de la muraille, en défendant ses compagnons, il supplia ainsi l'archer Apollôn :
– Entends-moi, ô roi ! soit de la riche Lykiè, soit de Troiè, car tu peux entendre de tout lieu les plaintes de l'homme qui gémit, et voici que la douleur me ronge. Je subis une blessure cruelle, et ma main est en proie à de grands maux, et mon sang coule sans cesse, et mon épaule est très-lourde, et je ne puis ni saisir ma lance, ni combattre l'ennemi. Et voici que le plus illustre des hommes est mort, Sarpèdôn, fils de Zeus qui n'a point secouru son fils. Mais toi, ô roi ! guéris cette blessure amère, apaise mon mal, afin que j'excite les Lykiens à combattre et que je combatte moi-même pour ce cadavre.
Il parla ainsi en priant, et Phoibos Apollôn l'entendit et apaisa aussitôt sa douleur. Et le sang noir cessa de couler de sa blessure amère, et la force lui fut rendue. Glaukos connut dans son esprit que le grand dieu avait exaucé sa prière, et il se réjouit. Et d'abord, courant de tous côtés, il excita les chefs Lykiens à combattre pour Sarpèdôn puis, marchant à grands pas vers les Troiens, il chercha Polydamas Panthoide, le divin Agènôr, Ainéias et Hektôr armé d'airain, et il leur dit ces paroles ailées :
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:49 | |
| EektôH, tur oublies tes alliés qui, pour toi, rendent l'âme loin de leurs amis et de la terre de la patrie, et tu refuses de les secourir. Le chef des Lykiens porteurs de boucliers est mort, Sarpèdôn, qui protégeait la Lykiè par sa justice et par sa vertu. Arès d'airain l'a tué par la lance de Patroklos. Venez, amis, et indignez-vous. Que les Myrmidones, irrités à cause de tant d'Akhaiens que nous avons tués de nos lances rapides auprès des nefs, n'enlèvent point les armes et n'insultent point le cadavre de Sarpèdôn.
Il parla ainsi, et une intolérable et irrésistible douleur saisit les Troiens, car Sarpèdôn, bien qu'étranger, était le rempart de leur ville, et des peuples nombreux le suivaient, et lui-même excellait dans le combat. Et ils marchèrent avec ardeur droit aux Danaens, menés par Hektôr irrité à cause de Sarpèdôn. Mais le cœur solide de Patroklos Ménoitiade excitait aussi les Akhaiens, et il dit aux deux Aias prompts aux combats :
– Aias ! soyez aujourd'hui tels que vous avez toujours été parmi les plus braves et les meilleurs. Il est tombé l'homme qui, le premier, a franchi le mur des Akhaiens, Sarpèdôn ! Insultons ce cadavre et arrachons ses armes de ses épaules, et tuons de l'airain tous ceux de ses compagnons qui voudraient le défendre.
Il parla ainsi, et les Aias se hâtèrent de lui venir en aide ; et de chaque côté, Troiens, Lykiens, Myrmidones et Akhaiens, serrant leurs phalanges, se ruaient avec d'horribles clameurs autour du cadavre, et les armes des hommes retentissaient.
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Et Zeus répandit sur la mêlée une obscurité affreuse, afin que le labeur du combat pour son fils bien-aimé fût plus terrible. Et d'abord les Troiens repoussèrent les Akhaiens aux sourcils arqués ; et un des meilleurs parmi les Myrmidones fut tué, le divin Épeigeus, fils du magnanime Agakleus. Et Épeigeus commandait autrefois dans Boudéiôn bien peuplée ; mais, ayant tué son brave beau-frère, il vint en suppliant auprès de Pèleus et de Thétis aux pieds d'argent, qui l'envoyèrent, avec le mâle Akhilleus, vers Ilios aux beaux chevaux, combattre les Troiens. Et comme il mettait la main sur le cadavre, l'illustre Hektôr le frappa d'une pierre à la tête, et la tête se fendit en deux, sous le casque solide ; et il tomba la face sur le cadavre. Puis, l'affreuse mort l'enveloppa lui-même, et Patroklos fut saisi de douleur, à cause de son compagnon tué.
Et il se rua à travers les combattants, semblable à un épervier rapide qui terrifie les geais et les étourneaux. Ainsi le cavalier Patroklos se rua contre les Lykiens et les Troiens, irrité dans son cœur à cause de son compagnon. Et il frappa d'une pierre au cou Sthénélaos Ithaiménide, et les nerfs furent rompus ; et les premiers rangs et l'illustre Hektôr reculèrent d'autant d'espace qu'en parcourt une pique bien lancée, dans le combat contre des hommes intrépides ou dans les jeux. Autant reculèrent les Troiens et s'avancèrent les Akhaiens.
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Et, le premier, Glaukos, chef des Lykiens porteurs de boucliers, se retournant, tua le magnanime Bathykleus, fils bien-aimé de Khalkôn, qui habitait l'Hellas et qui était illustre parmi les Myrmidones par ses domaines et par ses richesses. Et, Bathykleus le poursuivant, Glaukos se retourna subitement et le frappa de sa lance au milieu de la poitrine, et il tomba avec bruit, et une lourde douleur saisit les Akhaiens quand le guerrier tomba, et les Troiens se réjouirent ; mais les Akhaiens infatigables, se souvenant de leur courage, se jetèrent en foule autour du cadavre.
Alors Mèrionès tua un guerrier Troien, le brave Laogôn, fils d'Onètôr, prêtre de Zeus Idaien, et que le peuple honorait comme un dieu. Il le frappa sous la mâchoire et l'oreille, et l'âme abandonna aussitôt ses membres, et l'affreux brouillard l'enveloppa. Et Ainéias lança sa pique d'airain contre Mèrionès, et il espérait l'atteindre sous le bouclier, comme il s'élançait ; mais celui-ci évita la pique d'airain en se courbant, et la longue pique s'enfonça en terre et vibra jusqu'à ce que le robuste Arès eût épuisé sa force. Et la pique d'Ainéias vibrait ainsi parce qu'elle était partie d'une main vigoureuse. Et Ainéias, irrité, lui dit :
– Mèrionès, bien que tu sois un agile sauteur, ma pique t'eût rendu immobile à jamais, si je t'avais atteint.
Et Mèrionès illustre par sa lance lui répondit :
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– Ainéias, il te sera difficile, malgré ta vigueur, de rompre les forces de tous ceux qui te combattront. Si moi aussi, je t'atteignais de l'airain aigu, bien que tu sois robuste et confiant dans tes forces, tu me donnerais la gloire et ton âme à Aidès illustre par ses chevaux.
Il parla ainsi, et le robuste fils de Ménoitios le réprimanda :
– Mèrionès, pourquoi tant parler, étant brave ? Ô ami ! ce n'est point par des paroles outrageantes que tu repousseras les Troiens loin de ce cadavre. La fin de la guerre est dans nos mains. Les paroles conviennent à l'agora. Il ne s'agit point ici de parler, mais de combattre.
Il parla ainsi, et marcha en avant, et le divin Mèrionès le suivit. Et de même que les bûcherons font un grand tumulte dans les gorges des montagnes, et que l'écho retentit au loin ; de même la grande plaine frémissait sous les guerriers qui frappaient, de leurs épées et de leurs lances, l'airain et le cuir des solides boucliers ; et nul n'aurait plus reconnu le divin Sarpèdôn, tant il était couvert de traits, de sang et de poussière. Et tous se ruaient sans cesse autour de son cadavre, comme les mouches qui bourdonnent, au printemps, dans l'étable, autour des vases remplis de lait. C'est ainsi qu'ils se ruaient en foule autour de ce cadavre.
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Et Zeus, ne détournant point ses yeux splendides de la rude mêlée, délibérait dans son esprit sur la mort de Patroklos, hésitant si l'illustre Hektôr le tuerait de suite avec l'airain, dans la mêlée, sur le divin Sarpèdôn, et lui arracherait ses armes des épaules, ou si la rude mêlée serait prolongée pour la mort d'un plus grand nombre. Et il sembla meilleur à Zeus que le brave compagnon du Pèléide Akhilleus repoussât, vers la ville, Hektôr et les Troiens, et arrachât l'âme de beaucoup de guerriers. Et c'est pourquoi il amollit le courage de Hektôr qui, montant sur son char, prit la fuite en ordonnant aux Troiens de fuir aussi, car il avait reconnu les balances sacrées de Zeus. Et les illustres Lykiens ne restèrent point, et ils prirent aussi la fuite en voyant leur roi couché, le cœur percé, au milieu des cadavres, car beaucoup étaient tombés pendant que le Kroniôn excitait le combat. Et les Akhaiens arrachèrent des épaules de Sarpèdôn ses belles armes resplendissantes, et le robuste fils de Ménoitios les donna à ses compagnons pour être portées aux nefs creuses. Et alors Zeus qui amasse les nuées dit à Apollôn :
– Va maintenant, cher Phoibos. Purifie Sarpèdôn, hors de la mêlée, du sang noir qui le souille. Lave-le dans les eaux du fleuve, et, l'ayant oint d'ambroisie, couvre-le de vêtements immortels. Puis, remets-le aux Jumeaux rapides, Hypnos et Thanatos, pour qu'ils le portent chez le riche peuple de la grande Lykiè. Ses parents et ses amis l'enseveliront et lui élèveront un tombeau et une colonne, car c'est là l'honneur des morts.
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Il parla ainsi, et Apollôn, se hâtant d'obéir à son père, descendit des cimes Idaiennes dans la mêlée et enleva Sarpèdôn loin des traits. Et il le transporta pour le laver dans les eaux du fleuve, l'oignit d'ambroisie, le couvrit de vêtements immortels et le confia aux Jumeaux rapides, Hypnos et Thanatos, qui le transportèrent aussitôt chez le riche peuple de la grande Lykiè.
Et Patroklos, excitant Automédôn et ses chevaux, poursuivait les Lykiens et les Troiens, pour son malheur, l'insensé ! car s'il avait obéi à l'ordre du Pèléide, il aurait évité la kèr mauvaise de la noire mort. Mais l'esprit de Zeus est plus puissant que celui des hommes. Il terrifie le brave que lui-même a poussé au combat, et il lui enlève la victoire.
Et, maintenant, quel fut le premier, quel fut le dernier que tu tuas, ô Patroklos, quand les dieux préparèrent ta mort ? Adrèstès, Autonoos et Ekhéklos, Périmos Mégade et Épistôr, et Mélanippos ; puis, Élasos, Moulios et Phylartès. Il tua ceux-ci, et les autres échappèrent par la fuite. Et alors les fils des Akhaiens eussent pris la haute Ilios par les mains de Patroklos furieux, si Phoibos Apollôn, debout au faîte d'une tour solide, préparant la perte du Ménoitiade, ne fût venu en aide aux Troiens. Et trois fois Patroklos s'élança jusqu'au relief de la haute muraille, et trois fois Apollôn le repoussa de ses mains immortelles, en heurtant son bouclier éclatant. Et, quand il s'élança une quatrième fois, semblable à un dieu, l'archer Apollôn lui dit ces paroles menaçantes :
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| | | coco_the_killer
Nombre de messages : 217 Date d'inscription : 11/01/2006
| Sujet: Re: L'Illiade Sam 28 Jan - 17:49 | |
| – Retire-toi, divin Patroklos. Il n'est pas dans ta destinée de renverser de ta lance la haute citadelle des magnanimes Troiens. Akhilleus lui-même ne le pourra point, bien qu'il te soit très-supérieur.
Il parla ainsi, et Patroklos recula au loin pour éviter la colère de l'archer Apollôn. Et Hektôr, retenant ses chevaux aux sabots solides près des Portes Skaies, hésitait s'il retournerait au combat, ou s'il ordonnerait aux troupes de se renfermer dans les murailles.
Et Phoibos Apollôn s'approcha de lui, semblable au jeune et brave guerrier Asios, fils de Dymas, frère de Hékabè et oncle du dompteur de chevaux Hektôr, et qui habitait la Phrygiè sur les bords du Sangarios. Et, semblable à Asios, Phoibos Apollôn dit à Hektôr :
– Hektôr, pourquoi t'éloignes-tu du combat ? Cela ne te convient pas. Plût aux dieux que je te fusse supérieur autant que je te suis inférieur, il te serait fatal d'avoir quitté le combat. Allons, pousse tes chevaux aux sabots massifs contre Patroklos. Tu le tueras peut-être, et Apollôn te donnera la victoire.
Ayant ainsi parlé, le dieu rentra dans la foule des guerriers. Et l'illustre Hektôr ordonna au brave Kébrionès d'exciter ses chevaux vers la mêlée. Et Apollôn, au milieu de la foule, répandit le trouble parmi les Argiens et accorda la victoire à Hektôr et aux Troiens.
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Et le Priamide, laissant tous les autres Danaens, poussait vers le seul Patroklos ses chevaux aux sabots massifs. Et Patroklos, de son côté, sauta de son char, tenant sa pique de la main gauche. Et il saisit de la droite un morceau de marbre, rude et anguleux, d'abord caché dans sa main, et qu'il lança avec effort. Et ce ne fut pas en vain, car cette pierre aiguë frappa au front le conducteur de chevaux Kébrionès, bâtard de l'illustre Priamos. Et la pierre coupa les deux sourcils, et l'os ne résista pas, et les yeux du Troien jaillirent à ses pieds dans la poussière. Et, semblable au plongeur, il tomba du char, et son âme abandonna ses membres. Et le cavalier Patroklos cria avec une raillerie amère :
– Ah ! certes, voici un homme agile ! Comme il plonge ! Vraiment, il rassasierait de coquillages toute une multitude, en sautant de sa nef dans la mer, même si elle était agitée, puisqu'il plonge aussi aisément du haut d'un char. Certes, il y a d'excellents plongeurs parmi les Troiens !
Ayant ainsi parlé, il s'élança sur le héros Kébrionès, comme un lion impétueux qui va dévaster une étable et recevoir une blessure en pleine poitrine, car il se perd par sa propre ardeur. Ainsi, Patroklos, tu te ruas sur Kébrionès. Et le Priamide sauta de son char, et tous deux luttèrent pour le cadavre, comme deux lions pleins de faim combattent, sur les montagnes, pour une biche égorgée.
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Ainsi, sur le cadavre de Kébrionès, les deux habiles guerriers, Patroklos Ménoitiade et l'illustre Hektôr, désiraient se percer l'un l'autre de l'airain cruel. Et le Priamide tenait le cadavre par la tête et ne lâchait point prise, tandis que Patroklos le tenait par les pieds. Et les Troiens et les Danaens engagèrent alors un rude combat.
De même que l'Euros et le Notos, par leur rencontre furieuse, bouleversent, dans les gorges des montagnes, une haute forêt de hêtres, de frênes et de cornouillers à écorce épaisse, qui heurtent leurs vastes rameaux et se rompent avec bruit ; ainsi les Troiens et les Akhaiens, se ruant les uns sur les autres, combattaient et ne fuyaient point honteusement. Et les lances aiguës, et les flèches ailées qui jaillissaient des nerfs s'enfonçaient autour de Kébrionès, et de lourds rochers brisaient les bouchers. Et là, Kébrionès gisait, grand, oublieux des chevaux et du char, et dans un tourbillon de poussière. Aussi longtemps que Hélios tint le milieu de l'Ouranos, les traits jaillirent des deux côtés, et les deux peuples périssaient également ; mais lorsqu'il déclina, les Akhaiens furent les plus forts et ils entraînèrent le héros Kébrionès loin des traits et du tumulte des Troiens, et ils lui arrachèrent ses armes des épaules.
Et Patroklos, méditant la perte des Troiens, se rua en avant. Il se rua trois fois, tel que le rapide Arès, poussant des cris horribles, et il tua neuf guerriers. Mais quand il s'élança une quatrième fois, semblable à un dieu, alors, Patroklos, la fin de ta vie approcha ! Phoibos à travers la mêlée, vint à lui, terrible.
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Et le Ménoitiade ne vit point le dieu qui s'était enveloppé d'une épaisse nuée. Et Phoibos se tint derrière lui et le frappa de la main dans le dos, entre les larges épaules, et ses yeux furent troublés par le vertige. Et Phoibos Apollôn lui arracha de la tête son casque, qui roula sous les pieds des chevaux en retentissant, et dont l'aigrette fut souillée de sang et de poussière. Et il n'était point arrivé à ce casque d'être souillé de poussière quand il protégeait le beau front du divin Akhilleus ; mais Zeus voulait donner ce casque au Priamide Hektôr, afin qu'il le portât, car sa mort était proche.
Et la longue et lourde lance de Patroklos se brisa dans sa main, et le roi Apollôn, fils de Zeus, détacha sa cuirasse. Son esprit fut saisi de stupeur, et ses membres furent inertes, et il s'arrêta stupéfait.
Alors le Dardanien Panthoide Euphorbos, excellent cavalier, et habile, entre les meilleurs, à lancer la pique, et qui avait déjà précipité vingt guerriers de leurs chars, s'approcha du Ménoitiade par derrière et le blessa d'un coup de lance aiguë. Et ce fut le premier qui te blessa, dompteur de chevaux Patroklos ! Mais il ne t'abattit point, et, retirant sa lance, il recula aussitôt dans la foule, redoutant Patroklos désarmé. Et celui-ci, frappé par un dieu et par la lance d'un homme, recula aussi dans la foule de ses compagnons, pour éviter la mort.
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Et dès que Hektôr eut vu le magnanime Patroklos se retirer, blessé par l'airain aigu, il se jeta sur lui et le frappa dans le côté d'un coup de lance qui le traversa. Et le Ménoitiade tomba avec bruit, et la douleur saisit le peuple des Akhaiens. De même un lion dompte dans le combat un robuste sanglier, car ils combattaient ardemment sur le faîte des montagnes, pour un peu d'eau qu'ils voulaient boire tous deux ; mais le lion dompte avec violence le sanglier haletant. Ainsi le Priamide Hektôr arracha l'âme du brave fils de Ménoitios, et, plein d'orgueil, il l'insulta par ces paroles ailées :
– Patroklos, tu espérais sans doute renverser notre ville et emmener, captives sur tes nefs, nos femmes, dans ta chère terre natale ? Ô insensé ! c'est pour les protéger que les rapides chevaux de Hektôr l'ont mené au combat, car je l'emporte par ma lance sur tous les Troiens belliqueux, et j'éloigne leur dernier jour. Mais toi, les oiseaux carnassiers te mangeront. Ah ! malheureux ! le brave Akhilleus ne t'a point sauvé, lui qui, t'envoyant combattre, tandis qu'il restait, te disait sans doute : – Ne reviens point, dompteur de chevaux Patroklos, dans les nefs creuses, avant d'avoir arraché de sa poitrine la cuirasse sanglante du tueur d'hommes Hektôr. Il t'a parlé ainsi sans doute, et il t'a persuadé dans ta démence !
Et le cavalier Patroklos, respirant à peine, lui répondit : :
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